Résumé : Aux Bois radieux, une cité sensible du 93, vivent notamment les Butel, une famille de marginaux, ainsi que Violette Grignon, une retraitée que l'existence a rendue extrêmement méfiante.
La veille de Noël, Johnny Butel, âgé de 25 ans, dérobe les provisions d'un couple de seniors.
La semaine suivante, il récidive avec sa voisine Violette, qui, après avoir hésité, a emporté un revolver pour se rendre au centre commercial.
Les fêtes vont alors virer au cauchemar.
Un roman palpitant, un engrenage implacable. Mon avis : Tout d’abord, je tiens à remercier Joël des éditions Taurnada pour sa confiance et pour m’avoir fait découvrir en avant-première ce nouveau roman à la quatrième énigmatique et fort intrigante.
Nouvel auteur pour moi, ce dernier apparemment a déjà écrit une bonne vingtaine de romans ; ici nouvel opus, et je dois dire que je n’ai pas été déçue du voyage ^^
Bienvenue Au Bois Radieux, une cité sensible du 93 qui porte bien mal son nom. Ici, les bâtiments sont en bien mauvais état, les commerces et les services de proximité ont disparu. Seule une ligne de bus dessert un centre commercial où « ceux de la cité » vont faire leurs courses. C’est dans ces lieux que cohabitent toutes sortes de profils : des familles modestes, des marginaux, des retraités qui peinent à joindre les deux bouts, mais aussi des dealers et des délinquants.
Dans un des immeubles peu reluisants, vit la famille Butel. Une famille assez particulière, avec les parents qui ne travaillent pas, le fils de 25 ans qui a connu la prison alors qu’il était innocent, mais piégé par « le Baron » un dealer de drogue reconnu, ainsi qu’une fille ado et une fille ainée qui a pris son envol.
En dessous de chez eux, habite Violette, une retraitée de 67 ans, isolée, qui a bien du mal à s’intégrer compte tenu du quartier difficile, où chaque pas au dehors demeure un réel danger au vu des petits caïds qui font la loi. Ses relations sociales sont donc réduites à peu de choses ; elle discute néanmoins de temps à autre avec une voisine ainsi qu’avec Fernand son lien social le plus important. Tout comme elle, ce dernier est retraité et passe son existence en solitaire. Le moment des fêtes est pour eux d’ailleurs un moment privilégié puisqu’ils boivent l’apéritif ensemble. Or, cette année les choses seront différentes : Fernand doit s’absenter pour passer cette fin d’année chez ses enfants qui, contre toute attente, souhaitent l’accueillir.
Désireuse de marquer tout de même le coup, notre charmante vieille dame décide donc en ce 31 décembre, d'aller dépenser un peu de ses maigres ressources durement économisées afin de se payer un bon repas. Méfiante, elle amène avec elle le révolver confié par son fidèle ami Fernand, juste au cas où, comme on dit.
Ses achats effectués, la sortie du magasin dépassée, Violette ne prend pas garde à Johnny, qui, profitant d’un moment d’inattention, lui dérobe son Caddie, tout comme il avait fait de même avec les provisions d'un couple de seniors le 24 décembre. Mais c’est mal connaitre notre retraitée qui, ne voulant pas se laisser déplumer sans réagir, n’hésite pas à lui tirer dessus en plein centre commercial. Sauf qu’au départ, l’arme était pour se protéger, pas du tout pour tuer. Par chance, aucun témoin, des caméras en panne, et le bus déjà là pour rentrer chez elle.
Après cet acte malencontreux engendré par la peur, par un ras-le-bol de devoir sans cesse courber l'échine devant des jeunes agressifs, violents, hargneux, c’est l’escalade, une véritable descente aux enfers où chaque action entraînera une réaction en chaîne incontrôlable… Violette pourra-t-elle arrêter l’engrenage infernal ? Pourra-t-elle assumer les conséquences du désastre qu’elle a elle-même provoquée ?
Et si jamais quelqu’un l’avait vue ? Si jamais quelqu’un la dénonçait ?
Et si son secret tombait entre de mauvaises mains ? Avec ses yeux et ses oreilles de partout, ces trafics en tout genre, ou le chantage est légion. Ce ne serait pas impossible…
Par le truchement de protagonistes passionnants et bien campés, nous allons être happés, enferrés, engloutis au cœur de cette satire sociale haute en couleurs. Entre vies à jamais brisées où aucun retour en arrière ne sera possible, entre règlements de compte, investigations policières et enquêtes de la sœur de la victime, nous allons assister, atterrés et impuissants, à l’embrasement total de la cité, à la dérive dramatique de ces personnages piégés par leurs propres choix.
Peut-on réellement échapper à son destin quand tout semble jouer contre soi ?
Jusqu'où la peur, la colère et la haine peuvent-elles conduire les individus ?
Ballotés par les rebondissements, chahutés par différents ressentis, les pages vont alors se tourner toutes seules ; il nous faudra savoir, connaître le fin mot de cette histoire caustique et remplie d’humour écrite à la manière d’une série télévisée.
Alors, que va-t-il advenir de Violette et de toutes les figures de ce quartier ?
C’est ce que l’auteur, grâce à une écriture tantôt fluide et percutante, tantôt acérée et entraînante, souhaite vous conter avec ce sujet des plus sensibles. Ce roman sombre, très noir, et ultra réaliste dévoile sans fard ni concession aucune l’univers morose et désespéré des cités ou la pauvreté, l'injustice sociale et les rapports de force prévalent ; où les trafics gangrènent peu à peu les territoires abandonnés, où même les forces de l'ordre semblent impuissantes face à la situation explosive, et où les habitants finissent isolés et délaissés des services publics.
Et même si l’on se persuade que cet ouvrage n’est qu’une fiction, qu’il s’agit seulement d’un coup de projecteur temporaire sur certains territoires en souffrance et oubliés, il n’en est rien ! Au contraire, il a le mérite de questionner, de tirer la sonnette d'alarme sur des dangers souterrains en tout genre, mettant en exergue un démantèlement, un pourrissement et un point sans retour qui pourrait survenir à tout moment si nous n’y prenons pas garde.
Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé ce thriller atypique, qui pour une première découverte, a réussi à me captiver. J’aurais juste aimé encore plus de rythme, plus de tension ; une enquête policière au sein du récit plus présente et approfondie ; et peut-être moins de clichés ? même si cette plongée fut addictive et divertissante. J’irai donc faire un tour dans les précédents romans de l’auteur afin d’approfondir son univers
En conclusion, si vous aimez les chroniques sociales d’une société devenue malade et marginale, les intrigues policières plutôt reléguées au second plan pour laisser la part belle à l’humain, où l’humour noir et la satire transpire au travers des pages… Foncez, ce roman est fait pour vous ! Vous passerez un excellent moment de lecture
Ma note :
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