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Cosmovers de Julien Paschetta
« le: jeu. 14/01/2021 à 17:04 »
Cosmovers de Julien Paschetta et Sébastien Dennaud
Le soulèvement de l'ombre.

Prologue

Voie Lactée, année 804.12 du Calendrier Galactique Républicain (l’an 2208 selon l’ancien calendrier grégorien).

Un vent glacial, accompagné d'une odeur de feu et de sang, traversa la planète Orxana qui abritait le centre pénitentiaire de réhabilitation numéro un de la République Galactique Unifiée.
L'immense complexe, étendu sur une bonne partie de la planète et destiné à réinsérer les détenus dans la société, était le théâtre d'une évasion massive. Les pensionnaires s'étaient violemment révoltés contre les surveillants et avaient créé un chaos général dans toute la prison. Les hurlements de douleur, les cris, les multiples explosions et les batailles menées dans le complexe plongeaient les lieux dans une atmosphère apocalyptique. De nombreux incendies ravageaient les points vitaux du centre et les dégâts considérables transformaient progressivement le pénitencier en un véritable champ de ruines. La sirène d'alerte résonnait sans discontinuer et s'ajoutait au chaos ambiant.
La bataille, longue et acharnée, laissait les combattants épuisés. Elle tourna à l'avantage des forçats soutenus par leur jeune leader qui les avait aidés à préparer leur plan. Les surveillants du centre furent éliminés sans pitié, fusillés, décapités, pendus. Le sang maculait les murs, le sol. Tous les détenus souhaitaient marquer leur haine du système républicain au fer rouge.
Cependant, le dernier membre du personnel pénitentiaire continuait de résister avec acharnement et livrait un combat épique contre ses adversaires.
Debout sur un tas de cadavres, un fusil-plasma dans chaque main, le directeur du centre, Raz'en Yu, se battait vaillamment contre huit forçats, mais ces derniers eurent rapidement raison de lui et le constituèrent prisonnier.
— Lâchez-moi ! Ordures ! hurla-t-il avec rage en se débattant de l'étreinte de deux taulards. Sinon, je…
— Tu vas faire quoi ? l'interrompit une voix glaciale.
Un grand silence s’abattit brusquement.
Plus personne ne bougea.
Fendant la foule de détenus qui s’écartait respectueusement sur son passage, le chef des prisonniers s'avança vers le directeur captif.
C'était un jeune garçon âgé de douze ans, blond, les yeux bleus, et vêtu de blanc. Son regard, loin de paraître juvénile, exprimait une grande maturité pour son âge. Une étrange obscurité luisait dans ses yeux.
Le directeur reconnut instantanément l'adolescent et blêmit tellement le choc était rude.
— Toi ? Je ne peux pas le croire… C'est impossible ! Comment… Comment as-tu pu faire ça ?
— Entends-tu le carillon de l'Histoire et de la Mort résonner pour toi dans l'infini ? demanda le garçon au directeur d'un air rêveur en regardant le ciel étoilé, visible à présent à cause des dégâts occasionnés.
— Va te faire voir ! Crois-moi, l'I.G.S.D va te…
Un détenu lui donna un violent coup de poing dans le ventre, l'empêchant de finir. Raz'en toussa fortement et reprit progressivement son souffle. À l'instar de la sueur qui coulait sur son front, il sentait son cœur tambouriner férocement contre sa poitrine. La peur le tenaillait et la tristesse serra son cœur lorsqu'il pensa aux êtres chers qu'il aimait tant.
Sa femme.
Ses deux filles.
Il ne voulait pas mourir.
Pas ici.
Pas maintenant !
Les deux forçats resserrèrent leur étreinte sur Raz'en qui jeta un regard de dégoût, mêlé à de l’incompréhension, à l'adolescent. Sans rien dire, le jeune garçon tendit le bras et le prisonnier qui venait de frapper le directeur lui donna aussitôt une arme. Il s'avança vers son otage tout en s'amusant avec son arme et savourait ce moment.
Raz'en, haletant, regarda à nouveau le jeune garçon.
Comment a-t-il pu devenir ainsi ? Dites-moi que je rêve !
Il refusait de croire une telle chose possible.
Il s'agissait forcément d'une mascarade.
Ou bien d'un cauchemar.
Malheureusement, le directeur du centre devait admettre que la folie meurtrière pouvait frapper n'importe qui, à tout âge, en tout lieu et à n’importe quelle époque.
Que l’Universel ait pitié de lui.
— Je n'arrive pas à croire que tu aies pu changer à ce point ! Tu n'es plus celui que j'ai connu ! s’exclama-t-il.
— Le corps change, l'esprit aussi, lui répondit froidement l’enfant.
— Pourquoi… Pourquoi fais-tu ça ?
— Pour une seule raison, répondit-il en le regardant impitoyablement et en s'avançant vers lui. En finir pour de bon.
Une détonation mit fin à la conversation.
Le tir de plasma brûlant venait de traverser la tête du directeur qui s’effondra instantanément, mort.
La majorité des prisonniers autour de lui regardaient le cadavre d’un œil goguenard, satisfait de la détermination de leur chef. D’autres, moins nombreux, jugèrent au fond d’eux qu’il venait d’aller trop loin, mais se gardèrent bien de le dire ou même de le montrer par peur.
L’enfant regardait le corps. Lui et ses subordonnés venaient de franchir le point de non-retour.
Il entendit un des prisonniers arriver derrière lui et se retourna.
— Ça y est, Monsieur. Nous avons pris le contrôle du complexe, lui annonça-t-il la voix vibrante. Nous devrions partir rapidement. Ils risquent d’envoyer des G-Soldats s’ils s’aperçoivent que les communications restent coupées trop longtemps.
— Ne t'inquiète pas, rassura l’enfant en le fixant droit dans les yeux de son regard si pénétrant. Le temps qu’ils arrivent ici, nous serons déjà loin.
Il prit un peu de hauteur en montant sur le tas de cadavres sur lequel combattait Raz’en quelques minutes plus tôt.
— Mesdames, Messieurs, vous connaissez les objectifs que je vous ai attribués, dit-il devant tous. Si vous réussissez, la R.G.U tombera et le Kreenghal régnera en maître. Gloire à lui !
— Gloire ! Gloire ! reprirent tous les prisonniers désormais libres.
Ils portèrent le garçon en triomphe.
La République sera bientôt morte.

Chapitre 1
L’Équipe 1 d’Adama G.C

Adama Galactic Center, capitale de la République Galactique Unifiée…

Froid et aimable.
Distant et sympathique.
Sévère et rigolard.
Réfléchi et casse-cou.
Généralement, ces traits de caractère opposés ne se retrouvaient pas ensemble chez une seule et même personne mais l'individu en question possédait une personnalité complexe issue de la vie particulière qu'il menait, en dépit des multiples zones d'ombre de son passé. À cela s’ajoutait le léger dérèglement physiologique dont il souffrait et qui provoquait chez lui des périodes de forme en dents de scie.
Il était allongé sur le toit d'un petit immeuble, légèrement couvert de neige à l’instar des bandes piétonnes, sa silhouette de lion anthropomorphe non visible d’en bas. La vue dégagée donnait sur un magasin d'U-Technologies en train de se faire cambrioler.
Il épiait les braqueurs à l'œuvre avec ses jumelles holographiques.
Des amateurs.
Il le constatait juste en observant leur façon de se comporter.
Il sourit à pleines dents sous ses jumelles.
Les pauvres ! Ils vont avoir la peur de leur vie !
Il était d'une humeur joyeuse aujourd'hui, du moins pour le moment.
Il lui arrivait parfois de changer d’humeur en quelques instants, alternant des périodes calmes et d’autres plus déprimantes. Pour lutter contre cette inconstance, il s’était forgé un caractère plus strict, plus contrôlé. Cet aspect de sa personnalité l’embêtait. Il aurait voulu être plus décontracté vis-à-vis d’autrui. Avant, il n’était pas comme ça, mais ses responsabilités et des événements passés l’avaient endurci. De plus, savoir se contrôler était plus qu’essentiel dans la vie qu'il menait en tant que Général et chef d'équipe. Il devait veiller sur sa vie et plus encore sur celle de ses agents. La moindre erreur, le moindre relâchement en mission pouvait être fatal. Il ne le savait que trop bien.
Le Général jeta un rapide coup d'œil à sa gauche et sur le reste du panorama.
Tout était prêt.
Ses qualités reconnues comme son intelligence développée, sa ténacité, son courage, son sens profond de la stratégie et du commandement, allaient encore une fois être sollicitées. Il possédait en outre un sens aigu de la mise en scène, quasiment théâtral, qu’il aimait employer pour déstabiliser ou tromper ses adversaires.
Il effectua un décompte dans sa tête.
L'alarme retentit.
Le son s'amplifiait sur les immeubles en chrome du centre-ville.
Les bandits, lourdement armés, quittèrent précipitamment le magasin d'U-Technologies avec leur butin.
— Vite ! On se casse ! s'écria Kilaad, leur chef, tandis qu'il se dirigeait vers leur vaisseau avec ses acolytes.
Le vaisseau explosa brutalement, touché par un I.G missile. Les débris métalliques brûlants retombèrent autour d'eux.
— Halte ! Arrêtez-vous ! ordonnèrent cinq agents I.G.S.D surgissant de leurs champs d’invisibilité, arme au poing.
Trois des bandits levèrent les bras et se rendirent, mais Kilaad et un de ses complices s'enfuirent par une petite ruelle en tirant sur les agents qui se protégeaient des coups ennemis.
— Rattrapons-les ! s'exclama Noémie Silva, une jeune humaine brune aux yeux bleus originaire de la planète Séor.
Le coéquipier qui se tenait à sa droite tendit le bras en avant pour la stopper.
Il s'appelait Hurok Gérp.
À mi-chemin entre le loup et le coyote anthropomorphe, il mesurait près d'un mètre quatre-vingt-dix et possédait une peau recouverte de poils marron. Originaire de la planète Géor, située au Dum-Sen de Sagittaire A, il était le membre le plus ancien de l'équipe avant même l'arrivée du Général . Avec un peu plus d'une cinquantaine d'années au compteur, il était aussi le plus âgé. Son expérience, sa force tranquille et son sérieux apportaient beaucoup à l'équipe.
Hurok s’arrêta et sourit.
Il savait que le Général avait tout prévu et devinait bien la surprise que ce dernier préparait aux deux voyous en train de fuir.
— Pas la peine, dit-il à Noémie. Il les a pris en chasse.
Les deux bandits couraient dans la ruelle jusqu'à perdre haleine. L'adrénaline et l'essoufflement, dus à leur course frénétique et au stress, faisaient battre leur cœur à tout rompre.
— Chef, c'est l’Équipe 1 ! Ça y est, on est foutu ! s'écria le bras droit affolé et essoufflé.
— Ah ouais ? Tu crois ? Moi, ils ne m'auront pas comme ça ! assura Kilaad d'un air résolu.
— Mais, chef, vous savez bien qui dirige cette équipe ! Il va arriver ! paniqua l'associé. Il va…
L'acolyte hurla et tomba par terre, inconscient, atteint par un rayon plasma paralysant surgi de nulle part.
— Zolt ! s'exclama Kilaad en tentant vainement de le réveiller.
Il voulut reprendre sa course, mais l'épuisement avait finalement eu raison de lui.
Il n'y a qu'une seule issue !
Il sortit son arme, les yeux aux aguets et sa concentration poussée au maximum malgré la fatigue.
Ce sera lui ou moi !
— Amène-toi ! Je sais que t'es là ! Viens te battre ! hurla-t-il, sa main armée tremblante de peur.
Cinq secondes de silence où le cœur du malfrat allait tambour battant et où ses sens demeuraient à l'affût du moindre danger.
— D'accord, fit une voix menaçante.
Puis Kilaad vit une silhouette noire lui foncer dessus. Un masque d'effroi se dessina sur le visage du braqueur. Pris de panique, il ferma les yeux et tira aveuglément, mais la terrible créature ne s’arrêta pas et le balança violemment contre le mur. Le malfrat, n'ayant plus rien à perdre, se ressaisit et voulut brandir à nouveau son arme, mais un coup de poing d'une main mécanique le mit au bord du KO.
Allongé par terre, pétrifié et stupéfait à la fois, Kilaad utilisa le peu de force qui lui restait pour lever les yeux vers la mystérieuse créature qui venait de l'assommer avant de s'évanouir. Il vit un lion anthropomorphe mesurant un mètre quatre-vingt, vêtu de l'uniforme des agents I.G.S.D, crinière au vent, poings serrés, sourcils froncés et sourire aux lèvres.
Le malfrat avait en face de lui le meilleur enquêteur de la Galaxie.
Le Général Léo Hawkins.

***
Plus tard…

Créée en même temps que la République Galactique Unifiée (R.G.U) l'Inter Galactic Security and Defense (I.G.S.D) était une institution importante qui assurait notamment les fonctions de police, de services secrets et de commandement militaire. Son champ d'action se limitait aux planètes républicaines, sauf pour le célèbre Général Hawkins qui ne faisait pas toujours grand cas de cette règle en cas de nécessité.
Constitué de fibres de nanotissus confortables, ultrarésistantes et thermorégulantes, l’uniforme officiel des agents se caractérisait par une tenue noire moulante avec une bande dorée sur le côté gauche, une veste noire par-dessus avec au centre l'insigne bleu foncé, une ceinture de gadgets de même couleur, des chaussures ou des bottes noires. Chaque grade se distinguait par une couleur spécifique, présente sur le tour du col de la veste, sur les extrémités des manches et au niveau des genoux. Dans ces zones-là, l'uniforme de Léo Hawkins arborait une couleur jaune clair représentant son grade de Général. Le col en question détenait un dispositif capable de dévier les tirs visant la tête, seule partie du corps non couverte. Chaque agent possédait un plaser, une I.G sword (une puissante épée télescopique), et un plaser de plus petit calibre caché dans leurs vêtements.
Quant aux locaux des agences à travers la R.G.U, ils défiaient l’imagination, mais ceux de l’agence d’Adama G.C dégageaient une aura particulière. Il s’agissait d’un gigantesque complexe composé d’un immeuble central et d'une ceinture de bâtiments, aux couleurs sombres. L'immeuble principal, dont l'architecture élancée déchirait le ciel, se dressait majestueusement devant le reste du complexe.
Une grande cour pavée offrait différents chemins d'accès entre chaque édifice. Au-dessus de cette cour flottait un hologramme représentant le blason de l'I.G.S.D. Ce blason bleu foncé avait la forme d'un triangle pointé vers le bas. Les angles et les côtés de ce triangle étaient stylisés de façon à suggérer une pointe de flèche. Au centre de cette figure figuraient en noir les lettres I, G, S, D.
Léo et ses coéquipiers traversèrent la cour ornée de plantes, de fleurs aux parfums délicats, de sculptures et de fontaines. Le Général en profita pour saluer rapidement des agents qu'ils connaissaient en tendant sa main droite entièrement mécanisée, à l’instar de son avant-bras du même côté. Ils rentrèrent dans l’immeuble, dont l'extérieur était tapissé de chrome et de trans'r noir, un matériau semblable au verre, très résistant et insalissable.
Ils avancèrent dans le splendide décor intérieur de l'agence avec son sol noir parfaitement brillant, le blason de l'I.G.S.D fièrement exposé par terre et au-dessus de leur tête. Ils passèrent devant les bureaux d'accueil et de renseignements, remarquant le personnel administratif plongé dans son travail et les conversations holophoniques professionnelles. Au-dessus des agents I.G.S.D se trouvaient les vingt-cinq vastes étages, fourmillant d'agents et d'activités multiples, et six niveaux souterrains ayant chacun leurs fonctions spécifiques.
L’ascenseur les conduisit jusqu'au 21e étage occupé par leur Section, dédiée aux Enquêtes Générales.
Ils marchèrent en direction de leurs bureaux.
— Belle prise aujourd'hui Léo !
Flurya Salinster marchait aux côtés du Général Léo Hawkins et regardait son patron avec ses intenses yeux vert émeraude. Âgée de trente ans, Flurya était originaire de Floraelf, planète républicaine située au Dum de Sagittaire A, à distance raisonnable du Noyau Galactique. Comme tous les humanoïdes natifs de cette planète, elle avait la peau verte et disposait de pouvoirs végétaux ainsi qu'un caractère très affirmé.
— C'est clair ! Cette capture restera dans les annales, affirma Oarus Hêt, un humanoïde à la peau orange et aux longues oreilles, originaire d'Erenjia, et âgé de vingt et un ans. Hein, patron ?
— Peuh, ça ne rentre même pas dans mon TOP 100 ! commenta Léo avec une légère moue de dépit. Hurok, Flurya et moi, on a connu des trucs beaucoup plus palpitants !
— Effectivement, reconnut Flurya en repensant à quasiment toutes les enquêtes qu'ils avaient pu mener ensemble.
— Ouais, parle pour toi Oarus. Tu étais en train de dormir sagement dans ta cachette pendant qu’on travaillait, lança Noémie d'un air taquin à son coéquipier.
— Faux ! rétorqua l'intéressé. Je les surveillais moi aussi ces types, et de très près. Alors, fais attention à ce que tu dis, parce que le coup de plaser, il va partir ! répliqua-t-il avec un air faussement menaçant.
Le plaser était l’arme de base des agents I.G.S.D. Très perfectionné, il pouvait lancer des rayons plasma ou paralysants, des grappins, des mini-explosifs et divers projectiles suivant les besoins.
— Vas-y, essaye… Vraiment, j’insiste.
— Attention, Oarus, tiens-toi prêt. Je pense qu'elle va dégainer avant toi, l'avertit Hurok d'un ton ironique.
Le Général Hawkins appréciait particulièrement ce genre de scène entre ces coéquipiers. Cela en disait long sur l'ambiance du groupe qui contrastait agréablement avec le professionnalisme dont chacun pouvait faire preuve sur le terrain. C'était ce genre d'atmosphère qu'il aimait dans une équipe, tantôt sérieuse quand il le fallait, tantôt légère pour ne pas céder à la pression des affaires délicates qu’il lui arrivait de traiter avec ses collègues. De plus, il savait que les enquêtes et missions menées ensemble avaient permis de souder son groupe, comme la capture des Élusives, un réseau criminel ayant longtemps échappé à l’I.G.S.D, l’affaire Liquide Secret, ou plus récemment la restitution du sceptre royal au roi de la planète Séok. D’une manière générale, en plus d’être des citoyens d’un système quasi-idéal, les agents I.G.S.D détenaient un très fort sens d’appartenance à l’institution, un esprit de corps inébranlable. Fier de son équipe actuelle, Léo appréciait chacun des membres, autant pour leur professionnalisme que pour leur caractère respectif. Cependant, il trouvait qu'elle n'était pas encore à la hauteur de la précédente.
— Vous croyez que nos deux braqueurs vont accepter de coopérer ? demanda Réchele Sul, une jeune humanoïde aux cheveux châtains, originaire de Rélf et âgée de vingt et un ans.
— Ça vaudrait mieux pour eux, répondit le Général.
— Oh, tu sauras les convaincre, assura Hurok à l’attention d’Hawkins. Mais, tu auras peut-être besoin d’un coup de main, non ?
— Non, ça ira. Mais c'est gentil de proposer, fit Hawkins en adressant un clin d’œil à son collègue.
Hurok sourit.
Les deux s’étaient croisés pour la première fois en septembre 2207 au cours d’une mémorable mission commune. Hurok le trouva très brillant mais parfois bien cinglé, tandis que Léo trouva le Géorien courageux mais râleur. Hurok était alors le numéro 2 de l’Équipe 1 d’Adama G.C mais en occupait la tête par intérim. Le précédent chef, l’adamien Gul Asral, avait décidé de prendre sa retraite presque deux ans avant la date prévue. Naturellement, Hurok avait été sollicité pour le remplacer mais, pour diverses raisons, il ne le souhaitait pas. Les responsables de l’époque, dont le directeur de l’agence et le Ministre de l’Intérieur, eurent alors l’idée de promouvoir ce jeune agent qui s’était brillamment illustré au cours de la Guerre Kazénienne ainsi que sur Terre II et qui semblait promis à un grand avenir, mais Léo était encore jeune et travaillait le plus souvent seul, aux côtés de Q1-D.
Jusqu’en janvier 2207, les deux agents ne se virent que peu de fois car Léo vivait de nombreuses aventures de son côté. Hurok trouvait à l’époque qu’il prenait les choses trop à la légère et songea même un temps à partir pour une autre équipe, lui qui pourtant adorait vivre sur Adama. Mais lorsque Hawkins fut nommé chef, celui-ci se métamorphosa et assura brillamment la tenue de ce poste. Le Géorien fut surpris et comprit qu’il l’avait mal jugé. En vérité, Hurok avait déjà perdu un chef d’équipe par le passé et s’était juré de ne plus jamais revivre ça. Léo ne l’ayant jamais su et ne le sachant toujours pas, le Géorien veillait sur lui lorsqu’ils partaient en mission. Ils développèrent une belle amitié, fondée sur un respect mutuel, malgré leur différence d’âge.
Les agents I.G.S.D arrivèrent près de leurs bureaux dotés d'un ou plusieurs écrans holographiques tactiles et d'un clavier aux icônes lumineuses.
— Flurya, tu iras interroger ces deux braqueurs pour voir ce qu'on peut en tirer, ordonna Léo en regardant la Floratienne. Prends Réchele avec toi. Ça lui sera utile pour exercer ses pouvoirs psychiques et acquérir plus de fermeté si un jour ceux-ci ne suffisent pas.
— D’accord. Tu te sens prête ? demanda Flurya à Réchele.
— Bien sûr que oui !
— L’enthousiasme des débutants. J’adore ça ! commenta la Floratienne motivée.
Réchele s’en sentait effectivement capable et la Floratienne, qui l’appréciait beaucoup, lui faisait entièrement confiance.
Comme les Rélfiens de son espèce, Réchele détenait quelques pouvoirs psychiques de moyenne envergure, qu’il était toujours possible d’affiner avec le temps et une pratique soutenue. Une fois, au cours d'une enquête, la jeune femme avait dû livrer une bataille psychique face à un adversaire plus puissant qu'elle et fut battue. Grâce à une drogue qu'elle prit pendant un temps et qui lui permit d'augmenter ses pouvoirs, elle put le vaincre mais Léo lui déconseilla fortement de consommer à nouveau cette substance. Elle put s’en détacher et s’efforçait depuis d’exercer naturellement ses dons dans le cadre des enquêtes qu’elle menait avec le reste de l’équipe, ou de les développer durant son temps libre.
— Je me rappelle mes débuts..., se souvint Hurok, soudainement nostalgique alors qu’il était la plupart du temps pudique sur ses sentiments, à l’exception de sa tendance à bougonner qui se manifestait quand quelque chose l’agaçait vraiment.
— On dirait que l’Ancien sait de quoi il parle, taquina Noémie à l’adresse du Géorien.
— « L’Ancien » comme tu dis, avec toutes ses années de service, te verrait bien comme cible pour un exercice de tir, répliqua gentiment Hurok.
— Je tirerai en premier, se proposa Flurya qui se joignit à la boutade.
Même s’il ne s’agissait que d’une plaisanterie, le soutien de la Floratienne vis-à-vis du Géorien n’était pas anodin. Elle aimait et respectait beaucoup Hurok pour son âge et sa carrière, tandis que ce dernier tenait en estime son caractère et son talent.
— Tant pis. Je pourrais toujours revenir te hanter et provoquer un incendie dans une forêt floratienne, lança Noémie qui ne se laissait pas faire.
— J’espère quand même que tu arriveras à t’y repérer, répliqua Flurya qui savait pertinemment que la grande majorité des forêts de son monde étaient particulièrement étendues et denses.
La Floratienne s'était renfrognée quelque peu à cette réflexion. Extrêmement sensible à la nature comme tous les siens, elle ne prisait guère les plaisanteries à ce sujet. Toutes les deux s’étaient déjà disputées quelques fois, mais au fond, le courant passait bien entre elles. Flurya voulut prendre Noémie par surprise avec ses facultés floratiennes, comme elle aimait parfois le faire à Oarus pour le taquiner, mais elle se ravisa sachant qu’il n’y avait rien de méchant de sa part.
— Il ne faut jamais provoquer un ou une Floratienne sur les questions environnementales, rappela Hurok.
— Tu es au fond incapable de faire du mal à une mouche, intervint Réchele ironique en regardant Noémie, et encore moins aux arbres !
— Tu as oublié mes talents au tir et au combat, chère collègue, rappela la jeune femme originaire de Séor.
— En ce qui concerne le tir, mes fesses s’en souviennent encore, ajouta Oarus qui se remémorait un exercice à l’École de Formation I.G.S.D au cours duquel Noémie lui avait tiré dans le derrière avec un plaser réglé à basse puissance.
— C’était un accident, précisa Noémie relativement gênée.
— Un accident très volontaire, ironisa Réchele complice.
— Vous aviez l’air sympa tous les deux, donc j’ai voulu m’amuser un peu, avoua-t-elle.
— Le voir courir avec son arrière-train en feu était plutôt amusant en effet, se remémora la native de Rélf en souriant.
— J’aurais bien voulu voir ça, commenta Hurok.
— Tu n’es pas le seul, ajouta Flurya.
— N’empêche que c’est comme ça qu’on s’est connu tous les trois en fin de compte, conclut Noémie en désignant l’Erenjien et Réchele.
— Et avec panache apparemment, ajouta la Géorien.
— Oarus, dis-moi que tu ne t’es pas laissé faire, espéra la Floratienne.
— Rassure-toi, un jour, je l’ai paralysée avec mon plaser pendant deux heures, raconta l’intéressé. Officiellement, j’ai fait une mauvaise manipulation. Officieusement, j’ai pris ma revanche… Mais, je me suis fait tirer les oreilles par les instructeurs.
— Je comprends mieux d’où vient leur grandeur, taquina-t-elle.
— C’est peut-être pour ça que tu aimes bien me les chatouiller incognito avec tes lianes, en me faisant croire ensuite que c’est juste un courant d’air, comprit l’Erenjien.
— Bien vu, admit-elle en riant.
Les relations qu’Oarus, Réchele et Noémie entretenaient avec Flurya et Hurok étaient très amicales depuis qu’ils formaient tous ensemble l’Équipe 1 d’Adama. Flurya eut cependant plus de mal avec Noémie au départ, se disputant assez souvent avec elle car toutes les deux avaient un fort caractère et ne se laissaient pas faire. La Floratienne reconnaissait tout de même que la native de Séor était plus mature que ses deux jeunes collègues. Sur le plan professionnel, elle pensait qu’ils étaient encore un peu tendres, mais qu’ils allaient vite progresser sur le terrain. Hurok, quant à lui, estimait qu’Oarus et Réchele n’étaient pas encore prêts, mais il les aidait du mieux qu’il pouvait.
— Calmez-vous les enfants, fit Hawkins.
— Vous avez entendu ? signala Oarus aux autres. Le chef a parlé.
— C’est valable pour vous aussi, Oarus.
— Au temps pour moi.
— Ce n’est pas tout, mais nous avons du travail, rappela le Général en prenant un air sérieux. Hurok, fais-moi un topo sur les pertes et vols suspects chez U-Technologies ces derniers temps. Peut-être qu’un réseau de braqueurs se cache derrière ce cambriolage isolé.
— Ne jamais se fier aux apparences, n’est-ce pas ? fit le Géorien.
— Exactement. Ensuite, Noémie, faites un rapport de notre capture au directeur.
— Bien patron. C’est Monsieur d’Yvno qui va être content !
— J’espère bien… Oarus ?
— Oui, boss ?
— Un gobelet de kaac, s'il vous plaît.
— Euh, oui, tout de suite.
Le kaac était une boisson très légèrement alcoolisée mélangée avec du café.
Oarus partit en direction de la machine à boissons, voyant là une bonne occasion au passage de traîner un peu dans les couloirs de l'agence et de faire une pause.
Léo se dirigea vers son bureau, suivi de ses coéquipiers qui restèrent discuter près de lui avant de se remettre au travail.
Il s'assit et se perdit dans ses pensées. Les mots prononcés par ses collègues en pleine conversation lui parvenaient comme de faibles sonorités.
Quatre ans déjà… Comme le temps passe vite.
Quatre années s’étaient écoulées depuis son réveil ici.
Léo fut plongé dans un état de cryoconservation en 2004 (l'an 600 C.G.R) sur Terre dans des circonstances dont il ne parvenait pas à se souvenir, via un procédé inconnu des terriens de cette époque. De plus, il ne lui restait que quelques bribes de mémoire sur la vie qu'il avait pu mener à cette époque.
Deux cents ans plus tard, des alpinistes l’avaient retrouvé dans une crevasse difficilement accessible de la chaîne des Appalaches. Sa prison de glace fut ensuite extraite et transportée jusqu’à Mégalopolis, l'une des plus grandes villes de Terre II qui s'étendait de Boston à Washington D.C.

Chapitre 2
Le réveil et le nouveau venu

Le 24 Taeld 800 C.G.R (24 mars 2204).

Léo se réveilla.
Les yeux encore fermés, il entendait des voix parler dans une langue inconnue.
Il ouvrit lentement les yeux et découvrit ce qui lui sembla être une chambre d’hôpital baignée d’une douce lumière. Il se sentait déphasé, mais ne souffrait pas. Il vit trois personnes paraissant être des médecins, ce qui le rassura un peu, mais un rapide examen des lieux le troubla. Les appareils médicaux semblaient très perfectionnés, beaucoup trop, et les tenues des personnes, étranges. Il essaya de se redresser, mais s'aperçut avec horreur de l'absence de sa main droite et eut un mouvement de recul.
Les médecins lui souriaient et lui disaient, avec des gestes, de ne pas s’inquiéter. Cependant, le fait de se trouver dans un lieu inconnu, sans souvenirs, et une main en moins, lui semblait pourtant bien être des motifs valables d'inquiétude. Un des médecins s'avança vers lui avec un petit appareil dans la main et indiquait par des gestes qu'il souhaitait le lui insérer dans l'oreille. Il ne sut que plus tard qu'il agissait d'un traducteur universel. D'étranges réflexes remontèrent subitement. Il balaya l’équipe médicale en un instant, sortit de sa chambre en trombe et courut à travers un long couloir. Complètement désorienté, n’obéissant qu’à son instinct pour sortir de cet endroit au plus vite, malgré la beauté et le calme des lieux, il poursuivit.
Brusquement, il s’arrêta net, le souffle coupé.
À travers une grande baie vitrée se dressait Mégalopolis. La vue panoramique des vaisseaux circulant incessamment dans l’air, à travers les immeubles en chrome de la ville, le cloua sur place. Stupéfait, il contempla la scène et plus rien d'autre ne compta.
Les médecins le rejoignirent et se tenaient à distance derrière lui, surpris de le voir encore debout malgré le choc de cette découverte, et encore plus heureux. Après quelques instants, Léo se retourna vers eux, souriant comme une personne qui se trouvait à mi-chemin entre l’extase totale et la peur que tout ceci ne soit pas réel. Des frissons de joie parcouraient son corps.
— C’est le futur ?
Les médecins hochèrent la tête pour approuver. Il se retourna et regarda à nouveau un moment, puis se laissa raccompagner jusqu'à sa chambre. Ils commencèrent alors à lui expliquer. Il se trouvait bien sur Terre et deux cents ans s'étaient écoulés depuis sa mystérieuse cryogénisation. La planète faisait à présent partie d'un système politique appelé « République Galactique Unifiée », et quasiment tout avait changé, en bien mieux.
Les médecins lui révélèrent ensuite que les blessures se trouvant sur sa tête étaient à l'origine de son amnésie. Ils les avaient soignées, mais ignoraient si cela suffirait. Son cerveau paraissait également atteint d'une façon qu'ils n'avaient encore jamais vue. Ils ne pouvaient expliquer comment quelqu'un comme lui s'était retrouvé sur Terre en 2004. Pourtant, les quelques souvenirs qu'il lui restait lui certifiaient qu'il avait autrefois bien vécu sur ce monde. Il se souvenait notamment de New York, de Prague et de pays d'Asie. Les réflexes dont il avait fait preuve le conduisirent à penser qu’il fut une sorte de combattant. Étrangement, sa mémoire sémantique n’était pas atteinte. Il se rappelait les connaissances acquises au cours de sa vie, sur l'histoire de la Terre, sa géographie, certaines œuvres littéraires, des films, etc., mais il ne se rappelait pas dans quelles circonstances il les avait acquises. Il essaya de se souvenir au début, avec l’aide des médecins, mais rien ne lui revint et il décida de passer outre. L'époque dans laquelle il venait de débarquer était si formidable qu'il voulut l'embrasser entièrement, sans être lesté d'un passé potentiellement chargé et peu reluisant. C'était une nouvelle opportunité fantastique, une nouvelle vie.
Dès les premiers jours, il se montra d'une curiosité insatiable, apprenant le plus possible sur l'histoire de la Terre après 2004, la R.G.U, les autres systèmes, les cultures, etc. Les médecins furent soulagés de le voir réagir ainsi. Pour sa main droite, ils lui proposèrent de la chirurgie régénératrice, mais il préféra opter pour une prothèse mécanique, à leur grand étonnement.
Peu de temps après, Léo entra à l'I.G.S.D, section Services Secrets au début, et y gravit les échelons grâce à ses succès au cours de nombreuses enquêtes et plusieurs missions qu'il avait brillamment conduites. Parmi ses exploits les plus fameux, il y eut la résolution de l’affaire du Tueur aux signes en 2204, la lutte contre l'Expenseur la même année, la destruction du Colonel droïde Gark en 2207 et, plus récemment, l’affaire Liquide Secret en 2208. Reconnu par un grand nombre de ses pairs, il jouissait d'une grande notoriété au sein de l’I.G.S.D, mais aussi auprès d’un nombre croissant d’habitants de la R.G.U et d'ailleurs, non seulement pour ses exploits et ses voyages dans la Galaxie, mais aussi pour son lien particulier avec les Orionis.
Aux yeux des ennemis de la République et de l’I.G.S.D, la célébrité de Léo était en progression constante. Elle s’était notamment agrandie du fait de la Guerre Kazénienne qui eut lieu de mars à août 2205, un conflit ayant opposé la République à des mondes hostiles à ce système. Il y fut éblouissant, à tel point qu’au fil du temps, il fut identifié comme le protecteur numéro un de la République. Bien que la plupart le détestassent pour cette raison, d’autres reconnaissaient son courage, son génie stratégique et, parfois, sa clémence. Certains le craignaient aussi, car des rumeurs, dont seule la moitié serait fondée, circulaient à son sujet sur le fait qu’il serait impitoyable si on tentait de s’en prendre aux personnes qui lui étaient chères. L’exemple des Rigabests qui, en janvier 2206, avaient osé enlever Radia, sa femme, était encore dans les mémoires.
Ces quatre années défilèrent rapidement dans son esprit et lui firent prendre conscience du chemin parcouru.
Aujourd’hui âgé de vingt-neuf ans, Léo s'était intégré à cette époque et à ce système bien au-delà de ses espérances initiales. Tout ne fut pas facile, loin de là, mais pour rien il ne changerait et il se battait pour le préserver d'ennemis divers.
La réalité de l'instant présent le rattrapa. Bien installé dans son fauteuil, il considéra son bureau un instant.
À côté de son écran holographique tactile, rattaché à un clavier fin aux icônes lumineuses incrustées dans la table, une pile de dossiers côtoyait une boîte de stylos affublés du blason de l'I.G.S.D. Plus à l'écart se trouvait une holophoto de famille où Radia, lui et leurs enfants – les faux jumeaux John et Lucie nés en 2206 – affichaient un sourire rayonnant. En la regardant, il songea au fait que son boulot lui prenait presque tout son temps. Il espérait à l'avenir pouvoir être plus souvent avec eux, mais le rythme était si trépidant, si exaltant aussi. Derrière se tenaient deux étagères dotées de tiroirs remplis de livres et de dossiers classés.
En tant que chef d'équipe, il avait droit à un bureau privé situé dans une pièce à part, mais il s'en servait uniquement comme lieu de rangement, préférant un simple bureau à côté de ses agents. Il voulait rester près d'eux, les aider ou leur indiquer la marche à suivre au cours d'une affaire ou d'une mission. C'était son côté paternel, pratiquement identique à celui qu'il avait à l'égard de ses enfants, qui était ressorti quand il était devenu chef d'équipe.
Soudain, Léo perçut un tintement subtil et agréable. Il sut tout de suite de quoi il s'agissait, ou plutôt de qui.
Un intense rayon d'une pure lumière bleu clair apparut subitement, à la surprise des autres. La lumière douce, radieuse et divine, n'aveuglait pas et était apaisante. Une forme commença à se matérialiser et l'éclat de la lumière diminua progressivement jusqu'à sa disparition complète.
Un individu se tenait maintenant à la place du rayon. Grand, maigre, la peau grise et bleu ciel, les yeux d'un bleu profond, une aura de lumière l'entourait.
C'était un Orionis.
Il n'était pas courant de voir un Orionis faire une telle apparition surprise. Le silence médusé des agents dura plusieurs secondes et avait quelque chose de comique. Le nouveau venu, très souriant, sembla s'amuser de la situation.
— Ah ! C'est chaud ! C'est chaud ! s'écria Oarus qui venait de laisser tomber le gobelet de kaac, surpris de voir l'Orionis ici, et de se brûler avec le liquide chaud.
— Heureux de vous revoir, Ranambaranaï, salua Léo, ravi en effet mais qui s'attendait à ce que cette venue ne soit pas une simple visite de courtoisie.
— Bonjour, Général… Vous avez raison, je ne suis pas là par hasard, confirma l'Orionis qui venait de lire instantanément dans les pensées de Léo rien qu'en le regardant avec ses yeux perçants.
— Qui y a-t-il de si urgent pour qu'un Orionis se matérialise dans notre dimension ? demanda Flurya en le fixant de ses yeux vert émeraude.
Ranambaranaï joignit ses mains aux doigts longs et fins dans une attitude calme et posée, signe qu'il devenait sérieux. Cette disposition de ses mains permettait à son énergie intérieure de circuler différemment, ce qui avait pour conséquence de détendre et de clarifier son esprit.
Il déplaça son regard sur chaque agent présent en face de lui, comme s'il passait leur être au peigne fin. Il connaissait Léo depuis le réveil de ce dernier en 2204 et avait depuis toujours gardé un œil sur lui avec ses semblables, et ce pour une raison bien particulière…
— L'affaire Orxana, répondit-il. Elle a fait l'objet d'une séance de la Chambre Blanche des Voix Infinies, constituées de membres de la Fraternité Stellaire.
— En effet, c'est sérieux, commenta Léo.
Les agents exprimèrent leur inquiétude à ce sujet.
L'évasion d'Orxana avait vu périr tous ses geôliers et Raz'en Yu, le directeur de la prison. Cela faisait déjà plusieurs jours que les prisonniers s'étaient évadés de ce centre pénitentiaire pourtant très surveillé. Les trois quarts d'entre eux, après s'être renommés les « N-7 », avaient attaqué des planètes républicaines et causé des dégâts importants, mettant à cran toute la République. Les agences I.G.S.D des planètes attaquées semblaient incapables de retrouver les fugitifs, sans compter qu'un quart des prisonniers avait mystérieusement disparu.
— Excusez-nous, Monsieur, intervint Hurok en s'adressant à l'Orionis, mais nous ne sommes pas chargés de cette affaire.
— J'en ai parlé avec Monsieur Stun, votre Ministre de l’Intérieur, qui m'a donné son accord pour que vous puissiez mener cette enquête si vous le désirez, répondit Ranambaranaï.
— Attendez, pourquoi faire appel à nous ? questionna Réchele intriguée.
— Dans les dimensions supérieures, vous êtes connus de tout le monde. D'une part parce que nous avons accès à toutes les informations qui puissent exister, et d'autre part, nous connaissons l'évolution de chaque être. Votre groupe rassemble des énergies très diverses, l'évolution spirituelle des uns entraînant plus haut celle des autres et réciproquement, expliqua-t-il.
— Je ne vois pas vraiment où vous voulez en venir, fit Noémie quelque peu sceptique. Vous nous auriez choisis parce que, spirituellement, on évolue tous en même temps. Et vous vous fiez à ça au lieu de vérifier nos états de service ? s’étonna-t-elle.
— Précisément, approuva l’Orionis. Vos états de service parlent d’eux-mêmes, mais c’est le groupe que vous formez qui est intéressant. Parce qu’il est en même temps une somme d’individualités et un tout.
—… C’est-à-dire ? fit Oarus hésitant.
— Eh bien… Léo ayant accompli de hauts faits d’armes. Il est héroïque et intelligent, mais ses problèmes d’amnésie l’empêchent d’avancer. Flurya, sensible à la nature qui doit apprendre à s’épanouir davantage, à se détacher de sa culture pour enrichir son peuple d’un nouvel art de vivre. Hurok, humble et sage, qui a tout d’un vrai mentor. Ensemble, vous formez un trio de personnes plutôt mûres.
— Et les jeunes ? fit Léo en désignant Oarus, Réchele et Noémie.
— Élémentaire… Noémie, brillante, généreuse et battante, mais qui doit encore apprendre à maîtriser ses émotions. Réchele, solide et sensible à la fois, qui doit apprendre à discipliner son mental pour mieux maîtriser ses dons. Et Oarus, dont l’humour est la meilleure arme qu’il puisse disposer en cas de difficulté, mais qui doit avoir davantage confiance en lui. Vous formez un trio de jeunes gens désireux de faire leurs preuves, prêts à recevoir les enseignements de Léo, Flurya et Hurok, dit-il en s’approchant à chaque fois des agents concernés.
L’Orionis venait d’exposer clairement les traits de caractère de chacun. Les agents se regardèrent tour à tour, surpris, intrigués, mais ils savaient qu’il disait vrai.
— Je pense qu’on a tous conscience de former un groupe soudé après tout ce qu’on a vécu et que chacun doit s’améliorer, admit Léo.
Ses coéquipiers approuvèrent.
— Vos cheminements intérieurs respectifs pourraient amener, sur du long terme et si tout se passe bien, des changements salutaires dans la Voie Lactée, conclut Ranambaranaï enthousiaste.
— À ce point-là ? s’étonna Hurok.
— Oui. Sachez que la Fraternité aurait pu effectivement évoquer une autre équipe que la vôtre pour cette affaire durant la séance de la Chambre Blanche. Mais dans les plans subtils, ils se déroulent des choses très intéressantes…
— Quelles choses ? demanda Flurya
— Rien que vous ne puissiez voir avec vos yeux normaux.
— Vous semblez vouloir dire que chacun va faire de grandes choses, devina Réchele.
— Vous êtes très perspicace, Réchele, même sans vos pouvoirs psychiques.
— Pense à lui faire répéter ce compliment et à l’enregistrer. Sur un holo-CV, c’est un coup à t’ouvrir toutes les portes, glissa Oarus en plaisantant à l’oreille de sa collègue qui appréciait le compliment de l’Orionis à sa juste valeur.
— En tout cas, rien ne vous oblige à accepter cette enquête, poursuivit Ranambaranaï. Vous avez le choix.
Léo se retourna vers ses agents pour connaître leurs avis, chose naturelle qu'il avait l'habitude de faire par respect envers eux. Tous hochèrent positivement la tête.
— Eh bien, c'est d'accord !
L’Orionis afficha un air satisfait.
— Très bien. Tous les agents répartis dans la Galaxie recevront un communiqué pour qu'ils sachent que vous gérez cette enquête. Cependant, étant donné que cette mission possède aussi un caractère spirituel, la Fraternité Stellaire a décidé d'envoyer des êtres de bonne volonté pour apporter la Lumière dans les planètes ravagées…
— C’est une bonne nouvelle, approuva Flurya soulagée et contente.
— Oui. Et c’est aussi pour cette raison qu’elle a également décidé de joindre quelqu'un à votre équipe.
Il y eut un flash de lumière, puis un humain apparut subitement à côté de l'Orionis.
Âgé de trente et un ans, l'humain mesurait un mètre quatre-vingt. Plutôt mince, il avait le crâne rasé, un visage très séduisant et des yeux marron clair. Il dégageait une autorité naturelle et une grande luminosité. Il était vêtu d'une tenue de moine Shaolin en soie rouge, d’une ceinture noire, et de chaussons noirs aux semelles blanches conçus pour le combat. Le col et le bord des manches de ce vêtement arboraient discrètement une couleur orange.
Il portait deux étuis de cuir dans le dos, tenus par un système de lanières, dans lesquels étaient respectivement rangées une lame et une baguette qu'il utilisait pour réaliser des opérations et des rituels occultes. Il portait également un médaillon autour du cou. Il s’agissait d’un serpent d’or mordant sa queue flanquée le long de son corps de neuf étoiles. L’espace central était occupé par trois bandes colorées horizontales, une en rouge au-dessus, une en noire au milieu et une en blanc en dessous, et enfin un fin trait jaune séparait le rouge du blanc.
Les agents comprirent qu'il s'agissait d'un mystique. Rien qu'en le regardant, tous ressentaient la puissance spirituelle, la sagesse, l'intelligence et la compassion qui émanaient de cet individu. Ils regardaient le nouveau venu avec curiosité tandis que celui-ci se contentait de leur sourire poliment.
— Je vous présente un homme de confiance, dit l'Orionis en désignant le mystérieux individu qui les saluait en s’inclinant légèrement avec respect. Il sera le représentant de la Fraternité parmi vous.
— Merci, Ranambaranaï, fit Léo. Nous ferons tout pour régler cette affaire.
— Oh, mais j'en suis sûr, assura-t-il en souriant. Je dois maintenant vous laisser, Général. Au revoir, et bonne chance.
L'Orionis disparut dans le même rayon de lumière bleu.
Le nouveau venu s'avança vers les agents.
Léo le regardait et avait en lui l'étrange impression de l'avoir déjà rencontré. Flurya, quant à elle, ressentait quelque chose de particulier à la vue de cet homme…
— Je m'appelle Taona, se présenta l'individu. C'est un plaisir de faire équipe avec vous, Général Hawkins.
— Le plaisir est partagé, dit Léo en lui serrant la main. C'est étrange…, dit-il intrigué. Est-ce que nous nous sommes déjà rencontrés ?
— C'est possible, Général. C'est bien possible…

Chapitre 3
Le Trinité et la Chambre Blanche des Voix Infinies

Quelque part, à la frontière séparant la Voie Lactée de l’espace intergalactique…

Loin des mondes habités de la Galaxie, l’immense vaisseau mère Trinité, auréolé d’une lumière resplendissante et de couleurs chatoyantes qui nimbaient sa surface, exposait fièrement sa forme singulière de triquetra évidé, défiant la froide obscurité de l’espace. Le brillant Capitaine Xantor Soliclès, originaire d’Euxas, une planète située dans le Septième Cercle, était chargé de cet appareil sublime et de son équipage, tous au service de la Fraternité Stellaire. Il avait la responsabilité de surveiller cette partie de la frontière galactique, secouée depuis quelque temps par des assauts timides, mais répétés, des forces sombres du Troisième Cercle, soumises aux puissances ténébreuses du Bas-astral.
Du haut de ses plus de douze mille ans d’existence, calculés en temps humain, Xantor avait vu, expérimenté et appris une infinité de choses, mais conservait encore dans son cœur l’extrême humilité de ceux qui étaient loin de tout savoir. La douceur de son tempérament n’avait d’égal que son incroyable et inépuisable sagesse. Au-delà du fait qu’il pouvait modifier sa forme physique à volonté, Xantor avait pour le moment préféré prendre l’allure d’un homme aux longs cheveux blancs, les yeux d’un violet vif, et un corps vigoureux sans la moindre cicatrice. La conscience spirituelle du Capitaine, irradiante et divine, était si intimement reliée à la cyber-entité, permettant au Trinité de fonctionner, qu’il pouvait en ressentir les moindres atomes. Cette cyber-entité, nommée Aube, était un métalogiciel complexe dont les circuits à fractals quantiques intégraient une infinité de matrices spirituelles chargées de jeunes étincelles de vie reliées entre elles, toutes programmées pour apporter énergie, connaissance et conscience à l’ensemble du Trinité. Le moment venu, ces étincelles de vie étaient respectueusement confiées à l’Universel, car elles arrivaient à une plus grande maturité et devaient poursuivre un cycle d’évolution ailleurs. La technologie de cet appareil dépassait l’entendement, au point que les notions de temps et d’espace ne signifiaient plus rien.
— Capitaine Xantor, appela la cyber-entité avec une voix féminine particulièrement sereine.
— Oui, Aube ?
— J’ai repéré des sursauts d’énergie négative qui ont tendance à s’approcher de notre position.
— Des sursauts ? demanda Xantor étonné.
— Oui. Ce sont des fréquences qui me parviennent et disparaissent dans la foulée.
— À quel jeu joue encore l’Ombre ?
— C’est sans doute une ruse.
— Très certainement, concéda Soliclès. Est-ce la même stratégie employée que la fois dernière ?
— Possible.
— Pour le bien de la Voie Lactée, nous ne pouvons pas laisser l’Ombre entamer des incursions depuis l’espace intergalactique de ce Groupe local.
— Quelles sont vos instructions, mon Capitaine ? demanda le métalogiciel.
— Être vigilant pour le moment.
— Capitaine, je remarque de multiples mouvements agressifs provenant de plusieurs directions, signala Aryôn Krîga, un des nombreux Officiers du Trinité.
Xantor considéra le ton sérieux que venait d’employer son ami Aryôn, signalant clairement que quelque chose n’allait pas. Originaire d’une planète située dans le Sixième Cercle, l’Officier Krîga connaissait le Capitaine depuis des siècles, et même depuis plus longtemps encore au regard des incarnations qu’ils avaient jadis vécues ensemble dans le Troisième Cercle.
— Très bien, décida Soliclès. Aube, es-tu prête à passer à l’action ?
— Pour la Lumière de l’Universel, toujours, répondit la cyber-entité.
— Parfait. Alors programme la manœuvre de la fleur qui tourne vers le noir.
— À vos ordres.
Le Trinité se mit à tourner dans le sens anti-horaire des aiguilles d’une montre. Ce mouvement eut pour conséquence d’attirer comme un aimant les énergies négatives du secteur afin de mieux les contrôler. Sur toute l’énergie captée, une partie était récupérée et stockée dans des réservoirs énergétiques destinés à de nombreux usages. De façon générale, l’énergie négative n’était pas mauvaise en soi. Au contraire, elle jouait même un rôle essentiel dans le processus de toute vie, mais tout dépendait en réalité des intentions de son utilisateur.
Au fur et à mesure que le sublime vaisseau effectuait ses rotations, des quantités d’énergies cosmiques furent mises en lumière, aspirées et drainées. Ce système permit à tout l’équipage à bord, de mettre en évidence plusieurs engins spatiaux, aux tailles variables, aux formes acérées et aux couleurs sombres.
— C’est une petite flotte de l’Ombre qui vient d’une autre galaxie du Troisième Cercle. Ils ont été surpris par notre manœuvre et se rendent maintenant compte qu’ils sont vulnérables aux scans télépathiques, informa l’Officier Krîga après analyse des appareils ennemis qu’il effectua avec sa conscience. Ils mettent en place des barrières occultes pour se protéger de nous et passer à l’attaque.
— Ils n’ont pourtant rien à craindre de nous, mais ils ont des projets pour cette Galaxie, regretta Xantor. Activez les projecteurs de lumière théurgique et préparez les canons de transmutation en cas d’attaque.
Les armes du Trinité s’enclenchèrent. Les projecteurs diffusèrent une lumière radieuse en direction des engins adverses, mais ceux-ci ne semblèrent pas atteints à cause des protections qu’ils avaient eu le temps d’activer.
— Je dois admettre que leur ingéniosité et leur persévérance sont remarquables, reconnut Xantor en observant la manœuvre des forces obscures grâce à ses sens multidimensionnels.
— Capitaine, ils amorcent une manœuvre d’attaque ! alerta Aube.
— Bien. Soyons vigilants.
Les vaisseaux de l’Ombre se déplacèrent en traçant plusieurs rondes autour du Trinité qui se trouva pris dans une sorte de cage sphérique impossible à franchir. Les engins tirèrent sur le vaisseau de la Fraternité Stellaire sans sommation.
— Leur attaque était prévisible, rassura Xantor. Aube, examine les cycles futurs et estime nos chances de succès.
— Elles sont de 92,37 %, Capitaine.
— Notre taux de réussite était jusqu’à présent aux alentours des 98 % face à une attaque coordonnée de l’Ombre, souleva Soliclès. Qu’est-ce qui a bien pu changer ?
— Cela m’est inconnu pour le moment, mais a priori, cela fait partie du Plan de l’Œuvre, répondit Aube. Voulez-vous un panorama détaillé des réalités alternatives ?
— Inutile. Merci, Aube.
— Nos boucliers pentaculaires absorbent leurs tirs, informa l’Officier Krîga.
— Montrons-leur qui nous sommes. Délestez l’énergie cosmique accumulée.
— Bien, mon Capitaine.
Les boucliers tapissant toutes les métaparois du Trinité furent sur le point de libérer une quantité phénoménale d’énergie cosmique, lorsqu’un tir en dehors du périmètre de la zone de combat toucha le vaisseau de la Fraternité Stellaire.
— Aube, est-ce que tout va bien ? s’enquit Xantor.
— J’ai ressenti une violente douleur à l’impact, expliqua la cyber-entité. Je convertis déjà une partie de stocks d’énergies vitale en lumière de guérison pour régénérer les métaparois.
— Prends toutes les dispositions nécessaires pour soigner le Trinité.
— Xantor, ils nous ont tendu un nouveau piège, expliqua Aryôn.
— Je sais. Pendant que des appareils de l’Ombre nous occupent en nous encerclant, d’autres vaisseaux attendent de l’extérieur afin de viser les petites failles de nos instruments… Et j’avoue que ça m’interpelle.
— L’Ombre est bien décidée à se soulever.
— En effet. Pour l’heure, tâchons de leur transmettre un message : la Fraternité Stellaire ne capitule jamais.
— Je demande à Aube de passer en mode offensif, décida Krîga.
Le Trinité renforça d’abord ses défenses et se télétransporta à l’extérieur de la cage tracée par les appareils de l’Ombre. Le vaisseau de la Fraternité Stellaire réapparut juste à côté, et ses ennemis lui tirèrent dessus. L’appareil lumineux absorba les tirs et projeta une vague d’énergie qui neutralisa les engins adverses. De nouveaux engins mécaniques au service de l’Ombre sortirent de leur cachette et s’en prirent au Trinité qui tirait avec ses canons de transmutation. Les tirs des forces obscures, à base d’énergie négative, étaient aussitôt transmutés dans sa polarité opposée, les rendant ainsi inoffensifs. Ces manœuvres d’évitement n’empêchèrent pas les occupants du Trinité d’employer la force. Il tirait des éclairs dorés dans tous les sens qui foudroyaient ses adversaires avant de les faire exploser.
Pendant ce temps, le Capitaine Soliclès créait plusieurs clones de lui-même par la pensée afin de guider dans le Quatrième Cercle chaque âme ayant perdu la vie dans les engins de l’Ombre. Si la bataille tournait dorénavant à l’avantage du Trinité, l’équipage à bord du vaisseau lumineux n’était pas encore au bout de ses surprises. En effet, trois immenses navires de guerre de l’Ombre firent leur apparition, avec la ferme intention d’envoyer un message à toute la Fraternité Stellaire. À peine arrivés, ces cuirassiers obscurs tirèrent des rafales d’armes sales sur le Trinité. Les tirs ricochèrent à bonne distance de la coque grâce aux boucliers pentaculaires activés précédemment.
— Ils étaient là depuis le début, mais ils se sont servis de ces malheureux pour créer une diversion afin de nous affaiblir, comprit rapidement l’Officier Aryôn.
— Exactement, acquiesça Xantor. Hélas pour eux, c’est bien mal connaître le Trinité. Le cœur de ce vaisseau a été conçu dans l’amour flamboyant que se portait une myriade de galaxies jusqu’à leur fusion totale.
— Dois-je enclencher le lancement des foudres solaires ? demanda Aube.
— Active plutôt les missiles des mondes mourants, préféra Xantor. Je voudrais éviter que de nouvelles âmes soient perdues et préservent encore leur chance de s’éveiller durant leur incarnation dans le Troisième Cercle.
— Bien, mon Capitaine.
Des sphères lumineuses de plusieurs couleurs furent projetées du vaisseau de la Fraternité Stellaire et se dirigèrent vers les trois immenses bâtiments de guerre de l’Ombre. Ces derniers ne manquèrent pas de répliquer en larguant leurs missiles d’annihilation, mais la plupart se désintégrèrent au contact des sphères rayonnantes qui vinrent percuter les adversaires du Trinité. Il y eut une explosion de lumières vives, colorées et douces. Seule la matière était littéralement vaporisée, mais les individus présents dans ces navires de guerre demeuraient physiquement intacts. En revanche, la charge énergétique que reçurent certains tourmenta leur esprit en les tournant vers la Lumière. Malgré tout, les forces obscures ne désespéraient pas et poursuivaient le combat en tentant de réduire en poussière le Trinité. La puissance de leurs armes était telle qu’elle secouait le vaisseau de la Fraternité, sans l’endommager grâce à ses boucliers pentaculaires, mais l’Ombre n’avait encore dit son dernier mot.
— Capitaine, des champs magnétiques à polarité inversée déstabilisent nos boucliers. Si ça continue, cela va générer des failles dans lesquelles leurs armes pourront s’engouffrer, alterta l’Officier Krîga.
— Aube, enclenche la manœuvre de la fleur qui tourne vers le blanc, ordonna Xantor.
— Oui, Capitaine.
Le Trinité effectua un mouvement de rotation dans le sens horaire des aiguilles d’une montre et étincela de mille feux. Les tours qu’il accomplissait propulsèrent des rayons d’énergie qui passèrent au travers les vaisseaux de l’Ombre, tout juste entrés en phase un instant auparavant.
— Que le Divin nous protège, pria Aryôn, surpris par la manœuvre habile de ses adversaires.
Des tirs ennemis percutèrent à nouveau le Trinité, passant même à travers les failles magnétiques signalées par Aryôn précédemment. La surface du vaisseau fut touchée. Une explosion eut lieu, mais aucun occupant de l’appareil ne constata de dégâts. Cependant, Aube avait poussé un cri douloureux au moment de l’impact. Le Capitaine Xantor semblait également affecté, vu son lien avec la cyber-entité.
— Aube, est-ce que ça va ? s’enquit Soliclès.
— Un peu secouée, mais tout va bien.
— Si tu en as la force, emploie tous nos moyens de défense pour les repousser, intima Xantor. Pendant ce temps, je vais me démultiplier afin d’apaiser ses âmes perdues.
— Entendu, Capitaine.
— Cela faisait longtemps que l’Ombre n’avait pas paru aussi organiser. Ses représentants nous ont beaucoup étudiés pour en arriver là, analysa Xantor.
— Qu’est-ce que cela signifie ?
— Seul le Divin Suprême le sait.
Xantor Soliclès se concentra rapidement, manipula l’Énergie Universelle, et créa des doubles de lui-même, à l’extérieur du vaisseau, reconnaissables par leur aura magnifique. Ils volèrent vers des engins de l’Ombre qui orientèrent une partie de leurs tirs dans leur direction, mais ces attaques les traversèrent sans les atteindre. Les doubles pénétrèrent facilement dans les vaisseaux adverses et bombardèrent d’énergie spirituelle élevée les lieux et les individus négatifs. Cela engendra une telle déstabilisation, un tel chaos, que les tirs sur le Trinité cessèrent et que le repli stratégique des trois navires de guerre échoua lamentablement. Ils se mirent à se tirer dessus et achevèrent de s’autodétruire.
Le Capitaine fit disparaître ses doubles et considéra les occupants de son navire lumineux pendant un instant.
— La Chambre Blanche des Voix Infinies doit se réunir d’ici peu. Nous devons prévenir Yélen de ce qui vient de se produire ici, et l’informer que l’Ombre se soulève. Ouvrez les canaux télépathiques et diffusez le message à tous nos frères et sœurs.
***
Dans le Cinquième Cercle, en orbite autour de Gayaelle…

Les merveilleux occupants de Belle-Âme contemplaient Gayaelle, planète qui incarnait la renaissance de la Terre. Renaissance qui trouvait son origine dans l'Ascension de Démétria, du Troisième Cercle, le monde physique, au Cinquième Cercle, le monde de la conscience, en l'an 2012.
À cette époque, l'esprit de la Terre, appelé Démétria, n'en pouvait plus des activités pernicieuses des Terriens ayant cours depuis longtemps. Elle décida de quitter son enveloppe corporelle du Troisième Cercle, afin de s'élever dans une dimension supérieure, un plan d'existence subtil dont l'accès n'était autorisé qu'aux êtres ayant réalisé l'Éveil. Cette Ascension eut pour effet de laisser un globe inhabitable dans le monde physique. Certains humains, ayant une conscience suffisamment élevée, ascensionnèrent avec Démétria et passèrent dans le Cinquième Cercle pour vivre sur la magnifique planète Gayaelle, désormais nouveau lieu de résidence de l’esprit originel de la Terre. Les Terriens restés dans le Troisième Cercle constatèrent, après plusieurs jours d’exode spatial à bord des vaisseaux de la Fraternité Stellaire, la miraculeuse régénération environnementale de leur planète due à l’incarnation d’un nouvel esprit, nommé Cérésis. Cette résurrection incita les humains à rebaptiser leur monde « Terre II », un changement symbolisant le nouveau départ qu’ils souhaitaient prendre.
Vaisseau titanesque dont la surface externe et interne revêtait une douce luminosité, Belle-Âme fut créé quelque temps après l'Ascension de Démétria dans le Cinquième Cercle, en vue d'accueillir tous les membres de la Fraternité Stellaire pour leurs missions communes à l'avenir. Cet appareil rappelait à tout le monde que la planète Gayaelle était un lieu de rencontre entre les civilisations et les êtres multidimensionnels, rappelant l’alliance indestructible unissant des peuples d'outre espace, fondée sur l'Amour, la Paix et la Sagesse.
Une douce impulsion télépathique informa les occupants du vaisseau que la séance de la Chambre Blanche des Voix Infinie allait commencer.
La salle se remplissait progressivement, sans le moindre bruit, car chaque nouveau venu veillait à respecter la quiétude du lieu.
Des rangées de confortables fauteuils bleu azur, disposées en gradins, occupaient la majeure partie de la salle et permettaient une vision claire de son centre. Les murs réfléchissaient partout une douce lumière dorée qui mettait en valeur les décorations florales et géométriques dessinées dessus. Dès que les portes se refermaient, elles semblaient comme absorbées par les murs et restaient totalement invisibles. L'usage de la pensée permettait de faire fonctionner le mécanisme d'ouverture et de fermeture des portes, grâce à une application ingénieuse de l'énergie du cristal. C'était une très belle salle, vaste, à la capacité d’accueil impressionnante, conçue spécialement pour équilibrer les énergies de ceux qui se trouvaient à l'intérieur. Elle était toujours aménagée en fonction des besoins de la Fraternité Stellaire.
Tous les êtres qui arrivaient étaient beaux et une sagesse immense émanait d'eux. Parmi eux, des individus représentaient diverses planètes, systèmes, galaxies, ou encore des mondes de l'Anti-Univers ou des dimensions supérieures, c'est-à-dire les Cinquième, Sixième et Septième Cercles et au-delà. En fait, la Fraternité Stellaire regroupait des êtres très éveillés spirituellement, originaires de tous les recoins de l'Œuvre de l'Universel, dans le but de stimuler l’évolution de chacun vers la Lumière divine.
Une fois tout le monde installé sur les confortables fauteuils, une musique d'une douceur incroyable fut diffusée pour détendre toutes les personnes présentes dans la salle. Cette merveilleuse mélodie avait la surprenante faculté d'augmenter les facultés intellectuelles et émotionnelles de celui ou celle qui l'écoutait. À la fin de l’écoute, tous se recueillirent dans une courte méditation collective afin d'être guidé par la Lumière de l'Universel.
La méditation terminée, un homme doté d'une aura resplendissante se leva, s'avança au centre de la salle et se mit à l'intérieur d'un cercle blanc lumineux incrusté dans le sol. Ce cercle était destiné à créer une connexion télépathique entre l'orateur et l'assistance. Chaque participant pouvait s'exprimer quand il le désirait à condition qu'il en formule la demande intérieurement, et grâce à la magie de l'interconnexion télépathique, la parole lui était automatiquement donnée au moment le plus opportun, sans jamais indisposer ou irriter quiconque. Les conversations étaient toujours empreintes de respect et de sagesse, et jamais une parole prononcée n’était blessante.
L'homme, mesurant un mètre quatre-vingt-dix, était habillé d'une toge fine en or qui allait très bien avec ses longs cheveux soyeux de même couleur. Avec son aura blanche qui dégageait une force spirituelle inouïe, donnant un aspect très lumineux à son apparence sans pour autant aveugler, son visage arborait une beauté ineffable et mystérieuse renforcée par la couleur profonde de ses yeux bleus. Une beauté incomparable avec ce qui se trouvait dans les mondes du Troisième Cercle.
Cet individu se prénommait Yélen Béron, un humain originaire de la Galaxie Riaghil située dans le Huitième Cercle. Pourtant âgé de plusieurs milliers de vies humaines, son apparence était celle d'un beau jeune homme de vingt-cinq ans. Bon, loyal et sage, il détenait un grand talent d'orateur et possédait des pouvoirs psychiques très étonnants. Il pouvait notamment faire apparaître des objets rien qu'en manipulant l'Énergie Universelle, Source de toute chose, par la seule force de sa pensée.
Yélen dirigeait cette séance de la Chambre Blanche, en raison de l'absence momentanée du Commandant de la Fraternité Stellaire, Alka Zorna, qui devait suivre une initiation particulière dans une galaxie lointaine, obligeant ce dernier à ne pas se servir de ses pouvoirs.
— Mes frères et sœurs d'outre espace, je vous salue et vous souhaite la bienvenue ! annonça-t-il de sa voix puissante, ferme et séduisante. Je vous remercie du fond du cœur d'avoir répondu à mon appel. Que la Lumière de l'Universel nous guide.
Yélen fixa son auditoire.
— Je pense que vous connaissez tous les motifs de notre réunion, fit Yélen en regardant l'assistance.
Tout le monde acquiesça.
Une conversation télépathique, faite de visions et de flashs très précis, commença entre les différents membres de la Fraternité Stellaire. Ces visions relataient le déroulement de l'évasion d'Orxana dans les moindres détails. Toute l’assistance avait beaucoup de peine pour les victimes, mais aussi pour les prisonniers. Les personnes présentes dans cette salle ne faisaient aucune différence entre les bourreaux et leurs victimes, car elles avaient suffisamment de sagesse pour voir les raisons de toutes choses et comprendre que dans les deux cas, la souffrance était présente.
Au terme de cette conversation mentale collective, Shaïn, natif de l'étoile Mintaka de la constellation d'Orion (Delta d'Orion), grand, maigre, une grosse tête, un visage émacié, des yeux amendés assez larges, demanda intérieurement à prendre la parole. Yélen perçut cette demande et la lui donna.
— Si nous décidons d'intervenir, nous devons avant tout préserver le libre arbitre de chaque être faisant l'expérience de la densité à l'échelle tridimensionnelle, comme nous l'avons toujours fait, conseilla-t-il.
— Parfaitement, Shaïn, approuva Yélen. Cependant, l'Ombre a gagné trop de terrain en un rien de temps et dans ce contexte, elle constitue plus une « menace » pour l'évolution spirituelle des êtres qu'une opportunité d'évolution. D’ailleurs, j’ai appris que le Trinité, commandé par le Capitaine Xantor Soliclès, a été attaqué par l’Ombre aux abords de la Voie Lactée. Lui et les occupants du vaisseau n’ont rien, mais la témérité et l’ingéniosité dont les forces obscures ont fait preuve posent question.
L’assistance fut relativement étonnée par cette information, mais la considéra avec sagesse.
Une Vénusienne du Cinquième Cercle, qui s'appelait Ama, d'une beauté éblouissante, participa au débat qui venait de commencer.
— Dans ce contexte où l'Ombre cherche à voiler la Lumière, je tiens à rappeler que l'Ombre demeure néanmoins un facteur d'évolution spirituelle pour toute vie. Évidemment, nous devons intervenir pour l'empêcher d'étendre sa domination quand cela s'avère nécessaire. Je propose la création de groupes d'interventions pour accomplir une mission dans le Troisième Cercle à caractère spirituel afin d'endiguer les forces obscures.
La proposition d'Ama fit l'objet d'une étude plus approfondie.
— L’idée est intéressante, déclara Odan, un être à la peau bleue de la Galaxie Oubéa, située dans le Septième Cercle. Mais, nous devons recruter des volontaires très motivés et aptes pour cette mission.
— La motivation est déjà une aptitude en soi, propice au développement de la créativité, enseigna sagement Vala, une humanoïde sublime, originaire de Véga de la constellation de la Lyre (Alpha de la Lyre) dans le Sixième Cercle.
— C'est vrai, reconnut Odan. Cependant, il est préférable que des êtres plus expérimentés interviennent pour gérer cette situation.
— En effet, admit Vala.
— Pourquoi ne ferions-nous pas appel à l'Ordre des Fils de l'Unité ? suggéra Odan aux autres Voix Infinies de la Chambre Blanche.
— Leur présence dans le Troisième Cercle n'est due que dans des cas où la Lumière cesse pratiquement de briller au profit de l'Obscurité. Pour cette raison, les Fils de l'Unité sont déjà très occupés dans différents mondes, expliqua Yélen. Rassurez-vous : s'ils doivent nous apporter leur soutien, ils le feront sans hésiter.
Shaïn prit la parole avec courtoisie.
— Je connais quelqu'un qui pourrait aider activement au rééquilibrage de l'Ombre et de la Lumière, annonça-t-il.
Un silence s'installa et tout le monde sut de qui il s'agissait.
— Je vois, comprit Yélen d'un air songeur en le regardant avec ses yeux perçants. Tu penses à Taona.
— Il est vrai qu'il a toutes les qualités requises pour aider les agents I.G.S.D qui luttent pour ramener l'harmonie, remarqua Ama. Dans le passé, avec plusieurs compagnons, il a réussi quelque chose d'important pour l'Ascension de Démétria et de certains êtres humains. Ils ont ensuite créé la Société Mystique des Étoiles pour guider spirituellement les êtres dans la Voie Lactée.
— En effet, il a accompli énormément de choses, approuva un Orionis nommé Ranambaranaï originaire de l'étoile Al Nitak de la constellation d'Orion (Zeta d'Orion). D'ailleurs, en parlant des agents I.G.S.D, je pense à une équipe qui pourrait être efficace pour cette mission. Celle du Général Léo Hawkins.
— Maintenant que tu en parles, je vois de fortes énergies dans ce groupe et de remarquables connexions, remarqua Odan dont la clairvoyance lui montrait des couleurs subtiles de l’aura de chaque agent de cette équipe.
— Sans oublier que Taona a déjà rencontré Léo durant une précédente incarnation, ajouta Vala.
— Ensemble, ils peuvent accomplir quelque chose d'important, appuya Ama.
— Exactement, approuva l'Orionis. D'ailleurs, peu après l'évasion d'Orxana, leur Surêtre respectif a vibré avec une intensité particulière et les deux ont décidé de faire en sorte qu’ils se rencontrent à nouveau, dans le but de pousser plus loin leur évolution spirituelle respective. Si nous voulons comprendre pourquoi leur source divine agit ainsi, nous devons les laisser mener cette affaire. Il se peut que l’évolution de nombreuses âmes dépende de leur future rencontre et de la décision que nous allons prendre ici et maintenant.
— Je suis d'accord, dit Vala. Il est vrai que leur association rassemblerait autour d'eux beaucoup d'âmes bienveillantes. D'un côté, Léo et ses équipiers, et de l'autre, Taona et des mystiques qu'il a formés et côtoyés. Mais chacun jouera le rôle qu'il aura choisi.
— Toutefois, est-ce que Taona est au courant du passé de Léo ? demanda Odan.
— Non, et il y a des raisons karmiques sous-jacentes à ça, répondit Ranambaranaï. Dans tous les cas, il ne faut pas qu’il le soit pour l’instant afin qu’il puisse accomplir plus efficacement son rôle important de guide spirituel auprès de Léo. D’après ce que je vois dans les plans subtils, il est temps pour le Général Hawkins de connaître la vérité, qu’il plonge en lui-même afin d’avancer sur la voie de l’Éveil… Il a profité de ces quatre dernières années pour bâtir sa vie au sein de la République, mais il ne s’est plus posé de questions sur son passé depuis sa sortie de cryoconservation. Il doit absolument retrouver la mémoire, mais en douceur, et Taona peut l’y aider.
— Étant donné ses liens avec Taona, penses-tu que le destin de cette Galaxie dépend de la disparition de son amnésie ? demanda Shaïn incertain.
— Peut-être… Je pense surtout que retrouver la mémoire lui permettra tout d’abord d’avancer spirituellement, de se comporter différemment et de donner un meilleur sens à sa vie, répondit l’Orionis. Et vu sa popularité au sein de la République, il peut aisément inspirer les autres à entreprendre cette quête du sens, les plaçant davantage sur la voie de l’Éveil. Cependant, le type d’influence qu’il aura sur la Galaxie dépendra avant tout de cette avancée spirituelle qui conditionnera ses pensées, ses choix, ses actes et ses relations.
— Que la Lumière de l’Universel illumine tout son être, bénit Ama.
Un silence paisible s’installa dans la Chambre Blanche.
— J'irai voir Léo et Taona, se proposa Ranambaranaï. Je les connais bien. J'ai été en contact avec eux plusieurs fois.
— Qu'il en soit ainsi, acheva Odan.
Après un moment passé à se concerter sur d’autres sujets, la réunion touchait maintenant à sa fin. Tout le monde sentait que la solution était trouvée.
— Parfait ! Pour résumer, Taona sera avec l'équipe du Général Léo Hawkins pour ramener l'harmonie et des collectifs d'êtres s'incarneront dans cette partie de la Galaxie pour mener en parallèle une mission à caractère spirituel, conclut Yélen. Y a-t-il d'autres propositions, mes frères et sœurs, que vous voudriez soumettre à la Chambre ?
Il n’y en eut pas. Chaque individu présent dans la Chambre Blanche était d'accord sur la marche à suivre.
— Que l'Amour, la Paix et la Sagesse rayonnent en vous, déclara Yélen en guise de conclusion.
Sur ces mots, tout le monde quitta la salle dans le plus grand calme et songea à la mission que chacun se devait d'accomplir pour protéger au mieux les êtres du Troisième Cercle, tout en veillant à ne pas enfreindre les Lois Cosmiques et le libre arbitre de ces êtres.
"J'ai décidé d'être heureux parce que c'est bon pour la santé" (Voltaire)

 


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