Le programmeur de Marguerite Blanchard
Chapitre 1 : Les reines du lycée
C’était le dernier jour de cours avant les vacances d’été. Une journée tempétueuse s'était abattue sur les habitants de Chery Hill, une ville des États–Unis. Il plut des cordes pendant toute la journée. La dernière sonnerie du lycée venait de retentir, ce qui annonça la fin des cours et ainsi la fin de l’année scolaire pour tous les élèves. Quatre meilleures amies sortirent de classe en vitesse alors que les couloirs sont encore vides. Les autres élèves pensaient qu’ils n’y avaient pas de quoi se presser puisqu’une pluie battante les attendait dehors. La chef du groupe, Veronica Ward, convainquit ses copines que la fin des cours était la fin des cours et que même s’il pleuvait dehors il fallait à présent sortir de ce lycée.
– Vite les filles, on va rater le bus ! Vite ! Leur cria–t–elle.
Elles étaient toutes âgées d’environ seize–ans chacune sauf Veronica qui avait déjà atteint ses dix–sept ans. Elle fut la première à arriver à la porte de sortie du lycée. Les autres filles étaient encore un peu derrière. Elle poussa les deux portes de peinture bleue pour les ouvrir grandes et s’arrêta un instant pour contempler le rideau de pluie. Elle prit ensuite une grande respiration avant de sauter dans le bain d’eau. Veronica Ward était la fille la plus populaire du lycée. Une belle brune, coriace qui ne se laissait jamais faire et qui ne gardait pas sa langue dans sa poche. Et surtout, elle sortait avec le plus beau et le plus populaire des garçons du lycée, le capitaine de l’équipe de basket, Ryan Copper. En marchant, elle repoussa ses cheveux bruns en arrière pleine d’assurance pour les laisser voler dans le vent tempétueux qui accompagnait cette pluie. Ces trois autres copines finirent par arriver. La seconde à sortir était Cassie Cox, la blonde du groupe. Elle avait cet air où elle essayait de se faire paraître pour la plus prude et discrète d’entre les filles mais elle était très loin de l’être. Elle fit la moue en dévisageant la pluie qui s’abattait sur ces cheveux blonds carrés demi–long et plats. Elle fit encore plus la moue quand elle comprit qu’elle allait devoir courir pour atteindre l’arrêt de bus. Cassie était la plus belle des quatre filles et aussi la plus belle parmi toutes les autres filles du lycée, toutes années confondues. Cette pluie, même si elle ne s’en apercevait pas, avait de quoi lui donner un air très sexy en plaquant ses cheveux blonds légèrement platine contre sa nuque. Cassie était toujours la plus aperçue avec Veronica. Elles étaient toutes les quatre très amies mais il y avait quelques préférences. Elle avait presque failli battre Veronica l’année dernière en tant que Reine de la promotion en seconde année. Suite à ça, les deux jeunes filles en bonnes concurrentes se retrouvèrent après la soirée en train de partager une bonne tarte à la poire dans l’une de leur cafétéria préférée de la ville. La copine derrière Cassie, semblait se sentir très bien à dandiner tout son corps de mannequin sous la pluie. Dans ses vêtements moulants noirs et cheveux longs et roux, elle rattrapa les deux autres qui avaient déjà bien marché de quelques bons mètres. Elle courut en leur passant une bonne frappe sur les fesses de chacune puis s’enfuit de quelques mètres vers l’avant.
– Ah ! laissa pousser Veronica surprise et en se tenant une main sur la fesse légèrement endolorie.
Cassie éclata de rire à pleine voix. Elle trouva ça amusant. La taquine se nommait Tamara Luve. Une vraie rousse pleine d’énergie à faire évacuer. Elle était souvent crainte au lycée pour ses excès de nerf surprise. À vos risques et périls, ne soyez pas sur son chemin… Celle–ci fut à son tour surprise par derrière par une petite blonde du nom d’Emma Ben qui accourut pour la frapper à son tour sur ses fesses. Tamara et Emma étaient les deux autres filles du groupe qui partageaient bien leur énergie et qui étaient un peu plus amies. Emma avait les cheveux attachés en un chignon avec un très joli balayage blond sur ses cheveux châtains. Elle sautillait de partout sous la pluie après cet exploit.
– Et bien voilà ! Je me suis à mon tour fait châtier ! balança Tamara loin d’être dépitée par ce supplice et l’accompagnant d’un large sourire étincelant. J’aurai bien levé un verre au Karma mais j’ai de l’eau et aucun verre, rajouta–t–elle en blaguant.
– Ça ne te fait pas peur le Karma ? rétorqua Veronica.
– Mmh… Je n’ai rien à me reprocher. Pas toi ? lui relança–t–elle.
– Je ne sais pas… dit tout bas Veronica. – Enfin bref… Qu’est–ce que tu es sexy sous cette pluie Cassie ! inspecta Tamara qui venait tout juste de s’en apercevoir.
– C’est vrai que tu ressembles tout d’un coup à Scarlett Johansson… la taquina Veronica.
– Notre Cassie est encore plus sexy que Scarlett Johansson ! rajouta Emma.
Veronica, Tamara, Cassie et Emma habitaient dans la ville de Chery Hill depuis toujours. S'il s’avérait qu'elles ne se connaissaient pas depuis la naissance car elles habitaient dans des quartiers différents et fréquentaient des écoles primaires différentes, le destin avait finalement fini par les faire se rencontrer au collège. Elles s'étaient ensuite rapprochées et étaient devenues amies. Par leur charisme unique, elles ne laissaient personne indifférent. Veronica était foudroyante de caractère, Cassie était époustouflante de beauté, Tamara n'avait pas sa langue dans sa poche et Emma était sensationnelle d'humour. Chacune d'elles sortait du lot et il n'y avait aucune concurrence entre elles. Le bus venait d’arriver. Pas le temps de continuer à discuter. Dès qu’elles l’aperçurent, elles coururent à travers le parking pour pouvoir atteindre l’arrêt qui se trouvait de l’autre côté. Elles sautèrent par–dessus les flaques d’eau rencontrées et essayaient de battre le vent qui poussait. Un jeune homme au visage dissimulé par sa capuche noire marchait lentement devant elles en tenant son sac à dos dans les bras. L’une des bretelles du sac à dos s’était déchirée pendant la journée. Visiblement quelqu’un était sorti encore plus rapidement qu’elles. Mais il ne se précipita pas tant que ça pour éviter de se faire tremper et marchait à petits pas dans cette pluie qui correspondait à sa sale humeur. Les filles menées par Tamara à l’avant le poussèrent brusquement sur leur passage et poursuivirent leur chemin. Elles ne prirent aucune peine à choisir entre l’éviter ou le bousculer. Le jeune homme tomba raide à terre sur ses fesses et lâcha des mains le sac à dos qu'il portait. Il vola dans les airs et atterrit dans une flaque d’eau. Aucune d'elles ne prit la peine de se retourner pour lui demander s’il allait bien, ou pour l'aider. En réalité, elles ne se sont même pas aperçues des dégâts causés. Et tout compte fait, même si elles s'en étaient aperçues, ça n'aurait rien changé chez aucune d'elles. Elles ne se rabaissaient pas pour aider ses autres gens du lycée qui ne faisait pas partie de leur groupe populaire composé d’elles quatre, des poms poms girls et des sportifs de l’équipe de basket–ball. Ils ne se soutenaient qu’entre eux. Les filles atteignirent le bus à temps avant qu’il ne redémarre. Elles montèrent à l’intérieur en fou rire. Le bus était vide. En cherchant à atteindre les sièges du fond, Emma leva les bras au ciel enthousiasmer d’avoir atteint le bus. Cassie dégager les cheveux humides de sa nuque. Veronica circulait en frappant chaque siège de libre. Tamara relança de nouveau la discussion.
– Il y a la fête ce soir ! N’est–ce pas les filles ? s’emballa–t–elle.
– On ne raterait ça pour rien au monde ! hurla Veronica comme une grosse fêtarde.
Tout d’un coup, Dieu seul sait pourquoi le visage de Tamara se tourna vers la gauche et s’est soudainement aperçue qu’un jeune homme était étalé au sol sous la pluie. Sa réaction ? Ni plus ni moins qu’un sourcil levé et des lèvres qui firent la moue ne comprenant pas ce que ce jeune homme avait à aimer se baigner sous cette pluie. Le chauffeur démarra. La victime avait du mal à se relever après s’être fait bousculé par des pouffiasses. Son derrière lui faisait terriblement mal. Ses vêtements et son sac étaient tout trempés et le bus partit sans lui.
***
Enfin arrivé chez lui après avoir attendu que le prochain bus arriva, il rentra dans sa chambre avec de grosses larmes dans les yeux du fait d'avoir encore passé une salle journée au lycée. Il s’enferma et balança son sac sur le sol et plongea sur son lit pour aller s’y allonger la tête entre les bras.