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Marathon men de Flo Renard (Prologue)
« le: lun. 10/04/2017 à 17:32 »
Marathon men par Flo Renard

PROLOGUE

 
    Le ciel était d’un bleu extraordinairement limpide. Un azur d’une grande pureté, lumineux, sur lequel se détachaient, au loin, les silhouettes de quelques oiseaux marins. Accoudé à la fenêtre de son nouveau chez-lui, Gwenaël inspira profondément l’air encore frais de cette matinée de printemps et demeura un instant à suivre les figures acrobatiques des mouettes. « Vue sur la mer » proclamait avec orgueil l’annonce qui avait loué les avantages du tout petit appartement sur lequel il avait arrêté son choix ; dans les faits, en se tordant le cou après avoir passé la moitié du corps par la fenêtre de la cuisine, on apercevait, par beau temps, un étroit rectangle bleu qui se découpait entre deux immeubles semblables au sien. En guise de compensation, la fenêtre du salon donnait sur une spectaculaire vue en contre-plongée de la basilique Notre-Dame de la Garde, dont la statue dorée de la Vierge à l’Enfant, qui se dressait à son point culminant, étincelait sous le soleil.
    Une bourrasque inattendue, étonnamment mordante, secoua les rideaux, rappelant que même à Marseille, mieux valait ne pas se découvrir d’un fil à la mi-avril. Avec un frisson, Gwenaël referma la fenêtre et fit face à l’espace à demi envahi de cartons dans lequel il allait vivre désormais.
    Tout s’était passé si vite qu’il avait encore du mal à prendre la pleine mesure du bouleversement qu’avait subi son existence. Un peu plus d’un mois auparavant, il résidait à Bordeaux chez sa petite amie et travaillait dans la grande distribution. Il commençait à mettre de l’argent de côté et envisageait d’emménager dans un logement plus spacieux quand Géraldine avait abruptement mis fin à leur relation. Trois jours plus tard, toujours sous le choc de la rupture, il avait été informé par son supérieur hiérarchique que, « n’étant pas suffisamment compétitif sur son poste », son contrat n’était pas renouvelé. Assommé, piteux, sans plus ni logement ni travail, il s’en était retourné habiter chez ses parents le temps de reprendre pied.
    C’est alors que son père, qui dirigeait une entreprise de location de matériel de chantier et travaux publics, lui avait proposé de prendre la responsabilité des opérations logistiques dans son entrepôt marseillais. Proposé était le terme officiel ; en réalité, il avait été parachuté là-bas pour remplacer au pied levé le précédent responsable, mis à la porte par son père lui-même à la suite de différends répétés. Gwenaël n’avait pas eu son mot à dire ; Fabien Salviat était un homme autoritaire qui dirigeait d’une égale poigne ses affaires et sa famille. Menées tambour battant, les modalités de remplacement avaient été bouclées en quelques jours et Gwenaël expédié à Marseille aussitôt qu’il y avait trouvé un logement à peu près décent.
    « Ça te fera une bonne expérience et te donnera l’occasion de t’affirmer un peu vis-à-vis des employés, avait conclu son père. Matthias me seconde déjà beaucoup mais, à terme, j’aurai besoin de toi et tu es encore loin d’avoir l’étoffe d’un vrai chef d’entreprise. Tâche donc d’être à la hauteur et ne pas faire les mêmes erreurs que cet imbécile de Dominguez.
    - Je… je ferai de mon mieux », avait affirmé Gwenaël, dont le balbutiement démentait l’assurance. De l’autre côté du bureau, Matthias, son frère aîné, avait lâché un reniflement plein de condescendance.
    « C’est pas gagné… » avait-il commenté, l’air narquois.
    Avec un soupir, Gwenaël s’empara d’un cutter et entreprit d’ouvrir le reste de ses cartons. Dans l’immédiat, mieux valait se vider la tête en achevant de ranger ses affaires. Si on lui avait demandé son avis, jamais il n’aurait accepté de travailler dans l’entreprise familiale. Comme l’avait dit son père, il n’avait pas la carrure d’un patron, et si Matthias avait hérité des qualités paternelles de meneur d’hommes et d’affaires, lui avait toujours été le timide de la fratrie, le suiveur ; le benêt, ou encore le couillon, disait Fabien Salviat avec une immanquable note de mépris dans la voix. Autant dire qu’il n’avait pas intérêt à se louper, sur ce coup-là.
    Et puis, peut-être était-ce une opportunité de laisser derrière lui cet enchaînement de déboires pour démarrer une nouvelle vie ?
"J'ai décidé d'être heureux parce que c'est bon pour la santé" (Voltaire)

 


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