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Le spammeur
« Plus tu oppresses, moins les acheteurs et les lecteurs potentiels s’empressent. »
Sur les réseaux sociaux, le spammeur est connu comme le loup blanc. D’ailleurs, plusieurs auteurs ont eu à s’en plaindre au moins une fois. Et pour cause, le spammeur passe volontiers pour un égocentrique. Il agit selon ses besoins et ses envies, au mépris de ceux des autres. Sans pour autant tomber dans les généralités, je dirais, d’après mes constatations, que le spammeur type a la cinquantaine bien tassée. Cela dit, vous pouvez aussi tomber sur un spammeur âgé d’une vingtaine d’années. Jeune ou moins jeune, comment opère-t-il ?
Il peut s’inviter dans vos messages privés et se lancer dans un monologue, au cours duquel il vous enverra le lien d’achat… de son livre. Certains spammeurs ne daigneront même pas vous adresser un « bonjour ». À quoi bon retenir les règles élémentaires de la bienséance, quand on peut se contenter d’être tout simplement… élémentaire ? Par « élémentaire », comprenez « droit au but », comme le footballeur Kylian Mbappé.
Si vous pensez que le spammeur cesse ses sollicitations lorsqu’il n’écrit pas, vous vous fourvoyez. Eh oui, à partir du moment où vous avez accepté de le suivre sur les réseaux sociaux, il s’estime en droit de vous inviter à suivre sa page Facebook. Il va de soi qu’il n’a aucunement l’intention de suivre la vôtre en retour, à moins que vous ne serviez ses desseins livresques. Certains spammeurs peuvent également vous envoyer leur dernier post Instagram ou leurs vidéos TikTok, toujours en omettant le fameux « bonjour ». Votre messagerie est devenue leur espace publicitaire.
Face à votre mécontentement, ils peuvent se montrer agressifs ou de mauvaise foi. L’un d’eux m’avait un jour envoyé le lien de sa dernière publication Instagram. Quand je lui avais fait savoir que je n’appréciais pas son initiative, j’ai reçu une leçon de morale sur l’importance des échanges entre auteurs.
Une autre fois, une autrice que je ne connaissais pas m’avait mentionnée dans un tweet, pour essayer de me vendre son livre jeunesse. Peu après l’avoir éconduite, j’ai récolté des commentaires désagréables de sa part. L’autrice, qui s’était soudainement découvert une âme de psychiatre, avait même posé un diagnostic sur ma santé mentale, pour un simple refus. Plutôt que de perdre mon temps à rétorquer, j’ai préféré bloquer l’autrice qui menaçait ma tranquillité d’esprit.
Je me suis aperçue, récemment, qu’une autre pratique avait vu le jour parmi les spammeurs ayant rejoint un groupe Facebook. Les spammeurs sont connus pour leur faculté à polluer les groupes Facebook, avec leurs livres, mais avez-vous entendu parler du up ? En quoi consiste-t-il ? « Faire un up » revient à écrire le mot up dans les commentaires de la publication. Le post, jusque-là « noyé dans la masse », remonte « à la surface ». Le up lui donne alors une nouvelle visibilité. Si, de temps à autre, le up peut se révéler stratégique, je vous déconseille de l’utiliser trop souvent. Vous irriteriez les administrateurs des groupes Facebook, qui pourraient, à terme, vous bannir. Par ailleurs, le up abusif est considéré comme impoli.
Enfin, parmi les spammeurs, j’ai pu relever quelques poètes Instagram. L’an passé, une jeune femme s’était abonnée à mon compte. Comme certains de mes contacts la suivaient, j’avais décidé d’en faire autant. Quelques minutes plus tard, un poème m’avait été transmis. Il s’agissait d’une ode à sa mère, envoyée de façon abrupte, sans même un « bonjour ». N’ayant pas apprécié, j’ai simplement répondu à la poétesse : « Ma mère est morte » – ce qui est vrai – avant de me désabonner dans la foulée.
Si vous tombez sur un spammeur, coupez court à la discussion ou au monologue, pour votre salut. La plupart des spammeurs ne comprendront pas pourquoi vous vous égosillez après eux.
Le vendeur à la criée
« Avant de vouloir écouler tes livres, travaille ta communication pour ne pas couler ton public. »
Plus inoffensif et moins intrusif que le spammeur, le vendeur à la criée multiplie les publications similaires autour de son livre, d’une manière que je juge contestable. La parcimonie, il ne connaît pas. Il publie les mêmes photos, à intervalles rapprochés, et serine les mêmes phrases ; tel un disque rayé. Ne détenant aucune compétence en marketing ou en communication, ni même en community management, je ne m’érige pas en « professionnelle des réseaux sociaux ». Je parviens, en revanche, à déceler les publications un peu trop redondantes à mon goût.
Au-delà de son côté répétitif, le vendeur à la criée se montre maladroit dans son approche, avec des phrases formulées de la façon suivante : « Qu’attendez-vous pour acheter mon roman ? » ; « Si vous ne savez pas quoi lire, vous pouvez toujours acheter mon ouvrage. » Dans le premier cas, je me sens secouée à la manière d’un shaker, voire légèrement agressée ; dans le second, j’ai envie de répondre que je sais toujours quoi lire, et qu’il existe plus de livres sur le marché que d’auteurs encore en vie. Les lecteurs ont donc l’embarras du choix. Si les posts du vendeur à la criée peuvent générer des ventes, de mon côté, je fuis à toutes jambes. Vous souvenez-vous de la comptine du Petit Bossu ? Quand le vendeur à la criée s’exprime, il m’arrive d’y songer et de me remémorer la définition du mot « politesse ».
J’ai relevé un autre travers chez le vendeur à la criée : il se montre égoïste, voire égocentrique. S’il peut vous remercier, par simple courtoisie, d’avoir partagé l’une de ses publications sur les réseaux sociaux, il partagera rarement les vôtres et ne vous likera quasiment jamais, à moins qu’il ne s’ennuie aux toilettes. Lorsqu’il s’aperçoit que ses posts n’ont pas l’effet escompté, il peut les partager une nouvelle fois, avec un commentaire destiné à « réveiller la foule ». Il m’est déjà arrivé de partager, pour la seconde fois, une publication que je jugeais invisible. Mais à la différence du vendeur à la criée, je procédais de cette manière en de rares occasions. Contrairement au spammeur, le vendeur à la criée vous semblera plus facile à ignorer.
Le twitto professionnel
« Avec le temps que tu passes à composer des tweets, tu pourrais écrire un roman. Les réseaux sociaux doivent servir ta visibilité, mais ta visibilité n’a pas vocation à servir les réseaux sociaux. »
Connaissez-vous des auteurs qui passent plus de temps sur les réseaux sociaux que sur leurs romans ? Moi, oui. Il suffit de me désigner du doigt ou de me héler dans la rue.
Après la sortie de mon premier roman, en août 2019, j’avais appris à me familiariser avec l’univers de Twitter. J’avais pourtant découvert la plateforme il y a quelques années, mais je n’étais pas très active. Malgré ma capacité à écrire beaucoup et mon imagination, que certains qualifieraient de « débordante » ou de « fertile », je n’avais pas su gérer mon temps sur les réseaux sociaux. En vérité, j’étais grisée par le monde de Twitter, et je cherchais à accroître ma visibilité, au détriment de l’essentiel : mes écrits, qui constituent mon cœur de métier, puisque j’exerce aujourd’hui en tant qu’autrice à plein temps. Bien entendu, je ne prends pas en compte mes prestations connexes, comme la bêta-correction, les montages et les communiqués de presse. Passer trop de temps sur les réseaux sociaux constitue un travers contre lequel je m’efforce de lutter au quotidien, par la mise en place d’un planning numérique pouvant être soumis à des aléas.
Comme l’a évoqué Mélanie Desforges, dans une vidéo YouTube, sans les réseaux sociaux, tu n’es rien. J’adhère à cette affirmation, car les réseaux sociaux servent la visibilité des auteurs. Le principal est de ne pas s’y noyer.
Je cite Twitter, parce que beaucoup d’auteurs y détiennent un compte. À mes yeux, il existe deux catégories de twittos professionnels : celui qui tweete trop, ce qui retarde la sortie de son prochain ouvrage, et celui qui tweete sur ses objectifs en matière d’écriture, sans jamais sortir un seul livre ; pas même une nouvelle de cinquante pages.
J’appartiens, assurément, à la première catégorie. Pendant longtemps, j’ai rivalisé d’imagination pour divertir les gens sur les réseaux sociaux. J’avais atteint mon objectif premier : gagner en visibilité afin que quelqu’un d’autre, hormis mon ordinateur, lise ma romance. Il m’est arrivé de culpabiliser, parce que j’avais laissé les réseaux sociaux prendre le dessus sur mes objectifs.
Qu’en est-il du twitto professionnel de la seconde catégorie ? Il affirme régulièrement qu’il doit écrire. Or, aucun de ses écrits ne sort au grand jour ; pas même sur Wattpad . Les personnes qui le suivent sur les réseaux sociaux doivent d’ailleurs se demander s’il écrit vraiment, ou s’il ne se contente pas de tenir un journal intime.
L’assisté
« Si tu sais utiliser Internet pour assaillir les autres auteurs de questions, tu sauras utiliser Internet pour trouver des réponses. »
Malgré sa présence sur les réseaux sociaux, l’assisté donne l’impression de ne pas avoir accès à l’information ou d’être déconnecté du monde. Ses questions sont excessives, et il ressemble à un enfant qu’il faut guider. La plupart du temps, les réponses à ses questions se trouvent sur Internet, ou dans la vidéo YouTube d’un auteur qui prodigue des conseils à ses pairs. Le comble, c’est qu’il suit cet auteur sur les réseaux sociaux.
Je me suis toujours prononcée en faveur de l’entraide et des élans de solidarité, mais je condamne l’abus. En effet, « aider » ne signifie pas « mâcher le travail ». Vous vous rappelez le numéro 12 ? Celui des renseignements ? Si vous l’avez oublié, l’assisté vous rafraîchira la mémoire en envahissant votre espace. Ses interrogations peuvent prendre deux formes : il peut les formuler en public, dans des groupes littéraires spécialisés, ou il peut vous envoyer un message privé pour que vous l’aiguilliez.
Tout le monde se renseigne, me direz-vous ; y compris moi. Mais je ne m’adresse aux autres que lorsque j’ai épuisé toutes mes ressources. L’assisté, lui, recherche la facilité au détriment des autres. Il ne déploie aucun effort pour trouver les réponses par ses propres moyens, et il pose des questions qui ont d’ores et déjà été maintes fois abordées par les personnes qu’il suit sur les réseaux sociaux.
La plupart des assistés auxquels j’ai eu affaire sont des auteurs indépendants qui donnent l’impression d’avoir publié un livre, sans avoir pris la peine de recueillir toutes les informations au préalable. L’auteur assisté peut notamment vous contacter pour vous demander comment publier la version numérique de son livre, sitôt son broché sorti. Il peut également revenir vers vous pour savoir comment publier son ouvrage ailleurs que sur Amazon, alors que le sujet a été évoqué, à de nombreuses reprises, sur les réseaux sociaux et sur les plateformes d’autoédition (AE), dont Amazon. Les questions peuvent aujourd’hui prêter à sourire, mais sur le coup, elles laissent perplexe.
Selon Maritza Jaillet, certains assistés la contactent, à plusieurs reprises, pour lui soumettre les mêmes questions ; des questions auxquelles elle avait déjà répondu.
Le réseauteur
« Les likes sont comme les antibiotiques ; ils ne sont pas automatiques. »
Avez-vous déjà remarqué que certaines personnes vous suivaient sur les réseaux sociaux, sans jamais interagir avec vous ? Si vous mettez de côté les personnes peu actives, les faux comptes et les abonnés plus intéressés par votre photo de profil que par votre contenu, vous risquez de tomber sur des réseauteurs.
Le réseauteur ne vous suit pas pour vos beaux yeux ni pour votre contenu. Vous n’avez aucun affect avec lui, et pourtant, il vous suit. Comme son nom l’indique, le réseauteur cherche à étendre son réseau. Si vous êtes un auteur, avec un minimum de visibilité, le réseauteur risque de s’abonner à votre compte. Vos likes et vos commentaires potentiels contribueront à le faire connaître en tant qu’auteur. Eh oui, à l’heure actuelle, sans les réseaux sociaux, les livres se vendraient nettement moins bien.
Contrairement au vendeur à la criée qui ne like jamais, le réseauteur like… si vous êtes assez proche de lui. Bien qu’il recherche la notoriété, comme beaucoup en ce bas monde, le réseauteur ne noie pas nécessairement son auditoire sous un verbiage autour de ses livres. Il peut même publier un contenu intéressant, voire instructif.
Néanmoins, il existe des réseauteurs dont les pratiques peuvent agacer. Parmi eux figure le primo-auteur réseauteur. Son premier livre vient de sortir, et il éprouve le besoin de s’intégrer à la communauté littéraire pour se faire connaître. Comment procède-t-il ? Tant qu’il n’est pas très suivi ni très connu à son goût, il vous likera et laissera des commentaires sous vos publications. Une fois son répertoire rempli, vous n’existez plus. Il peut même se désabonner de votre compte et analyser votre liste d’abonnés, en douce et avec soin. Il « piochera dedans » pour trouver de nouvelles personnes à suivre et se désabonnera aussitôt, si lesdites personnes ne lui procurent aucune satisfaction. J’en ai fait l’expérience avec un primo-auteur qui s’était adressé à moi pour les montages de son livre. Comme il abusait de la stratégie du follow / unfollow , avec d’autres auteurs que je connaissais, je m’en suis rapidement aperçue. Je condamne cette pratique, mais dans mon cas, je considère que c’était un mal pour un bien. En effet, l’intéressé endossait, en même temps, les casquettes de réseauteur et de vendeur à la criée.
Le perfectionniste
« À quoi bon douter, te relire et te corriger jusqu’à t’en rendre malade ? Si la perfection n’est pas de ce monde, elle ne se trouve certainement pas dans les livres que tu écris. À force de vouloir trop bien faire, tu finis par mal faire. »
Le perfectionnisme constitue une véritable plaie à supporter au quotidien. Je peux en parler en connaissance de cause, puisque je fais partie des auteurs perfectionnistes. Or, mes ouvrages ne sont pas exempts de défauts, à commencer par les coquilles que mon œil, pourtant aguerri, n’est pas parvenu à déceler. Certes, les personnes qui m’ont lue m’ont indiqué qu’elles étaient peu nombreuses, mais la moindre erreur va m’irriter ; surtout si je suis directement concernée et s’il s’agit de quelque chose que j’aurais pu éviter, d’une façon ou d’une autre.
Syndrome de l’imposteur (ou de l’autodidacte) et perfectionnisme vont généralement de pair. Le perfectionniste cherche tellement « la petite bête » qu’il doute en permanence. Il n’aime pas le travail bien fait, mais le travail parfait. Éprouvant toutes les peines du monde à déléguer, il se déclare rarement satisfait.
Pourquoi le perfectionniste agace-t-il autant ? S’il perçoit aisément les défauts des autres, dites-vous que c’est pire lorsqu’il s’agit de sa propre personne. Il avance sur ses écrits plus lentement que ses « collègues auteurs », vu qu’il passe son temps à se questionner : lors de la phase d’écriture et au cours de ses multiples relectures. Les corrections de ses écrits s’éternisent, et ses interminables modifications risquent de dénaturer le contenu initial. Lorsque le perfectionniste se retrouve face à lui-même, la plupart de ses phrases commencent de la même façon : « Et si… » Or, comme le veut l’expression, « avec des si, on mettrait Paris en bouteille. »
Les efforts du perfectionniste se révèlent-ils payants ? Dans le milieu du livre, pas toujours. La plupart des lecteurs préféreront une histoire qui les fera vibrer, à la qualité de la langue. Ils auront tendance à se procurer des ouvrages qui auront créé le buzz – même si, parmi eux, certains sont mal écrits – plutôt que de se tourner vers un auteur « inconnu » qui s’exprimera correctement dans la langue de Molière. Enfin, le prix du livre et la couverture peuvent influer sur le choix du lecteur, sans compter que certains auteurs savent faire jouer leurs relations pour déclencher davantage de ventes. Je ne fais pas partie de ceux-là, vu que j’ai une sainte horreur de l’hypocrisie.
On ne naît pas perfectionniste ; on le devient. Avec des parents asiatiques autoritaires et peu enclins au pardon, mon sort de « perfectionniste en devenir » était déjà scellé. Il l’était davantage lorsqu’ils ont décidé de m’inscrire dans une école privée élitiste, dans laquelle je devais me surpasser en permanence. Mes profs ne manquaient pas non plus de me le rappeler. Une phrase revenait souvent au sein de mon établissement : « Si vous ne retenez pas ceci, vous irez bosser comme caissière ou vous finirez éboueur. » Charmante perspective quand on aspire à autre chose, n’est-ce pas ? Alors que ne pas retenir une leçon, au sens scolaire du terme, ne condamne absolument pas votre vie. J’ai donc grandi avec le sentiment que je devais toujours en faire plus, dans chaque tâche que j’accomplissais. Rien n’était jamais suffisant ni assez bien.
À force de vouloir trop en faire, on finit par mal faire. Après tout, ne dit-on pas que le mieux est l’ennemi du bien ? Le compte Savoir du Monde, auquel je suis abonnée sur Twitter, a partagé une citation que je trouve intéressante : « Trop réfléchir pousse systématiquement le cerveau à faire une fixation sur toutes les choses négatives. » Le perfectionniste gagnerait donc à lâcher prise de temps à autre. En constatant qu’il n’est pas si mal loti, il ne s’en porterait que mieux.
Le compte Mindset, dont j’apprécie les pensées, a publié la phrase suivante : « Être perfectionniste et avoir des normes élevées pour soi-même peut rendre difficile la confiance en vos compétences, car vous visez constamment une perfection inaccessible. » Puisque je parle de perfectionnisme et de perfection, je ne peux qu’admettre la véracité de cette phrase, hélas. Lorsque je me penche sur mes textes, seuls leurs défauts me sautent aux yeux. D’ailleurs, personne ne peut se montrer plus critique envers moi que moi-même : ni mes parents, avec leur éducation rigoriste, ni mes ex durant nos querelles. Quand des personnes que je corrige ou que je bêta-corrige me disent : « Sophie, t’es drôlement intransigeante ! », j’ai envie de sourire. Elles n’imaginent pas à quel point ma dureté est amplifiée lorsqu’il s’agit de mes propres livres. Je retire néanmoins un avantage de mon perfectionnisme handicapant : celui de pouvoir anticiper les remarques désagréables de mes détracteurs…
Le rebelle
« Pour t’épanouir dans ton art, tu dois d’abord apprendre les règles et les respecter. »
Comme le suggère son appellation, le rebelle représente l’exact opposé du perfectionniste ; ce qui, en un sens, lui évite pas mal de nœuds au cerveau et à l’estomac. Certaines personnes, à l’instar de mon ex-compagnon, affirment que la méchanceté conserve. Il en va de même pour le je-m’en-foutisme du rebelle. Existe-t-il un profil type ? Oui, l’auteur autoédité ou indépendant.
Si les lecteurs du rebelle n’apprécient pas sa prose truffée de coquilles, lui, semble bien le vivre. Bien qu’il ne cherche pas à corriger son ouvrage, il n’abandonne pas pour autant sa promotion. Face aux fautes de français, certains rebelles prôneront la liberté d’expression pour se défendre. Ils déclareront que l’autoédition repose sur la possibilité de s’exprimer sans la moindre contrainte : « Si j’avais voulu me soumettre à des règles, j’aurais envoyé mon manuscrit à une maison d’édition. » Même si je trouve cette réaction déconcertante, j’ai dû m’y accoutumer, tout comme l’autrice Maritza Jaillet au moment des chroniques.
L’absence de recherches peut également devenir un sujet houleux, dès lors que vous vous retrouvez confronté au rebelle. Il ne comprendra pas les incohérences relevées dans ses ouvrages ni les critiques que vous formulerez à son endroit : « Les recherches ? Pour quoi faire ? Mon roman, c’est de la pure fiction ! » Il jugera donc normal que dix petits kilomètres séparent Paris de Los Angeles dans l’un de ses livres. Or, même dans la fiction, certaines données doivent cadrer avec la réalité. C’est ce que rappelle Mélanie Desforges dans son podcast Erreur n°17 : pas assez de recherches, que vous pouvez écouter sur YouTube. Maritza Jaillet aborde également ce thème sur sa chaîne YouTube, TataNexua. Elle l’évoque dans plusieurs vidéos dont Arrêtez avec vos put… d’erreurs ! et Les recherches #5.
Le je-m’en-foutisme du rebelle ne s’arrête pas aux coquilles relevées ni aux « non-recherches ». Sinon, ce serait trop simple. Maritza et moi mettons régulièrement en avant les auteurs, notamment sur YouTube. Les conditions que nous avons posées, pourtant simples à respecter, vont être enfreintes par le rebelle. Vous avez demandé une première de couverture ? Il vous fournira la maquette de son livre ou la capture d’écran de la page de résultats Amazon, sur laquelle figure son ouvrage. Dans son message, vous sentez qu’il manque les mots suivants : « Débrouille-toi avec ce que je viens de t’envoyer ; j’ai mieux à faire. » Parfois, le rebelle prétendra qu’il n’a que son broché ou que la maquette de son livre. Pourtant, lorsque j’effectue une recherche sur Internet, je parviens, bizarrement, à mettre la main sur sa couverture ; et sur plusieurs sites. Étonnant, non ? L’esclavage ayant été aboli par Victor Schœlcher, je refuse désormais de « traiter » avec les auteurs rebelles.
Le génie incompris
« Une critique négative peut être constructive, lorsqu’elle émane de quelqu’un de bienveillant qui sait choisir ses mots. »
Imbu de lui-même, le génie incompris se manifeste après le retour d’une chronique sur l’un de ses ouvrages. Vous n’avez pas apprécié ce qu’il a écrit ? Vous trouvez qu’un paragraphe pourrait être amélioré ? Qu’à cela ne tienne, le génie incompris se comporte comme un guerrier prêt à attaquer. Après tout, ne dit-on pas que la meilleure défense, c’est l’attaque ? Avec le génie incompris, tous vos arguments, quels qu’ils soient, seront contrés. Si sa plume ne vous a pas transporté, c’est votre faute, pas la sienne. Votre cerveau se révèle trop défaillant pour comprendre ce qu’il a écrit, voyons.
Comment ai-je découvert l’existence du génie incompris, alors que je n’ai jamais eu affaire à lui ? Je croise les doigts pour ne pas en croiser un. La répétition du verbe « croiser » est volontaire. J’ai écouté les anecdotes de Maritza Jaillet et de Mélanie Desforges. Respectivement chroniqueuse et ex-chroniqueuse, elles lisent plus régulièrement que moi. Par « lire », entendez « lire les auteurs qu’elles côtoient sur les réseaux sociaux ». Autant dire qu’elles sont habituées à échanger avec bon nombre d’entre eux dont certains peuvent se montrer contestataires. Ma pile à lire déborde, mais je chronique au compte-gouttes. Lorsque j’effectue une bêta-correction, les oppositions se font rares. Comment rejeter une règle de français, alors que je soumets, à l’auteur concerné, des liens explicatifs renvoyant vers des sites sérieux, comme Le Robert ou le Projet Voltaire ? En matière de lecture, si l’on excepte la qualité de la langue, tout repose sur les ressentis. Les goûts et les couleurs de chacun ne se discutent pas, mais pour le génie incompris, si.
Il y a quelque temps, Maritza Jaillet avait d’ailleurs dénoncé le comportement de certains génies incompris qui s’étaient permis d’insulter des chroniqueurs, une fois le travail rendu. Des chroniques, j’en ai eu ; des bonnes et des moins bonnes ; des négatives et des positives. Je suis même tombée sur de mauvaises chroniqueuses dont l’une s’était évaporée dans la nature, sitôt le livre reçu. Or, à aucun moment il ne me viendrait à l’esprit d’insulter une chroniqueuse. Oui, dans mon cas, j’ai essentiellement affaire à un public féminin. Si l’envie vous démange et si vous sentez que vous vous transformez en génie incompris, dites-vous qu’un livre, qui ne récolte que des critiques dithyrambiques, paraît tout de suite suspect aux yeux des acheteurs potentiels.
Le Calimero
« Au lieu de geindre en public, sers-toi de tes plaintes ou de tes doléances pour écrire un livre. Ainsi, ta colère et ton chagrin deviendront constructifs. »
Calimero désigne un personnage de dessin animé, représenté par un poussin noir dans une portée de poussins jaunes. Une coquille d’œuf à moitié brisée lui sert de couvre-chef. Se plaignant souvent, Calimero s’est fait connaître grâce à sa phrase fétiche, aujourd’hui devenue culte : « C’est vraiment trop inzuste ! » Vous noterez, au passage, son zézaiement .
Un individu qui se plaint et qui se sent persécuté est, de facto, qualifié de Calimero. Beaucoup d’auteurs, à l’instar de Maritza Jaillet, utiliseront le sobriquet Ouin-Ouin pour le qualifier. Comment opère le Calimero ou le Ouin-Ouin ?
À en juger par ses propos, le monde entier lui en veut, et il est frappé par la malchance depuis sa naissance. Vous souvenez-vous des sorcières créées par Roald Dahl, ou des bons gros méchants qui apparaissent dans les films d’animation Disney ? Eh bien, le Calimero les a tous connus et affrontés. Dans ses publications, il respire rarement le bonheur, et il déverse ses malheurs sur les réseaux sociaux. Son public, c’est son journal intime, comme s’il ressentait le besoin de trouver une oreille compatissante qui garantira sa position de « victime ».
Comme le précise Maritza Jaillet, le Calimero possède « un ego sous-dimensionné ». Intimement persuadé que ses écrits ne valent pas grand-chose, il finit par éloigner les lecteurs potentiels, à force de répandre des pensées négatives autour de lui.
Qu’en est-il des ouvrages du Calimero ? Les jérémiades de ce dernier le freinent dans sa production littéraire, alors qu’il pourrait, s’il le souhaitait, se servir de ses malheurs pour alimenter le contenu de ses livres. L’écrivain Philippe Sollers, que j’avais mentionné dans ma première romance, Un deal pas très catholique, avait notamment déclaré : « Composer un livre, seul moyen de parler de soi sans assister à l’ennui des autres. » Ceux qui me suivent sur les réseaux sociaux doivent se souvenir de cette citation, car je l’ai récemment partagée. « L’auditoire » des réseaux sociaux possède un seuil de tolérance limité, à l’égard des personnes qui se plaignent en permanence. L’inspiration, elle, ne comporte aucune limite. Le Calimero ferait donc bien de méditer sur les mots de Philippe Sollers.
Si les livres du Calimero ne se vendent pas suffisamment à son goût, il geindra deux fois plus : « Pourquoi personne n’achète mes livres ? » Dans ce contexte précis, Maritza Jaillet qualifie le Calimero de saule pleureur. Ne parvenant pas à gérer sa frustration, ce dernier peut hurler son indignation ou devenir agressif sans crier gare.
Une autrice s’est récemment servie des Stories Instagram pour se plaindre, car malgré la baisse du prix, ses livres ne semblaient pas intéresser grand monde. À mon sens, l’autrice ne soulève pas les bonnes questions. Elle devrait se demander si sa couverture donne envie, si sa manière d’écrire est correcte et si elle communique assez autour de ses livres, sans se montrer maladroite. En se défoulant dans les Stories, elle vient de commettre un impair et d’écorner son image. Dans la vidéo éponyme qu’il a publiée sur YouTube, le coach en séduction Charles Lovecoach martèle cette phrase : « La pitié ne crée pas de désir ! » Si le principe se vérifie en matière amoureuse, je pense qu’il s’applique également à la vente et aux auteurs…
Le philanthrope
« Un produit, même exceptionnel, doit être porté à la connaissance de tous pour être vendu. »
Comme son nom l’indique, le philanthrope écrit par passion. Jusque-là, rien d’anormal. Mais tout se corse lorsqu’il s’agit de promouvoir ses ouvrages. J’ai découvert l’existence du philanthrope grâce aux témoignages de Maritza Jaillet. D’après les propos recueillis, le philanthrope ne comprend pas que le livre représente un produit qu’il faut vendre.
Diamétralement opposé au spammeur et au vendeur à la criée, dont l’excès et l’exubérance font fuir, le philanthrope considère que le livre se vendra tout seul une fois sorti, ou que l’écriture supplante la communication et la publicité. Tant que le philanthrope produit, il se sent heureux.
Un proverbe chinois pourrait s’appliquer à son cas : « Ne vous mettez pas en avant, mais ne restez pas en arrière. » En effet, si le philanthrope était si peu motivé à l’idée de faire connaître son ouvrage, il aurait été préférable de le laisser prendre la poussière dans un tiroir. Au moins, le tiroir ne prend pas de sous. Pour économiser de l’encre, le philanthrope aurait même pu laisser son texte sur son ordinateur ou sur un disque dur externe. Comme l’explique Maritza Jaillet, à partir du moment où un ISBN a été attribué, le livre doit être promu pour être vendu.
Le marketeur
« Vendre beaucoup, après avoir bien travaillé ta communication et analysé ce qui plaît au public, ne fait pas de toi un auteur qui écrit mieux que les autres et qui maîtrise mieux la langue. Tu es juste astucieux et intuitif. Ne confonds pas non plus vitesse et précipitation : dans le premier cas, tu te montres efficace ; dans le second, le travail est bâclé. »
Contrairement au philanthrope, le marketeur sait se vendre. Bien qu’il n’ait pas toujours suivi des cours de marketing, il se comporte comme s’il en connaissait toutes les ficelles. Le philanthrope devrait d’ailleurs s’inspirer du marketeur, car dans la majorité des cas, les stratégies de celui-ci se révèlent payantes. Sur Amazon, le marketeur ne récolte pas moins de cinquante commentaires sur chacun de ses ouvrages, et les performances de ses ventes méritent d’être applaudies. Néanmoins, l’attitude de certains marketeurs ne donne pas envie de les côtoyer.
Pour préserver leur anonymat, beaucoup d’auteurs masquent leur visage sur les réseaux sociaux. Le marketeur type, lui, ne s’en soucie pas. N’hésitant pas à jouer sur son image, il poste régulièrement des selfies et des vidéos dans lesquels il se prend pour un top model, prêt à rivaliser avec le mannequin Heidi Klum. Il m’arrive, de temps à autre, de tourner une petite vidéo ou de poster des portraits de moi pour m’adresser à la communauté littéraire. Or, à côté du marketeur type, plus à l’aise dans ses baskets, je fais pâle figure.
Sous prétexte qu’ils écoulent facilement leurs livres, certains marketeurs se sentent supérieurs aux autres auteurs et n’hésitent pas à le montrer avec des mots pleins de suffisance. Quand je vois défiler la publication d’un marketeur condescendant, mon aversion pour la violence disparaît instantanément ; l’uppercut de Mike Tyson et le coup de boule de Zinedine Zidane ressurgissent aussitôt. Comme c’est étrange…
En matière d’écriture, certains marketeurs vont plus vite que Bip Bip . Ils sont capables de sortir un livre tous les trois mois. La qualité du contenu dépendra des compétences du marketeur et de ses limites en français. Certains marketeurs rendent un travail globalement propre, tandis que d’autres fournissent un texte peu abouti, comportant des coquilles gênantes qui auraient pu être gommées – s’ils s’étaient davantage penchés sur leurs ouvrages. En effet, il est extrêmement rare qu’un correcteur professionnel trouve le temps de vous corriger en moins de trois mois. Vous n’êtes pas tout seul sur son planning ! Et, à moins d’être un as de la langue de Molière, les logiciels de correction, comme Le Robert et Antidote, ne suffisent pas.
Le mendiant
« Mendier de l’attention te fait perdre de l’attention. Tes livres sont dévalués avant même d’être évalués. Ils ne peuvent plus être valorisés, parce que tu t’es dévalorisé. »
Si le Calimero s’épanche en public sur tous les aspects de sa vie ou presque, le mendiant se concentrera uniquement sur certains aspects, en vue de susciter de la pitié. Il comptera sur votre compassion pour vendre ses livres. Certains mendiants pourront vous sortir : « S’il vous plaît, mon chat n’a pas mangé depuis trois jours. Achetez mon livre ! » Vous trouvez cette phrase pathétique et exagérée ? Au grand dam de Maritza Jaillet, elle comporte un air de déjà-vu. Si Maritza ne m’en avait pas touché deux mots, pour l’écriture de mon livre, je n’aurais pas découvert le « slogan spécial mendiant ».
À mes yeux, la promotion d’un produit s’apparente à la séduction. Vous mettriez-vous en couple avec une personne qui vous supplie de le regarder, de lui écrire et de l’aimer ? Je suppose que non. Vous seriez davantage attiré par ses qualités et par sa manière de vous combler. Eh bien, pour la vente d’un livre, le principe demeure le même : les lecteurs potentiels se tourneront davantage vers un livre susceptible de les ravir, plutôt que vers un auteur qui aura mendié, en se servant de ses déboires. Certes, la plupart des auteurs gagnent peu. Mais ils ne sont pas encore à la rue.
Le vantard
« C’est en te vantant que tu engendres défiance plutôt que confiance. En exagérant tes mérites, tu incites les gens à croire que tu leur vends du rêve. »
Le vantard se cache partout, y compris parmi les auteurs. Il vous sidérera par son aplomb. Pendant que vous vous ingéniez à promouvoir efficacement vos ouvrages, il multipliera les superlatifs pour décrire ses livres et ses personnages. Comme par hasard, ces derniers sont tous beaux, magnifiques, forts, formidables, géniaux… Le vantard n’hésitera pas non plus à répéter que leur histoire mérite d’être lue. Tandis qu’il enfile les termes laudatifs, comme on enfilerait les perles sur un collier, je vois la brioche de la pub Vahiné se dresser devant moi. Comme elle est sympathique, elle me met en garde : « Vahiné, c’est gonflé ! »
Certains auteurs vantards comparent même leur style d’écriture avec celui d’un écrivain connu : « Si vous aimez Stephen King, vous adorerez mon roman. J’écris comme lui ! » Je caricature à peine. D’autres auteurs vantards, en revanche, préféreront la sphère cinématographique pour s’autocongratuler : « Ce soir, TF1 diffusera le magnifique film réalisé par Steven Spielberg. Mes protagonistes sont aussi magnifiques que les héros du film. En effet, à la cinquantième minute et à la trente-sixième seconde, on peut voir que Jean-Eustache a des poils aux fesses similaires à ceux de Brad Pitt… » J’ironise, mais l’idée reste la même dans l’esprit de l’auteur vantard qui aurait mieux fait de garder à l’esprit ce proverbe québécois : « Toutes marchandises vantées perdent leur prix. »
En outre, j’ai découvert qu’une infime poignée d’auteurs vantards attribuaient des notes à leurs propres livres, sur des sites comme Booknode ou Babelio . Booknode permet de classer les ouvrages lus au sein de plusieurs catégories : « Diamant », « Or », « Argent », « Bronze », « Lu aussi », « En train de lire », « Pas apprécié », « Envies » et « PAL » . Comme vous pouvez vous en douter, les catégories « Diamant » et « Or » concernent les livres que vous avez préférés. Eh bien, le vantard n’hésitera pas à classer son propre livre dans la catégorie « Diamant » ou « Or ». Il déposera également un avis dans lequel il louera les mérites de son livre. S’est-il montré suffisamment malin pour prendre un pseudonyme qui ne ressemble pas à son nom de plume ? La réponse est non. Je ne vous apprends donc rien en vous disant que Jean-Eustache de La Vantardise et JE de La Vantardise sont bien une seule et même personne.
Plutôt que de s’écouter parler, le vantard devrait retenir ce proverbe kurde que je trouve très sage : « Se vanter d’une belle action est plus facile que de la réaliser. » En effet, j’ai remarqué que certains auteurs vantards étaient loin d’avoir sorti des livres exempts de fautes de français. Je ne parle pas de quelques fautes de syntaxe ou d’orthographe, mais d’une flopée. Quant aux autres auteurs vantards, la plupart sont loin d’avoir remporté l’adhésion du public concernant leurs ouvrages. Leur lectorat se compose principalement de personnes qui leur sont proches, ou avec lesquelles ils ont noué des liens sur les réseaux sociaux.
Le créateur d’embrouilles
« Si tu veux déclencher un conflit, crées-en un entre les personnages de ton roman, et non sur les réseaux sociaux. Ainsi, les personnes dotées d’une certaine intelligence ne remettront pas en question la tienne ou ne douteront pas de ta santé mentale. »
Connaissez-vous les mots shitstorm et drama ? S’ils ne vous disent rien, le créateur d’embrouilles les connaît par cœur. Le terme anglais shitstorm, pouvant être remplacé par celui de drama, signifie littéralement « tempête de merde ». À l’échelle d’Internet, le shitstorm désigne un déferlement de commentaires haineux ou de critiques virulentes, à l’encontre d’une personne, d’un groupe de personnes ou d’une entreprise, à la suite d’un scandale initié par l’utilisateur d’un réseau social ou d’un forum.
Avant de publier mes romans, j’ignorais l’existence des mots shitstorm et drama. Me jugeant inculte, l’oiseau bleu de Twitter a décrété que je devais être impliquée dans l’un d’eux pour en découvrir la définition.
Comment naît un shitstorm ou un drama ? Tout est matière à shitstorm ou à drama, pour le créateur d’embrouilles : vous avez eu le malheur de vous désabonner de son compte ? Hop, shitstorm. Vous l’avez bloqué parce qu’il nuisait à votre bien-être ? Shitstorm. Vous préférez les culottes à pois rouges, alors qu’il préfère les slips jaune poussin ? Shitstorm. Vous mettez trop d’émojis dans vos publications ? Shitstorm.
Le terrain favori du créateur d’embrouilles ? Twitter ; décrit par certains influenceurs comme le réseau social le plus délétère. En tant que « cibles », Maritza Jaillet et moi-même ne le savons que trop bien. Il faut avouer que traîner sur Twitter revient à crier sur la place publique, ce qui n’est pas sans rappeler la place de Grève et ses pendaisons. Les posts sont plus visibles sur Twitter, contrairement à Facebook qui se veut plus communautaire. Quant à Instagram, les commentaires qui apparaissent sous les posts ne sont pas mis en exergue, et il est aujourd’hui possible de les masquer. Néanmoins, des commentaires peu amènes peuvent également « germer » sur Instagram. Ce fut le cas pour moi, en raison de mes connaissances sur les codes hexadécimaux. Ces derniers permettent de déterminer les couleurs, dans les domaines du webdesign et du graphisme.
Le créateur d’embrouilles cherche à attirer l’attention ou à se faire plaindre. Doté d’une intelligence limitée, il se croit malin. Il mentionnera sa « cible » dans la publication empoisonnée qui conduira au drama. Il se montrera violent ou jouera les « victimes », en fonction de la situation : « Sophie Lim s’est désabonnée, et Maritza Jaillet a appelé sa chatte Maki au lieu de Sushi. Mélanie Desforges préfère les points de croix aux points de suture. Vous vous rendez compte ? ? ? » Oui, on se rend compte de ta bêtise et de ton attitude de gamin.
Le créateur d’embrouilles peut même aller plus loin, en faisant circuler les captures d’écran des messages privés que vous avez échangés. Il les tronque et les sort de leur contexte, afin d’amener la communauté littéraire à vous détester ou à vous tourner le dos. C’est du vécu. Une autrice que j’avais bloquée avait fait circuler mes messages privés, alors que je m’étais confiée à elle à l’époque où nous étions « amies ». Sortis de leur contexte, mes propos ont été mal interprétés, et beaucoup d’auteurs ont considéré qu’il fallait me fuir comme la peste. Surexposée, Maritza a subi le même traitement, avec des personnes différentes.
Je reçois régulièrement des messages privés dans lesquels des auteurs se livrent. Si j’agissais de la même manière que le créateur d’embrouilles, je déclencherais une Troisième Guerre mondiale entre auteurs, ou entre auteurs et chroniqueurs. Comme l’indique la célèbre phrase, attribuée au philosophe allemand Friedrich Nietzsche, « ce qui ne me tue pas me rend plus fort. » Les gens qui sont restés autour de moi sont ceux qui connaissent ma véritable valeur. Je ne me sens donc pas triste d’avoir « perdu » des personnes malléables ou qui n’en valaient pas la peine. D’après une citation trouvée sur Facebook, et dont j’ignore la paternité, « les faux amis croient aux rumeurs. Les vrais amis croient en vous. » C.Q.F.D.
Le créateur d’embrouilles risque-t-il une sanction pénale ? Oui, mais dans les faits, la preuve reste difficile à rapporter ; raison pour laquelle je n’ai pas souhaité porter plainte. Qu’il s’agisse d’un support numérique ou d’un support papier, nul n’est autorisé à divulguer vos correspondances privées sans votre consentement, sous peine d’enfreindre l’article 226-15 du Code pénal, portant sur l’atteinte au secret des correspondances. La violation dudit article est punie d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.
Réprimé par l’article 222-33-2-2 du Code pénal, le cyberharcèlement, d’ordre moral ou sexuel, est passible d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. Si vous en êtes victime, vous pouvez demander, dans un premier temps, le retrait des publications délictuelles. Le cyberharcèlement est caractérisé, dès lors que survient un harcèlement moral ou sexuel, commis par voie électronique. Ledit harcèlement concerne les injures, les insultes et les actes de diffamation, provenant d’un site Web ou des réseaux sociaux. Il peut prendre diverses formes : intimidations et menaces en ligne, propagation de rumeurs, piratage de comptes et usurpation d’identité numérique, création d’un groupe de discussion à l’encontre d’une personne désignée, publication d’une photo ou d’une vidéo compromettante pour la victime.
Le « cyberharcèlement en meute », aussi appelé « raid numérique », a été intégré au Code pénal depuis la loi Schiappa du 3 août 2018. Le « cyberharcèlement en meute » constitue une attaque coordonnée et simultanée, de la part de plusieurs individus qui unissent leurs forces, en vue de harceler quelqu’un sur la Toile.
Il va de soi que je condamne de telles pratiques, dont j’ai moi-même été victime lorsque j’ai gagné en visibilité sur les réseaux sociaux. Quelques mois après la sortie de mon premier roman, un auteur s’était rendu sur le blog d’une chroniqueuse pour critiquer ma romance. Éconduit par la chroniqueuse, il avait ouvert un compte Twitter et avait posté plusieurs publications médisantes, au sujet de mon roman. Je n’ai toujours pas découvert qui se cachait derrière ce sinistre individu.
La plupart du temps, le créateur d’embrouilles ignore qu’il outrepasse les limites légales. Il pense souvent qu’il peut agir en toute impunité, ce qui explique pourquoi il multiplie les plaisirs dans son « entreprise de démolition ». Le subtweet et le QRT font également partie des spécialités sournoises du créateur d’embrouilles. Je les aborde dans mon article de blog, intitulé « Le vocabulaire du Twitter littéraire ».
Diminutif de subliminal tweet, le subweet consiste à critiquer ouvertement une personne sans la mentionner directement. Le détracteur fournit suffisamment d’indices permettant aux twittos de deviner l’identité de sa « cible ». En usant de cette pratique, le créateur d’embrouilles, qui se croit omnipotent, laisse libre cours à sa créativité. Sa langue vipérine ne connaît aucune limite.
Acronyme du terme anglais quote retweet, le QRT – ou tweet cité, en français – n’est autre que le partage d’un tweet, accompagné d’un commentaire. Par ce biais, le créateur d’embrouilles attaque l’auteur du tweet ou détourne l’origine de la publication en lui attribuant un autre sens. Son objectif ? Répandre des rumeurs ou divulguer de fausses informations, en songeant : « À défaut d’attirer les gens avec les couvertures de ses livres, pourquoi ne pas se montrer retors et tirer la couverture à soi ? »
Le créateur d’embrouilles éprouve le besoin d’engendrer du drame ou de la tragédie pour se sentir exister. Or, comme il n’est pas aussi doué que Shakespeare, Corneille ou Racine, Twitter est devenu son théâtre. Bien souvent, il avance dans ses écrits à la vitesse d’un escargot, alors qu’il pourrait retranscrire sa rage dans ses œuvres, notamment en donnant vie à un personnage sadique au sein d’une fiction ; un personnage aussi sadique qu’Akito Sohma dans Fruits Basket , par exemple…
L’influençable
« Fie-toi à ton propre jugement, au lieu de te laisser obscurcir par celui des autres. Il vaut mieux conduire ton propre troupeau, plutôt que d’en suivre un. »
Le créateur d’embrouilles vous a pris en grippe et médit sur votre compte ? D’autres personnes vous qualifient de « gourou » ou de « sorcière » sans vous connaître ? L’influençable, avec lequel vous n’avez jamais échangé, ou très peu, se détournera de vous tôt ou tard, puisqu’il écoute les qu’en-dira-t-on en se fiant à eux. Il cessera de vous suivre sur les réseaux sociaux ou il vous bloquera ; au choix. Si cela vous arrive, dites-vous que vous n’avez rien perdu au change ; juste une personne inintéressante qui vous a rendu service en partant. Vous avez tellement plus à offrir : à vos proches et à d’autres auteurs, chez lesquels le mot « soutien » ne représente pas qu’un vain mot. Bien qu’ils ne se manifestent pas toujours, vos lecteurs existent.
Quelques auteurs influençables se tiennent loin des embrouilles. Cependant, ils répondront présents lorsqu’un projet d’écriture germera dans leur esprit. Leur créativité doit suivre un certain schéma, dicté par les on-dit, et leur rapport à l’écriture peut revêtir un « côté scolaire ». Si un autre auteur affirme qu’il vaut mieux utiliser l’orthographe réformée dans ses ouvrages, l’influençable suivra le mouvement et troquera l’orthographe traditionnelle contre celle de 1990. S’il entend que la romance se vend mieux que les romans de science-fiction, il pourra même abandonner son projet de départ pour en entamer un autre. D’après les propos de ses chers « collègues auteurs », écrire une romance lui permettra d’égaler Guillaume Musso ; d’où l’intérêt de se conformer à la masse, vous comprenez. En bon influençable qu’il est, il obtempère, sans se demander si ses nouveaux choix lui conviennent ou pas ; il ne s’interroge pas sur la pertinence des « conseils » donnés. Pour l’influençable, se contenter de faire évoluer ses écrits au gré du vent se révèle tellement plus simple à mettre en place.
L’imitateur
« Quand tu imites quelqu’un, dans les moindres détails, tu ne crées pas vraiment. Tu deviens une pâle copie, et tu ne vis que dans l’ombre de ce quelqu’un ; à travers et en fonction de lui. »
Bien qu’il ait des genres littéraires de prédilection, l’imitateur sera davantage à l’affût des « recettes miraculeuses » ; celles qui le conduiront au succès. Or, contrairement au marketeur, il n’étudie pas les stratégies marketing. Il préférera calquer ses histoires sur celles d’un écrivain mondialement connu, comme Stephen King ou J. K. Rowling. Faire preuve d’originalité ? Pour quoi faire ? Celle de l’imitateur se trouve dans les ouvrages écrits par d’autres.
Pour l’imitateur, « s’inspirer » reviendra à « piquer » les idées d’autrui en les reformulant… ou pas. En effet, certains imitateurs n’hésitent pas à reproduire, au mot près, des paragraphes entiers d’œuvres déjà existantes. Le Code de la propriété intellectuelle et les droits d’auteur ? Il s’assoit dessus, surtout s’il compte rester un auteur autoédité. Eh oui, certaines maisons d’édition sont désormais équipées d’un logiciel anti-plagiat, ce qui peut mettre à mal les rêves de gloire de l’imitateur.
Quelles sont les différences entre « puiser son inspiration » et « plagier » ? Dans le premier cas, vous façonnez votre histoire à partir d’un modèle de départ ou de quelques idées clés. Une fois achevée, votre fiction ne ressemblera pas du tout à l’œuvre qui vous aura inspiré. Dans le second cas, vous créez peu, voire pas du tout ; vous copiez d’une façon aussi vilaine que votre voisin de classe, qui lorgnait sur votre devoir de maths – pour peu que vous soyez doué en maths.
Lorsque l’imitateur décrit son livre, il déclare, bien souvent, que ce dernier a des similitudes avec telle œuvre de tel écrivain célèbre, ce qui dessert son image. Pour éviter de passer pour quelqu’un de prétentieux, l’imitateur devrait se rappeler ces paroles de Victor Hugo : « N’imitez rien ni personne. Un lion qui copie un lion devient un singe. »
Le négociateur
« La négociation repose sur la réciprocité. Marchander avec quelqu’un ne consiste pas à le léser. »
Si le terme de « négociateur » vous évoque le titre d’un film, mettant en scène Samuel L. Jackson aux côtés de Kevin Spacey, vous vous trompez de registre. Dans la sphère littéraire, le négociateur ne résout aucune crise. Il ne cherche pas à libérer des otages, puisque l’otage, c’est l’auteur ou le chroniqueur qu’il côtoie. Pris pour « cible », ce dernier aurait mieux fait d’ignorer ses sollicitations. Sa gentillesse le perdra !
Comme je souhaite garder le négociateur culotté pour la fin, je vais commencer par le négociateur modéré. Bien souvent, celui-ci essaye de passer un accord avec un autre auteur : « Je lis ton ouvrage si tu lis le mien. » Percevez cela comme un échange de bons et loyaux services. Votre prose ne l’intéresse que moyennement, voire pas du tout. Son objectif ? Décrocher un bel avis de lecture pour déclencher d’autres ventes ; et si possible, sur Amazon. Eh oui, contrairement à d’autres sites, le géant américain du commerce en ligne classe les ventes.
De prime abord, la proposition du négociateur modéré peut sembler sympathique. Vous vous dites que vous gagnerez tous les deux au change ; hélas, pas toujours. Songez aux devises que vous devez convertir, lorsque vous partez en vacances à l’étranger. Vous souvenez-vous du montant des commissions ? Vous n’obtenez pas l’équivalent de votre monnaie de départ. L’argent que vous toucherez dépendra des taux appliqués. Dans certains cas, le négociateur modéré se comporte comme le salarié d’un bureau de change. Vous lisez son ouvrage et vous vous efforcez de déposer un avis argumenté sur Amazon, de plus de cinq lignes. Il peut même vous arriver d’envoyer un message privé au négociateur modéré, en vue de partager avec lui vos ressentis post-lecture. Lorsque vous découvrez le commentaire Amazon qu’il a laissé, vous tombez des nues : « Un livre que j’ai adoré. Je vous le conseille trop ! ! ! » Et là, votre petite voix intérieure s’exprime : « Ça va ? Pas trop mal aux mains ? Rédiger des commentaires d’une demi-ligne doit être vraiment éreintant ; plus éreintant que de se couper les ongles. Jeux de main, jeux de vilain ! Le poil que tu as dans la main t’empêche, à coup sûr, de développer ton avis de lecture. C’est l’évidence même, voyons. »
Le négociateur modéré peut parfois vous mettre mal à l’aise lorsqu’il vous propose de « troquer » vos livres. Si lire le vôtre ne le dérange pas, vous vous montrez plus réticent. Vous n’aimez pas les récits sanglants, et vous voilà confronté à un auteur de romans horrifiques. Vous avez lu un extrait de son livre et avez relevé une dizaine de fautes dès la première page, sans oublier les phrases mal construites qui perturbent la lecture. Comment réagir ? Se montrer franc. Vous n’allez pas vous forcer, au motif que vous gagnerez un lecteur. Tant que vous n’abandonnez pas l’écriture, vous en trouverez d’autres.
Comparé au négociateur modéré, le négociateur culotté se veut plus « retors ». Il s’adressera, en premier lieu, aux chroniqueurs. Le « marché » qu’il passe avec eux s’apparente à du chantage. En effet, d’après les propos de Maritza Jaillet, certains négociateurs culottés soumettront un ouvrage à un chroniqueur à la seule condition que celui-ci soit disposé à laisser un « avis cinq étoiles » ; que ce soit sur Amazon ou sur d’autres plateformes. Si le chroniqueur émet quelques réserves, le négociateur culotté se braquera et refusera de lui envoyer son livre. Il pourra même prononcer les mots suivants : « Si tu veux mon livre, tu n’as qu’à l’acheter. Bah oui, vu que tu ne veux pas me mettre un cinq étoiles… » Si j’avais été confrontée à de tels arguments, j’aurais certainement pensé très fort : « Tu évoques la notation cinq étoiles… Tu t’es cru dans les palaces que je décris dans mes romances ? ? ? Le bouquin que tu as écrit devra satisfaire aux mêmes critères de sélection. Sinon, je ne l’accepte pas. »
Le dénigreur
« Vendre beaucoup de livres ou te sentir fier de tes accomplissements ne te rend pas supérieur aux autres. En les critiquant gratuitement, tu ne t’élèves pas. Tu leur montres juste l’étendue de ta bassesse et de ta langue vipérine. »
Le dénigreur porte bien son sobriquet. Son occupation favorite ? Critiquer pour le plaisir de critiquer, à l’image des mamies aigries que je croise au restaurant, dans la rue ou dans les transports en commun. Mélanie Desforges les décrit d’ailleurs dans sa vidéo YouTube, Les grands secrets du monde littéraire.
Certains dénigreurs n’hésiteront pas à médire en public, tandis que d’autres préféreront s’y adonner par le biais de messages privés ou de serveurs Discord , jugés plus sûrs que Twitter. Tôt ou tard, chacun de nous est amené à critiquer ou à se plaindre d’une personne de son entourage. Il faut de tout pour faire un monde, et tout le monde n’est pas fait pour s’entendre. Or, chez le dénigreur, la critique est devenue un mode de vie. Infatué, il repérera la moindre de vos faiblesses pour vous rabaisser. Lorsqu’il parvient à écouler ses livres, et pas vous, il peut feindre l’étonnement : « Pourquoi j’arrive à vendre, alors que vous ramez ? Vous êtes nuls ou quoi ? ? ? » Vous vous demandez s’il plaisante. Hélas, non. Provoquer fait partie de lui. Certains dénigreurs ne vous mentionneront pas directement, mais ils livreront suffisamment de détails dans leurs publications, afin que vous sachiez qu’il s’agit de vous.
D’autres dénigreurs, plus lâches et plus sournois, ne démarreront pas les hostilités. Ils attendront que l’un de leurs pairs s’exprime pour renchérir, voire surenchérir. Ils se comporteront comme des anguilles ou comme les murènes d’Ursula, dans La Petite Sirène de Disney. Vous voyez le tableau ?
Je me rappelle avoir été éclaboussée de la sorte par deux dénigreurs. Quand je pense que ces personnes ont une dizaine d’années de plus que moi, je me permets de remettre en cause la théorie selon laquelle la sagesse s’acquiert avec l’âge.
Une chroniqueuse, qui s’était arrogé le droit de se moquer de l’un de mes livres, sans même l’avoir lu, « piquait » les citations que j’avais partagées sur Instagram, en vue de les poster sur Twitter. Il y a quelque temps de cela, je programmais mes publications sur Instagram avant de les programmer sur Twitter. Comme la chroniqueuse se levait aux aurores, elle avait le champ libre pour agir. Je serais donc passée pour la « copieuse de service » en postant après elle sur Twitter, dans la même journée. Ne supportant plus ses mesquineries, je me suis désabonnée de cette chroniqueuse qui n’a pas trouvé mieux que de créer un drama. Ayant perçu mon geste comme un affront, elle n’a pas tardé à crier au scandale, en citant mon nom.
Plusieurs personnes ont réagi dont deux dénigreurs. L’un d’eux ne me connaissait pas. Comme je ne le suivais pas en retour, il a fini par se désabonner de mon compte. Il s’est ensuite rendu sur mon profil pour le scruter. Sur mon ancien compte Twitter, je suivais trois cents personnes et j’avais plus de mille abonnés. Ce cher Monsieur Dénigreur en a donc déduit que je devais être une « sorcière » ou un « gourou » pour attirer les gens, avec si peu d’abonnements. Bien que l’eau ait coulé sous les ponts et qu’il ait cherché à me suivre ailleurs que sur Twitter, je n’oublie pas les qualificatifs dépréciatifs émanant de son tweet.
Quelques dénigreurs iront plus loin dans leur « entreprise de démolition ». Ils se rendront sur Amazon et attribueront une mauvaise note à vos livres, uniquement parce qu’ils ne vous aiment pas.
Il y a environ deux ans, un auteur très suivi sur Twitter, et avec lequel j’échange régulièrement, avait reçu un commentaire Amazon « une étoile » sous l’un de ses romans. Vu la teneur des propos, je suis surprise qu’Amazon ait accepté que l’avis soit publié. Outre la notation négative et les attaques injustifiées au sujet du livre, il avait été reproché à l’auteur de se montrer réactionnaire dans ses tweets. Le dénigreur jugeait-il l’ouvrage ou faisait-il le procès de l’auteur ? Si ce dernier avait intégré le top 10 des auteurs les mieux vendus de France, le dénigreur n’aurait sans doute pas agi de la même façon. En effet, ma bibliothèque compte plusieurs livres de John Grisham, de Guillaume Musso et de Marc Levy. En dehors de ma lecture et des informations récoltées sur Internet, je ne sais quasiment rien d’eux. Ils sont également moins accessibles qu’un auteur méconnu. S’en prendre à lui et à son intégrité se révèle donc plus facile de prime abord.
Comment réagir face à un dénigreur ? Ne pas réagir, tout simplement. Sans son public pour l’applaudir ou pour abonder dans son sens, le dénigreur perd de sa superbe. D’ailleurs, le dramaturge George Bernard Shaw, qui avait obtenu le prix Nobel de littérature en 1925, n’avait-il pas affirmé que le silence était « l’expression la plus parfaite du mépris » ?
L’ermite
« Apprendre à connaître les autres leur permettra de te connaître, et t’intéresser à leurs textes les incitera à s’intéresser aux tiens. »
L’ermite ressemble beaucoup au philanthrope dans sa façon de se comporter. Or, contrairement au philanthrope, qui daignera montrer le bout de son nez de temps à autre, l’ermite cherchera à se couper de toute civilisation, au nom de ses romans. Qu’il vive dans les années quatre-vingt-dix ou en 2023 ne change pas grand-chose pour lui. Les réseaux sociaux ? Il sait de quoi il s’agit, mais il les boude. D’ailleurs, il a ouvert un compte il y a longtemps. Son credo ? Déserter les lieux pour mieux se concentrer sur l’écriture et pour mieux vendre.
Certains auteurs sont devenus des ermites sans crier gare. Du jour au lendemain, leur présence virtuelle a été réduite à néant durant des mois, voire des années. Pourtant, quand vous vous rendez sur Amazon, vous vous apercevez que leurs livres sont toujours commercialisés. Comment sont accueillis les ermites qui refont surface ? Tout va dépendre des relations qu’ils ont nouées avant de « disparaître de la circulation ». Une autrice, avec laquelle je discutais régulièrement, avait fait l’effort de revenir de façon sporadique. Or, comme elle est discrète, son retour n’a pas beaucoup été remarqué. Et les publications mettant en exergue ses livres sont passées inaperçues. D’autres ermites, en revanche, vont être questionnés sur les raisons de leur absence, car avant de s’éloigner de la communauté littéraire, ils ont pris le temps d’échanger avec d’autres auteurs ou avec des chroniqueurs.
Délaisser les réseaux sociaux, lorsqu’on est auteur, est-il une bonne idée ? À mon sens, non. Comme je l’ai évoqué précédemment, il faut apprendre à doser. Bien que les réseaux sociaux puissent être néfastes à plus d’un titre, ils contribuent à nous faire connaître. Dans beaucoup de cas, les personnes partagent et likent vos posts, parce que vous avez créé un lien avec elles. En se terrant dans son coin, l’ermite se concentre sur ses écrits, certes, mais que deviendront ses ouvrages une fois publiés ? Sans être promus, ils seront noyés dans la masse. Même en utilisant les réseaux sociaux, les auteurs ne peuvent affirmer, avec certitude, que leurs livres rencontreront le succès escompté. Or, comme je le dis toujours concernant mes romans, « mieux vaut récolter peu, de manière éparse, que rien du tout nulle part. »
Le susceptible
« Si tu n’acceptes aucune critique, tu ne progresseras jamais. Même les artistes les plus célèbres et les chefs-d’œuvre ne remportent pas l’adhésion de tous. »
Le susceptible accepte les conseils et les critiques, à condition que ces derniers ne concernent pas ses livres. Lorsqu’un conseil pertinent est donné dans un tweet, il sera le premier à acquiescer. Quand certains auteurs, à l’ego surdimensionné, auront agi de manière contestable, il n’hésitera pas à montrer sa désapprobation. S’il semble ouvert à la critique, ce n’est qu’une apparence. Quand vous échangez avec lui en privé, il sort ses griffes ou se met sur la défensive. Il peut même avoir réponse à tout et vous donner l’impression qu’il participe à un jeu télévisé de culture générale, comme Qui veut gagner des millions ? Or, dans le cas du susceptible, l’appel à un ami et le 50/50 n’existent pas, puisqu’il n’écoute que lui-même.
S’agissant des critiques, il y a l’art et la manière. À mes yeux, un lecteur ou un chroniqueur qui confond « avis de lecture » et « procès aux Assises », en se montrant infect avec l’auteur, ne peut espérer « recevoir des fleurs » en retour. Malheureusement, dans l’esprit de l’auteur susceptible, toutes les critiques se valent, même celles qui ont été formulées sur un ton bienveillant. À partir du moment où vous avez soulevé un point qui vous déplaisait dans son « chef-d’œuvre », vous êtes devenu son ennemi.
Lorsque je m’apprête, en tant que bêta-correctrice, à montrer les coquilles que le susceptible a laissées dans son livre, je prévois toujours des liens renvoyant vers la règle de français applicable, afin de couper court à toute discussion. Parfois, l’auteur susceptible m’adresse des propos de cet acabit : « Oh, mais les règles de français ont évolué depuis l’époque mérovingienne, tu sais. Tu n’es peut-être pas au courant de la nouvelle orthographe. On écrit bien “y’a” et non “y a”. Il faudrait peut-être te renseigner. » Crois-tu vraiment que l’Académie française, dont je viens de te fournir le lien, se tromperait à ce sujet ? Eh bien, non. Comme le susceptible n’accepte pas son erreur, il renchérit : « Mais ils sont de la vieille école. Comme ils ne sont pas de ma génération, ils utilisent un français ancien, datant de plusieurs millénaires. Mon roman, lui, vit avec son temps. Il est très actuel. » Oui, tellement actuel que tu reproduis une erreur commune.
Le susceptible n’écrit pas forcément plus mal que les autres, et il pourrait améliorer ses ouvrages s’il le souhaitait. Sans ses œillères, il ne répéterait pas les mêmes erreurs. Si j’avais un conseil à donner au susceptible, ce serait de méditer sur cette phrase, attribuée à l’acteur Keanu Reeves : « Tu n’apprends rien de la vie si tu penses que tu as toujours raison. »
L’étroit d’esprit
« Les goûts des lecteurs ne sont pas aussi limités que tes idées préconçues. »
Pour l’étroit d’esprit, il existe la littérature d’un côté, et la sous-littérature de l’autre. Même s’il n’y a pas d’âge pour devenir un étroit d’esprit littéraire, j’ai remarqué que la plupart des étroits d’esprit avoisinaient, au minimum, la cinquantaine. À leurs yeux, un auteur digne de ce nom doit écrire sur des sujets sérieux et employer un langage soutenu. Ils perdent de vue l’idée que les lecteurs cherchent, avant tout, à se divertir. Certains étroits d’esprit dévaloriseront la romance et la fantasy qui n’égaleront jamais, selon eux, les romans historiques, les thrillers ou les témoignages sur des sujets poignants. Comme j’écris des romances New Adult, inspirées des mangas et des otome games , j’ai pu relever une différence de traitement de la part de certains étroits d’esprit. D’ailleurs, ces derniers restent souvent entre eux. Eh oui, les affinités entre auteurs et les inimitiés existent aussi. Malgré notre imagination fertile, nous ne sommes pas une race à part !
Lorsqu’une personne ne m’apprécie pas à ma juste valeur, je finis par l’ignorer ou par lui dire ses quatre vérités, en fonction de mon degré de proximité avec ladite personne. Vu que je crée des montages livresques, notamment pour alimenter ma récente chaîne YouTube, une autrice étroite d’esprit s’est mise à me considérer comme un « distributeur de montages ». Plus elle s’adressait à moi, plus mes soupçons se sont transformés en certitudes.
L’exemple le plus parlant pour moi concernait une interview écrite qui avait été organisée par l’une de mes chroniqueuses. Ceux qui le souhaitaient pouvaient me poser des questions ouvertes. La plupart des participants m’avaient interrogée sur mon rapport à l’écriture, mes rituels ou mes goûts. L’étroite d’esprit, elle, avait été la seule à m’avoir soumis des questions sans lien avec l’écriture. Elle voulait savoir comment j’avais appris à « bien communiquer » et comment j’avais appris à créer des montages. Elle s’était également focalisée sur mon penchant pour les mangas, et m’avait demandé ce que je trouvais de bien dedans ; comme si je commettais une bévue en lisant des mangas à mon âge. Eh oui, je n’ai plus vingt ans et j’assume mon côté femme-enfant de Gémeaux.
En dehors de l’interview, l’étroite d’esprit et l’une de ses amies chroniqueuses ne commentaient mes tweets que pour me féliciter au sujet de mes montages, avec des mots redondants, comme si elles avaient appris leur texte par cœur. L’étroite d’esprit m’avait même remerciée d’avoir mis en avant les livres des auteurs, comme si je n’en faisais pas partie. Après la publication de l’une de mes chroniques, sur mon deuxième roman, l’étroite d’esprit avait formulé une remarque qui m’avait laissée coite : « C’est toujours impressionnant la première fois, hein ! ». Or, ce n’était pas ma première chronique. L’étroite d’esprit le savait, puisqu’elle me suit sur les réseaux sociaux depuis la publication de ma première romance.
Je ne prends pas mal les compliments sur les montages que je crée, bien au contraire. Et j’en ai reçu beaucoup, ce qui me va droit au cœur. Mais je n’accepte pas les compliments émanant de personnes qui me sous-estiment. Le plus drôle, dans l’histoire, c’est que certains étroits d’esprit commettent des fautes de français que certains « sous-auteurs » ne commettraient pas. Eh oui, s’il existe la littérature d’un côté, et la sous-littérature de l’autre, il faut également distinguer les « auteurs » des « sous-auteurs ». C’est ainsi que pense l’étroit d’esprit.
Malgré les préjugés qui subsistent à son sujet, la romance constitue l’un des genres littéraires dans lesquels je m’épanouis le plus. Lorsque je prends conscience de ma propension à créer des personnages « tordus », qui tomberont amoureux, j’en rigole et je n’en reviens pas moi-même. Je n’hésite pas non plus à dire que mes couvertures sont « rose Lotus » ou « rose papier toilette ». Tant qu’écrire des romances me procure bien-être et satisfaction, je n’arrêterai pas ; même si cela implique de devoir manger des pâtes premier prix, durant trois cent soixante et un jours. Il faut bien que je compense ma « pauvreté alimentaire » lors des fêtes : Nouvel An grégorien, Nouvel An chinois, le jour de mon anniversaire et Noël.
Si des personnes dénigrent vos livres, en raison du genre littéraire ou de la couverture, ignorez-les. Cette dernière doit exhorter à lire l’ouvrage, mais on ne juge pas un livre à sa couverture. On n’évalue pas non plus la qualité d’un texte en fonction du genre littéraire auquel il appartient. Il est toujours plus facile de critiquer, sans n’avoir rien créé dans un domaine, plutôt que de créer en prenant le risque d’être critiqué. Tant que vous prenez du plaisir dans ce que vous faites, n’abandonnez pas. Vous trouverez toujours des détracteurs autour de vous.
Un parallélisme peut être établi entre la « guerre des littératures », que je viens d’évoquer, et un article du Figaro, paru le 18 janvier 2023 : « Marc Levy contre Guillaume Musso : quel est le plus nul ? ». Dans cet article, au titre racoleur, le journaliste s’était montré condescendant à l’égard des deux écrivains, comme si la littérature populaire n’était pas de la « vraie littérature ». L’article a fait grand bruit, et les langues se sont déliées au sein de la communauté littéraire. Des messages de soutien, directs ou indirects, ont été adressés à Guillaume Musso, sur Twitter. Plusieurs auteurs se sont insurgés contre le mépris du journaliste, à l’endroit des deux écrivains précités.
L’agence littéraire Librinova, qui m’accompagne dans la publication de mes ouvrages, a également réagi à l’article du Figaro, dans un billet de blog : « Guillaume Musso, Marc Levy et l'article du Figaro : pourquoi autant de mépris envers la littérature populaire ? ». Comme l’explique Librinova, il n’existe pas de hiérarchie des genres, et il incombe aux lecteurs de choisir ce qu’ils ont envie de lire. Les raisons qui poussent quelqu’un à ouvrir un roman se révèlent multiples : besoin de s’évader ou de se changer les idées, creuser davantage un sujet, frissonner, trouver du réconfort, être happé par la plume d’un auteur…
À l’instar des « romans de gare », mes romances olé olé font partie du paysage littéraire. Et ceux qui résument les qualités d’un individu aux livres qu’il écrit seraient bien inspirés d’en faire autant, avant d’émettre toute critique. Qu’ils soient conspués ou encensés, Marc Levy et Guillaume Musso ont gagné une notoriété que certains écrivains, supposés sérieux, envient. Le but de la littérature ne consiste pas à étaler tout votre savoir en alignant, dans vos livres, tous les mots du dictionnaire. Telle que je la conçois, la littérature répond à plusieurs besoins, ce qui la rend à la fois ludique et didactique .
Le profiteur
« Profiter de la vie ne signifie pas profiter des gens. En te servant d’eux, tes semblants de succès te desserviront tôt ou tard. »
Le profiteur peut sévir dans plusieurs cas. Dans un premier temps, il peut vous suivre sur les réseaux sociaux pour que votre visibilité serve la sienne, un peu comme le réseauteur. Vos publications ne l’intéressent pas. Il s’abonne à vos comptes en gardant à l’esprit le fameux « et si… » : et si Sophie m’aidait un jour à promouvoir mes romans ? Et si ses likes me permettaient de me faire davantage repérer ? Et si ses couvertures roses remplaçaient le papier toilette ? Il y a une pénurie dans mon supermarché habituel…
Le cas le plus classique concerne le « parler pour profiter ». Les profiteurs les moins finauds, qui porteront des sabots à la place des ballerines, ne vous adresseront la parole que si vous avez une chronique, une interview ou un montage à leur proposer. Le maître-mot ? Gratuité. Hors de question, pour le profiteur, de verser un centime ; pas même celui qu’il a trouvé dans la rue. Il le garde pour lui, celui-là, car en ramassant les centimes que des passants ont fait tomber, il peut s’offrir un chewing-gum à la boulangerie du coin. La vie n’est-elle pas merveilleuse ?
Les profiteurs les plus malins joueront la carte de l’amitié. Ils discuteront de temps à autre avec vous, mais se paieront le luxe de ne pas vous répondre pendant des semaines, voire des mois, en prétextant ne pas avoir de temps. Comprenez par là : « Je n’ai pas de temps à te consacrer. » Bizarrement, quand ils ont un service à vous demander, ils refont surface et multiplient les messages. Une fois le service obtenu, ils écourtent la conversation. Et vous vous heurtez, une nouvelle fois, au néant ou à la disparition « fantôme » du profiteur.
Une autrice, avec laquelle je m’entendais bien, avait agi de la sorte pour que je l’aide à rédiger son résumé durant mes vacances. Accoutumée aux résumés depuis le CM1, j’ai accepté. Une fois le travail reçu, elle s’était empressée de me dire « au revoir ». Bien qu’elle soit très appréciée au sein de la communauté littéraire, ce que je respecte, je n’ai eu aucun scrupule à couper les ponts avec elle. Une personne qui se sert de vous ne mérite pas votre attention. Peu importe qu’elle soit l’amie du prince William, de Stephen King ou d’Antoine Gallimard. À partir du moment où elle vous nuit, elle doit disparaître de votre vie.
J’ai également dû « serrer la vis » s’agissant des ouvrages à promouvoir sur ma chaîne YouTube. Une personne qui ne respecte pas les consignes d’envoi ne respecte pas votre travail, surtout si ladite personne préfère vous envoyer une capture d’écran, plutôt qu’une couverture en bonne et due forme. Lors d’un concours, ceux qui ne se conforment pas aux règles sont écartés d’office, donc autant appliquer les mêmes critères de sélection.
Le bon camarade
« En voulant contenter tout le monde et en te montrant obséquieux , tu ne rends pas toujours service aux gens. »
De nature généreuse et possédant un grand cœur, le bon camarade n’aime froisser personne. Il se montrera toujours courtois sur les réseaux sociaux et ne prononcera jamais un mot plus haut que l’autre. Les préceptes de la Bible, en vertu desquels il faut aimer son prochain comme soi-même, s’appliquent au bon camarade. Celui-ci n’hésitera pas à remplir sa pile à lire, en achetant les ouvrages des personnes qu’il connaît. Il m’arrive également de le faire, mais chez le bon camarade, c’est devenu un réflexe. Alors que je vais davantage m’attarder sur le genre littéraire et le résumé, pour effectuer mon choix, le bon camarade prendra surtout en compte la relation qui le lie à l’auteur.
Certains bons camarades ne liront pas votre ouvrage. S’ils l’ont payé, c’est pour nourrir votre portefeuille. D’autres auteurs bons camarades, en revanche, iront au bout de leur lecture et laisseront un avis qui vous sera toujours favorable. Les quelques points négatifs soulevés par le bon camarade seront compensés par les autres compliments qu’il vous adressera. Ainsi, s’il critique l’un de vos personnages en une ligne, il en écrira dix autres pour saluer votre style et votre originalité. En effet, tout bon camarade qui se respecte ne laisse jamais un avis inférieur à « quatre étoiles », que ce soit sur Babelio ou sur Amazon.
Mais alors, en quoi le comportement du bon camarade est-il contestable ? Eh bien, en voulant rendre service, il ne rend pas toujours service, justement. Ses commentaires seront biaisés par l’amitié ou l’affection qu’il vous porte. J’ai déjà vu des bons camarades rédiger des avis de lecture dithyrambiques pour des romans truffés de coquilles et / ou présentant des problèmes de mise en page ; l’un n’exclut pas l’autre. Je ne me mets pas en quête de livres parfaits, car tous les ouvrages, y compris les miens, sont susceptibles de contenir quelques coquilles. L’œil humain, même le plus aguerri, est perfectible. Je considère, cependant, que cinq coquilles sur un livre de plus de trois cents pages sont plus acceptables que dix coquilles dès la première page. Parmi les ouvrages notés par les bons camarades, j’en ai reçu deux : le premier m’avait été envoyé en guise de remerciement pour mes montages ; le second avait été remporté à la suite d’un concours organisé par l’auteur. Les coquilles apparaissaient dès les premières pages, et certaines phrases étaient si mal tournées que j’ai dû m’y reprendre à trois fois pour en saisir le sens. Dans le second ouvrage, j’avais également détecté un problème de mise en page. Malgré ma gratitude pour les différents envois, j’ai décidé de ne pas noter les livres, d’autant plus que les auteurs concernés ne comprennent toujours pas la nécessité d’éradiquer leurs coquilles.
Maritza Jaillet, connue pour ses chroniques détaillées, reste objective en toutes circonstances. Que vous échangiez beaucoup avec elle ou pas, elle demeurera impartiale. Sans cette impartialité qui la caractérise, ses observations n’aideraient en rien l’auteur. D’ailleurs, ce dernier devrait accueillir les critiques constructives comme des cadeaux. En effet, depuis que je suis devenue autrice, les remarques qui m’ont permis de progresser se comptent sur les doigts d’une main. Elles émanaient toutes de personnes qui me sont proches et qui œuvrent pour mon bien, si je mets de côté certaines de mes chroniqueuses. Le bon camarade gagnerait donc à laisser derrière lui un avis de lecture plus neutre, ce qui ne lui retirerait en rien sa bienveillance.
Comme l’explique Maritza Jaillet sur sa chaîne YouTube, dans une vidéo intitulée [Tata vous thème] #AUTEURS – La bienveillance…, « être bienveillant ne veut pas dire se laisser écraser. » Il s’agit d’un concept que le bon camarade oublie trop souvent. Certains auteurs bons camarades vont même s’offusquer lorsque vous ferez preuve de franchise, et ils vous rangeront dans la catégorie des « méchants » et des « vilains pas beaux ».
Le spécialiste du copinage
« Ne mesure pas tes talents d’auteur à l’étendue de tes relations ni aux avis de complaisance que tu reçois. »
Le spécialiste du copinage agit un peu comme le négociateur. Or, à la différence de ce dernier, il se montrera moins franc. Il n’exprimera jamais devant vous son souhait d’échanger vos livres. Il achètera le vôtre après que vous avez acheté le sien sans aucune arrière-pensée. Il vous attribuera une note positive et rédigera un commentaire laudatif. Son avis de lecture sera faussé, mais il s’en moquera comme de l’an quarante. Copiner, pour gagner des lecteurs et des avis positifs, fait partie de son fonds de commerce. Lorsque vous fouillez les commentaires que le spécialiste du copinage reçoit sur ses ouvrages, vous vous apercevez qu’ils proviennent toujours des mêmes personnes. D’ailleurs, les pseudonymes de ces « bienfaiteurs » vous sont familiers. Et pour cause, il s’agit de chroniqueurs ou d’auteurs que vous connaissez, ne serait-ce que de nom, grâce aux réseaux sociaux.
Si vous avez gagné en visibilité, en chroniquant ou en créant des montages livresques, comme je le fais, le spécialiste du copinage se montrera mielleux à votre égard. À côté, le corbeau décrit par Jean de La Fontaine dans sa fable ferait pâle figure. Mais si je devais établir une quelconque analogie entre ces deux comportements, je dirais que le spécialiste du copinage représenterait le corbeau, tandis que vos notes dithyrambiques incarneraient le fromage tant convoité.
Copiner se révèle-t-il efficace ? Hélas, en un sens, oui. Copiner, en vue d’obtenir des avis de lecture, permet de donner de la visibilité à son livre. Certains spécialistes du copinage vendent très bien en copinant, étant donné que le copinage a eu un « effet boule de neige ». Je pense, néanmoins, que copiner ne portera pas ses fruits sur le long terme, car une chose demeure certaine : le spécialiste du copinage ignore souvent comment se vendre. Il accumule plutôt les « boulettes » en matière de promotion, et n’hésite pas à se vanter des commentaires que ses copains auteurs ont laissés. En effet, d’après mes observations, ceux qui savent communiquer autour de leurs livres copinent rarement pour gagner des lecteurs et des notes. Ils trouveraient cela dégradant, et c’est également mon opinion…
Vous l’aurez compris, je m’oppose à toute forme de copinage. J’ai créé des affinités avec certains auteurs, certes. Cependant, en tant que bonne amie, il m’appartient de me montrer franche lorsqu’un élément me déplaît dans un ouvrage. Il suffit d’y mettre les formes pour éviter de froisser l’auteur qui a consacré du temps à son livre.
L’éparpillé
« Concentre-toi sur un seul objectif, avant d’entrevoir les suivants. Et, surtout, ne laisse pas vagabonder ton esprit, au point de perdre de vue l’objectif de départ. »
Si je devais appartenir à une autre catégorie, ce serait assurément celle-ci. L’éparpillé fourmille d’idées et endosse généralement plusieurs casquettes qui vont au-delà de celles qui lui incombent, en tant qu’auteur autoédité (AE). Doté d’une curiosité d’esprit ou intellectuelle insatiable, il court plusieurs lièvres à la fois. De prime abord, ceux qui n’aiment pas la routine pourraient trouver sa vie d’auteur trépidante, à une exception près : il ne sait pas comment s’organiser ni comment gérer son temps. Il veut tellement mettre à profit toutes ses compétences qu’il les exploite toutes, sans même avoir chronométré le temps qu’il devrait consacrer à chacune de ses tâches, sans se sentir dépassé.
Comme annoncé plus haut, je suis l’archétype même de l’auteur éparpillé : ayant exercé en tant que correctrice il y a longtemps, je propose mes services de bêta-correction. Passionnée par le développement Web et le webdesign, j’ai tenu à créer mon site Web moi-même, à partir d’un template , alors que j’aurais pu opter pour la facilité et choisir un modèle prêt à l’emploi. Mais non ! Il a fallu que je ressente le besoin de coder… Je suis également une fan inconditionnelle des montages en tous genres. Je propose donc mes services aux auteurs, en vue de mettre en exergue leurs livres sur les réseaux sociaux ou par l’intermédiaire d’un communiqué de presse. Enfin, j’écris. Mais alors, où se situe le problème ? J’y viens. Je ne sais pas m’organiser, et les heures que je consacre à l’écriture, sur mon ordinateur et à tête reposée, sont reléguées au second plan. C’est la raison pour laquelle je mets trois cents ans à sortir mes ouvrages, sans compter que mon perfectionnisme légendaire me freinera tôt ou tard.
Si j’avais respecté un planning, chose que j’essaye aujourd’hui de mettre en place – il était temps –, je ne me serais pas sentie aussi débordée. J’applaudis donc des autrices comme Maritza Jaillet qui mène de front plusieurs missions et qui revêt plusieurs rôles : alpha-lectrice, bêta-lectrice, youtubeuse, autrice hybride , directrice éditoriale… Il ne lui manque plus que la case « correctrice et relectrice » à cocher, et son compte sera bon. Or, comme elle l’a affirmé dans ses vidéos, elle s’en tient à son agenda. Comme son point fort représente mon point faible, je ne peux que m’en inspirer pour m’améliorer.
Véritable oiseau de nuit, je sens mon cerveau réfléchir et chauffer pendant que la plupart des gens tombent dans les bras de Morphée. Il m’arrive de me lever et d’écourter mes nuits pour noter des idées que je finirai par exploiter. Parfois, celles-ci sont tellement nombreuses que le temps finit par me manquer.
L’éparpillé pourrait ne pas négliger un domaine au détriment d’un autre, s’il le voulait. Dans mon cas, il s’agit de l’écriture de mes livres, qui traîne un peu trop en longueur à mon goût. J’ai parfois l’impression d’avancer comme une tortue. Pourtant, la sagesse voudrait que je me rappelle les mots d’un proverbe chinois : « Ne crains pas d’avancer lentement ; crains seulement de t’arrêter. » En tant qu’éparpillée, je devrais apprendre la discipline pour atteindre plus rapidement mes objectifs, ce qui générera moins de stress chez moi.
Le recycleur
« La monotonie de tes publications et la redondance de tes mots risquent d’ennuyer ton public et de l’éloigner. »
Si vous vous connectez régulièrement à Twitter ou à Instagram, vous avez sans doute remarqué le recycleur. À quoi le reconnaît-on ? À ses posts similaires qui finissent par agacer. Avec le temps, les publications du recycleur n’intéressent plus personne. Seule une faible poignée de fidèles accepte de les liker et de les partager. Sur trois cent soixante-cinq jours, le recycleur ne prévoit qu’un stock limité de photos dont le nombre oscille entre un et dix. Sur un an, c’est trop peu. Vous verrez donc les mêmes illustrations défiler, à quelques jours d’intervalle. Eh oui, les photos du recycleur portent, bien entendu, sur ses livres. What else ? demanderait l’acteur George Clooney, dans la publicité Nespresso.
Le recycleur agit comme son jumeau, le vendeur à la criée. Mais contrairement à ce dernier, il se montre moins inventif. Il publie donc les mêmes choses pour écouler ses livres. Or, à aucun moment il ne réfléchit à la manière dont ses publications seront perçues. S’il lui arrive d’actualiser ses photos, son approche demeurera identique à celle de son frère jumeau ; l’exaspérant vendeur à la criée : « Bonjour les amis, je vous souhaite un bon week-end. Si vous ne savez pas quoi lire, vous pouvez acheter mon ouvrage. » Comme je l’avais évoqué précédemment, je trouve la démarche maladroite. En effet, toutes les personnes qui lisent la publication ne sont pas des amis du recycleur. De plus, en tant que consommateur, tout un chacun est capable de savoir quoi lire. J’estime, par ailleurs, que si quelqu’un manque d’inspiration, il cherchera à se renseigner lui-même. Nul besoin qu’un auteur lui suggère quoi lire de manière aussi abrupte ; et certainement pas ses propres bouquins. Les mots redondants du recycleur refont surface chaque semaine. Il n’est donc pas surprenant que les gens s’en détournent.
Concernant les ventes, certains recycleurs s’en sortent mieux que moi. Or, quand j’analyse mes interactions et le nombre de partages que j’obtiens avec mes publications, je me dis que celles-ci finiront par payer, tandis que le recycleur finira par lasser. Pour mieux communiquer, ce dernier devrait garder en mémoire la citation de l’écrivain allemand Jean-Paul Richter, alias Johann Paul Friedrich Richter : « Un peu de variété vaut mieux que beaucoup de monotonie. »
L’égocentrique
« Le monde ne tourne ni autour de toi ni autour de tes livres. Pour vendre de façon pérenne, il faut apprendre à communiquer autrement que par des moi, je… »
Sur le plan étymologique, l’adjectif qualificatif « égocentrique » est composé des mots latins ego et centrum. Ego signifie « moi », et centrum désigne le « centre ». Je ne vous apprends donc rien en affirmant que l’égocentrique reste très centré sur lui-même. Tout cela est bien joli, mais comment se comporte-t-il sur les réseaux sociaux, à l’égard des chroniqueurs ou des autres auteurs ? Pour faire court, il ramène tout à lui…
Mettez-vous un instant dans la peau d’un twitto, et laissez vagabonder votre imagination… Si vous avez l’âme d’un artiste, je sais que vous le pouvez. Votre grand-mère vient de décéder, et vous informez vos abonnés que vous risquez de vous absenter durant quelques semaines. Tandis que la plupart des gens se montreront compatissants en vous adressant des messages de condoléances, l’égocentrique, lui, les balayera d’un revers de main ou les « expédiera », en laissant un commentaire dans lequel il évoquera aussi sa chère mamie : « Désolé pour ta grand-mère. Moi, quand elle est morte, je me suis débrouillé pour graver le titre de mon dernier livre sur sa pierre tombale. Comme ça, les gens n’oublieront pas qu’elle avait un petit-fils romancier. » Fort heureusement, les faits ne sont que le fruit de mon imagination et de mon humour plus que douteux. Je dois néanmoins avouer que les interactions de l’égocentrique, notamment sur Twitter, m’aident pas mal…
À ce sujet, j’ai deux anecdotes à vous raconter.
Sur mon ancien compte Twitter, j’avais profité de mon anniversaire pour adresser mes vœux aux auteurs qui étaient nés le même jour que moi. Parmi tous les commentaires reçus, j’en avais repéré un provenant d’un auteur que je ne connaissais pas, à l’époque. Le commentaire était formulé de la façon suivante : « Joyeux anniversaire ! Le mien, c’est le 9… » Sur le coup, je me suis demandé quel était cet énergumène que je ne connaissais ni d’Ève ni d’Adam. J’avais envie de lui rétorquer : « Que veux-tu que ça me fasse ? On ne se connaît pas… » Vu que l’égocentrique désirait ardemment que tous les projecteurs soient braqués sur lui, il aurait pu déclarer : « Joyeux anniversaire ! Le mien, c’est le 9 égocembre ; le mois de l’égocentrisme absolu. » Pour être honnête, cela m’aurait procuré le même effet, d’autant plus que l’auteur égocentrique a récidivé quelques mois plus tard pendant que je souhaitais un joyeux anniversaire à l’un de mes amis auteurs : « Mon anniversaire, c’est le 9… » Et alors ? Pourquoi me parles-tu de toi ?
Énervant, non ? Aux yeux de l’auteur égocentrique, toutes les occasions se révèlent idéales pour se mettre en vedette ou pour tirer la couverture à soi. Comme il écrit, la dernière expression semble peut-être plus appropriée ! Vous vous sentez heureux d’annoncer la sortie de votre dernier ouvrage ? Modérez vos ardeurs, car votre joie sera de courte durée. Entre les personnes qui partageront la nouvelle et celles qui vous complimenteront, vous risquez de tomber sur le commentaire de l’égocentrique qui n’a pas son pareil pour vous féliciter : « Bravo pour ton livre ! Moi, j’ai écrit… J’ai d’ailleurs mis le lien d’achat. » Pardon ? ? ? Où as-tu vu qu’il était mentionné « espace publicitaire gratuit et illimité » sous mon post ? ? ?
D’après mes observations, les auteurs égocentriques sont souvent ceux qui peinent à vendre et dont les publications n’intéressent pas grand monde. Comme ils ne savent pas communiquer autrement qu’en rapportant tout à eux, ils peuvent être amenés à commenter leurs propres ouvrages sur Babelio, Booknode ou Amazon pour les plus malins. Bien entendu, ils laisseront un avis « quatre ou cinq étoiles », avec le commentaire qui va avec : « Roman au top. Personnages géniaux et attachants. »
Le commentaire vous laisse sans voix ? Avec l’auteur égocentrique, vous n’êtes pas au bout de vos surprises. Eh oui, parfois, ce dernier publie des livres truffés de coquilles. Plutôt que de les éradiquer, en vue d’améliorer ses ventes, il préfère les ignorer et parler de lui à tout va ; quitte à vanter des exploits inexistants…
Si je devais résumer l’état d’esprit de l’égocentrique en une citation, je choisirais celle du philosophe et sociologue Edgar Morin, qui dépeint l’égocentrisme en ces termes : « Le sujet humain est égocentrique, dans le sens où il s’autoaffirme en se mettant au centre de son monde. Mais, dans son “je”, il inclut un “toi” et un “nous”, et il est capable d’inclure son “je” dans un “toi” et un “nous”. »
Le donneur de leçons
« Plutôt que de donner des leçons de vie ou des leçons de morale aux autres, au motif que tu penses savoir mieux que tout le monde, apprends lesdites leçons et applique-les, car une chose demeure certaine : si tu crois tout savoir, cela signifie que tu ne sais presque rien. Le savoir s’enseigne par les actes et non par la parole. »
Les donneurs de leçons pullulent sur les réseaux sociaux, y compris au sein de la communauté littéraire. À l’ouverture de mon compte auteur Twitter, je pensais, à tort, que tous mes pairs étaient plus raisonnables que d’autres twittos, et qu’il émanait d’eux une certaine faculté de discernement. En effet, à mes yeux, écrire relève de la sphère artistique et intellectuelle, ce qui suppose sagesse et recul. À mon grand dam, tous les auteurs n’en sont pas dotés…
Comment opère le donneur de leçons ? Il souffre d’ultracrépidarianisme : il s’agit d’un comportement qui consiste à donner son opinion sur des sujets à propos desquels on n’a pas de compétence avérée. Amusées par la définition, Mélanie Desforges et moi-même l’avions partagée sur Twitter, à quelques mois d’intervalle. Comme quoi, visionner des vidéos TikTok peut se révéler utile…
La stratégie favorite du donneur de leçons consiste à « polluer » vos publications, en laissant des commentaires dans lesquels il déploiera tout son « savoir » ; du moins, c’est ce qu’il croit. Face à lui, vous aurez l’impression d’être pris pour un gamin auquel il faut enseigner la vie. Et, bien souvent, la bêtise du donneur de leçons le contraindra à mal interpréter vos propos et vos intentions, ce qui entraînera des quiproquos, des débats sans fin et des réactions parfois virulentes si vous répondez.
Dans un deuxième temps, l’auteur donneur de leçons peut partager des posts dans lesquels vous relèverez son ton moralisateur. En les lisant, vous aurez le sentiment d’être retombé en enfance, puisqu’il vous infantilise en jouant les professeurs.
Enfin, le donneur de leçons sévit lorsque vous converserez avec un autre auteur. L’ambiance, qui se voulait détendue, se gâte quand le donneur de leçons débarque avec ses gros sabots. Il rase tout sur son passage, tel un ouragan. Vu la ténacité du donneur de leçons, vous êtes enclin à penser qu’un ouragan vaudrait peut-être mieux que ses propos. Au moins, vous en seriez débarrassé.
Pourquoi le donneur de leçons agace-t-il ? Parce qu’il pense posséder plus de connaissances que les autres ; parce qu’il a l’outrecuidance de se croire doté d’une intelligence supérieure à la moyenne, alors qu’en réalité, la plupart des donneurs de leçons sont des êtres ignorants et peu réfléchis. S’ils passent leur vie à « servir » des leçons aux autres, plutôt que de travailler sur eux ou sur leurs tares, c’est parce qu’ils ne possèdent pas le recul nécessaire pour se remettre en question. Ils ne sont donc pas en mesure de relever leurs propres défaillances. S’ils s’en aperçoivent, ils accuseront les autres et répéteront les mêmes erreurs, car il s’agit là d’une solution de facilité. Or, si vous creusez un peu, vous remarquerez qu’ils souffrent, dans leur for intérieur, d’un complexe d’infériorité, qu’ils combleront, en public, par un sentiment de supériorité de façade.
J’ai dû me résoudre à couper les ponts avec une autrice – que je nommerai Cunégonde – qui connaissait pourtant certains pans de ma vie. Échanger avec elle ne me dérangeait pas outre mesure, jusqu’à ce qu’elle se comporte avec moi comme une véritable donneuse de leçons, sur des sujets qu’elle ne maîtrisait pas ou qui ne la concernaient pas.
Un jour, une autrice avait demandé, dans un tweet, quelles étaient les caractéristiques physiques des Asiatiques. D’origine chinoise, je lui avais notamment expliqué comment distinguer les différentes formes d’yeux asiatiques : les « yeux bridés » désigneront davantage des yeux « peu ouverts », ressemblant à des « traits », tandis que les « yeux en amande », comme les miens, seront « moins fermés ». À aucun moment je n’exhortais l’autrice à utiliser tel ou tel terme qui peut être perçu comme raciste au regard de certains. De mon point de vue, il s’agit de termes figurant dans n’importe quel dictionnaire, et je ne m’offusquerai jamais d’entendre quelqu’un me parler des « yeux bridés ». Cela dit, si vous prévoyez d’écrire un livre sur les Asiatiques, je vous déconseille d’utiliser les mots « yeux bridés » ou « yeux en amande », jugés clivants par certaines personnes. Des maisons d’édition (ME) risquent même de refuser les manuscrits ou les tapuscrits employant les termes précités.
Revenons à nos moutons… La fameuse Cunégonde s’était introduite dans la discussion pour me faire une leçon de morale, en affirmant que les personnes concernées trouvaient le terme « yeux en amande » raciste. À l’appui de ses propos, elle m’avait montré l’article d’une Française d’origine chinoise, que je connaissais pour ses réactions extrémistes. Quelques années auparavant, cette dernière et moi appartenions à la même association dont l’objectif visait à promouvoir la culture asiatique, tout en luttant contre le racisme.
Sur le coup, j’avais tâché de garder mon calme face à Cunégonde, alors que je bouillonnais intérieurement. Je fais partie des personnes concernées, tandis que Cunégonde, elle, n’a pas de sang asiatique qui coule dans ses veines. De quel droit s’était-elle permis de me dire ce qui était considéré ou non comme raciste, au regard d’un Asiatique ? ? ? Les mangas qu’elle lit ? Bien sûr que non. Sinon, ce serait trop simple.