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Résumé de la discussion

Posté par: Apogon
« le: jeu. 14/09/2023 Ă  17:39 »

Quel auteur Ă  la noix es-tu ? de Sophie Lim



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Le spammeur

« Plus tu oppresses, moins les acheteurs et les lecteurs potentiels s’empressent. »

Sur les rĂ©seaux sociaux, le spammeur est connu comme le loup blanc. D’ailleurs, plusieurs auteurs ont eu Ă  s’en plaindre au moins une fois. Et pour cause, le spammeur passe volontiers pour un Ă©gocentrique. Il agit selon ses besoins et ses envies, au mĂ©pris de ceux des autres. Sans pour autant tomber dans les gĂ©nĂ©ralitĂ©s, je dirais, d’aprĂšs mes constatations, que le spammeur type a la cinquantaine bien tassĂ©e. Cela dit, vous pouvez aussi tomber sur un spammeur ĂągĂ© d’une vingtaine d’annĂ©es. Jeune ou moins jeune, comment opĂšre-t-il ?
Il peut s’inviter dans vos messages privĂ©s et se lancer dans un monologue, au cours duquel il vous enverra le lien d’achat
 de son livre. Certains spammeurs ne daigneront mĂȘme pas vous adresser un « bonjour ». À quoi bon retenir les rĂšgles Ă©lĂ©mentaires de la biensĂ©ance, quand on peut se contenter d’ĂȘtre tout simplement
 Ă©lĂ©mentaire ? Par « Ă©lĂ©mentaire », comprenez « droit au but », comme le footballeur Kylian MbappĂ©.
Si vous pensez que le spammeur cesse ses sollicitations lorsqu’il n’écrit pas, vous vous fourvoyez. Eh oui, Ă  partir du moment oĂč vous avez acceptĂ© de le suivre sur les rĂ©seaux sociaux, il s’estime en droit de vous inviter Ă  suivre sa page Facebook. Il va de soi qu’il n’a aucunement l’intention de suivre la vĂŽtre en retour, Ă  moins que vous ne serviez ses desseins livresques. Certains spammeurs peuvent Ă©galement vous envoyer leur dernier post Instagram ou leurs vidĂ©os TikTok, toujours en omettant le fameux « bonjour ». Votre messagerie est devenue leur espace publicitaire.
Face Ă  votre mĂ©contentement, ils peuvent se montrer agressifs ou de mauvaise foi. L’un d’eux m’avait un jour envoyĂ© le lien de sa derniĂšre publication Instagram. Quand je lui avais fait savoir que je n’apprĂ©ciais pas son initiative, j’ai reçu une leçon de morale sur l’importance des Ă©changes entre auteurs.
Une autre fois, une autrice que je ne connaissais pas m’avait mentionnĂ©e dans un tweet, pour essayer de me vendre son livre jeunesse. Peu aprĂšs l’avoir Ă©conduite, j’ai rĂ©coltĂ© des commentaires dĂ©sagrĂ©ables de sa part. L’autrice, qui s’était soudainement dĂ©couvert une Ăąme de psychiatre, avait mĂȘme posĂ© un diagnostic sur ma santĂ© mentale, pour un simple refus. PlutĂŽt que de perdre mon temps Ă  rĂ©torquer, j’ai prĂ©fĂ©rĂ© bloquer l’autrice qui menaçait ma tranquillitĂ© d’esprit.
Je me suis aperçue, rĂ©cemment, qu’une autre pratique avait vu le jour parmi les spammeurs ayant rejoint un groupe Facebook. Les spammeurs sont connus pour leur facultĂ© Ă  polluer les groupes Facebook, avec leurs livres, mais avez-vous entendu parler du up ? En quoi consiste-t-il ? « Faire un up » revient Ă  Ă©crire le mot up dans les commentaires de la publication. Le post, jusque-lĂ  « noyĂ© dans la masse », remonte « Ă  la surface ». Le up lui donne alors une nouvelle visibilitĂ©. Si, de temps Ă  autre, le up peut se rĂ©vĂ©ler stratĂ©gique, je vous dĂ©conseille de l’utiliser trop souvent. Vous irriteriez les administrateurs des groupes Facebook, qui pourraient, Ă  terme, vous bannir. Par ailleurs, le up abusif est considĂ©rĂ© comme impoli.
Enfin, parmi les spammeurs, j’ai pu relever quelques poĂštes Instagram. L’an passĂ©, une jeune femme s’était abonnĂ©e Ă  mon compte. Comme certains de mes contacts la suivaient, j’avais dĂ©cidĂ© d’en faire autant. Quelques minutes plus tard, un poĂšme m’avait Ă©tĂ© transmis. Il s’agissait d’une ode Ă  sa mĂšre, envoyĂ©e de façon abrupte, sans mĂȘme un « bonjour ». N’ayant pas apprĂ©ciĂ©, j’ai simplement rĂ©pondu Ă  la poĂ©tesse : « Ma mĂšre est morte » – ce qui est vrai – avant de me dĂ©sabonner dans la foulĂ©e.
Si vous tombez sur un spammeur, coupez court Ă  la discussion ou au monologue, pour votre salut. La plupart des spammeurs ne comprendront pas pourquoi vous vous Ă©gosillez aprĂšs eux. 

Le vendeur à la criée

« Avant de vouloir écouler tes livres, travaille ta communication pour ne pas couler ton public. »

Plus inoffensif et moins intrusif que le spammeur, le vendeur Ă  la criĂ©e multiplie les publications similaires autour de son livre, d’une maniĂšre que je juge contestable. La parcimonie, il ne connaĂźt pas. Il publie les mĂȘmes photos, Ă  intervalles rapprochĂ©s, et serine les mĂȘmes phrases ; tel un disque rayĂ©. Ne dĂ©tenant aucune compĂ©tence en marketing ou en communication, ni mĂȘme en community management, je ne m’érige pas en « professionnelle des rĂ©seaux sociaux ». Je parviens, en revanche, Ă  dĂ©celer les publications un peu trop redondantes Ă  mon goĂ»t.
Au-delĂ  de son cĂŽtĂ© rĂ©pĂ©titif, le vendeur Ă  la criĂ©e se montre maladroit dans son approche, avec des phrases formulĂ©es de la façon suivante : « Qu’attendez-vous pour acheter mon roman ? » ; « Si vous ne savez pas quoi lire, vous pouvez toujours acheter mon ouvrage. » Dans le premier cas, je me sens secouĂ©e Ă  la maniĂšre d’un shaker, voire lĂ©gĂšrement agressĂ©e ; dans le second, j’ai envie de rĂ©pondre que je sais toujours quoi lire, et qu’il existe plus de livres sur le marchĂ© que d’auteurs encore en vie. Les lecteurs ont donc l’embarras du choix. Si les posts du vendeur Ă  la criĂ©e peuvent gĂ©nĂ©rer des ventes, de mon cĂŽtĂ©, je fuis Ă  toutes jambes. Vous souvenez-vous de la comptine du Petit Bossu ? Quand le vendeur Ă  la criĂ©e s’exprime, il m’arrive d’y songer et de me remĂ©morer la dĂ©finition du mot « politesse ».
J’ai relevĂ© un autre travers chez le vendeur Ă  la criĂ©e : il se montre Ă©goĂŻste, voire Ă©gocentrique. S’il peut vous remercier, par simple courtoisie, d’avoir partagĂ© l’une de ses publications sur les rĂ©seaux sociaux, il partagera rarement les vĂŽtres et ne vous likera quasiment jamais, Ă  moins qu’il ne s’ennuie aux toilettes. Lorsqu’il s’aperçoit que ses posts n’ont pas l’effet escomptĂ©, il peut les partager une nouvelle fois, avec un commentaire destinĂ© Ă  « rĂ©veiller la foule ». Il m’est dĂ©jĂ  arrivĂ© de partager, pour la seconde fois, une publication que je jugeais invisible. Mais Ă  la diffĂ©rence du vendeur Ă  la criĂ©e, je procĂ©dais de cette maniĂšre en de rares occasions. Contrairement au spammeur, le vendeur Ă  la criĂ©e vous semblera plus facile Ă  ignorer. 

Le twitto  professionnel

« Avec le temps que tu passes Ă  composer des tweets, tu pourrais Ă©crire un roman. Les rĂ©seaux sociaux doivent servir ta visibilitĂ©, mais ta visibilitĂ© n’a pas vocation Ă  servir les rĂ©seaux sociaux. »

Connaissez-vous des auteurs qui passent plus de temps sur les réseaux sociaux que sur leurs romans ? Moi, oui. Il suffit de me désigner du doigt ou de me héler dans la rue.
AprĂšs la sortie de mon premier roman, en aoĂ»t 2019, j’avais appris Ă  me familiariser avec l’univers de Twitter. J’avais pourtant dĂ©couvert la plateforme il y a quelques annĂ©es, mais je n’étais pas trĂšs active. MalgrĂ© ma capacitĂ© Ă  Ă©crire beaucoup et mon imagination, que certains qualifieraient de « dĂ©bordante » ou de « fertile », je n’avais pas su gĂ©rer mon temps sur les rĂ©seaux sociaux. En vĂ©ritĂ©, j’étais grisĂ©e par le monde de Twitter, et je cherchais Ă  accroĂźtre ma visibilitĂ©, au dĂ©triment de l’essentiel : mes Ă©crits, qui constituent mon cƓur de mĂ©tier, puisque j’exerce aujourd’hui en tant qu’autrice Ă  plein temps. Bien entendu, je ne prends pas en compte mes prestations connexes, comme la bĂȘta-correction, les montages et les communiquĂ©s de presse. Passer trop de temps sur les rĂ©seaux sociaux constitue un travers contre lequel je m’efforce de lutter au quotidien, par la mise en place d’un planning numĂ©rique pouvant ĂȘtre soumis Ă  des alĂ©as.
Comme l’a Ă©voquĂ© MĂ©lanie Desforges, dans une vidĂ©o YouTube, sans les rĂ©seaux sociaux, tu n’es rien. J’adhĂšre Ă  cette affirmation, car les rĂ©seaux sociaux servent la visibilitĂ© des auteurs. Le principal est de ne pas s’y noyer.
Je cite Twitter, parce que beaucoup d’auteurs y dĂ©tiennent un compte. À mes yeux, il existe deux catĂ©gories de twittos professionnels : celui qui tweete  trop, ce qui retarde la sortie de son prochain ouvrage, et celui qui tweete sur ses objectifs en matiĂšre d’écriture, sans jamais sortir un seul livre ; pas mĂȘme une nouvelle de cinquante pages.
J’appartiens, assurĂ©ment, Ă  la premiĂšre catĂ©gorie. Pendant longtemps, j’ai rivalisĂ© d’imagination pour divertir les gens sur les rĂ©seaux sociaux. J’avais atteint mon objectif premier : gagner en visibilitĂ© afin que quelqu’un d’autre, hormis mon ordinateur, lise ma romance. Il m’est arrivĂ© de culpabiliser, parce que j’avais laissĂ© les rĂ©seaux sociaux prendre le dessus sur mes objectifs.
Qu’en est-il du twitto professionnel de la seconde catĂ©gorie ? Il affirme rĂ©guliĂšrement qu’il doit Ă©crire. Or, aucun de ses Ă©crits ne sort au grand jour ; pas mĂȘme sur Wattpad . Les personnes qui le suivent sur les rĂ©seaux sociaux doivent d’ailleurs se demander s’il Ă©crit vraiment, ou s’il ne se contente pas de tenir un journal intime. 

L’assistĂ©

« Si tu sais utiliser Internet pour assaillir les autres auteurs de questions, tu sauras utiliser Internet pour trouver des réponses. »

MalgrĂ© sa prĂ©sence sur les rĂ©seaux sociaux, l’assistĂ© donne l’impression de ne pas avoir accĂšs Ă  l’information ou d’ĂȘtre dĂ©connectĂ© du monde. Ses questions sont excessives, et il ressemble Ă  un enfant qu’il faut guider. La plupart du temps, les rĂ©ponses Ă  ses questions se trouvent sur Internet, ou dans la vidĂ©o YouTube d’un auteur qui prodigue des conseils Ă  ses pairs. Le comble, c’est qu’il suit cet auteur sur les rĂ©seaux sociaux.
Je me suis toujours prononcĂ©e en faveur de l’entraide et des Ă©lans de solidaritĂ©, mais je condamne l’abus. En effet, « aider » ne signifie pas « mĂącher le travail ». Vous vous rappelez le numĂ©ro 12 ? Celui des renseignements ? Si vous l’avez oubliĂ©, l’assistĂ© vous rafraĂźchira la mĂ©moire en envahissant votre espace. Ses interrogations peuvent prendre deux formes : il peut les formuler en public, dans des groupes littĂ©raires spĂ©cialisĂ©s, ou il peut vous envoyer un message privĂ© pour que vous l’aiguilliez.
Tout le monde se renseigne, me direz-vous ; y compris moi. Mais je ne m’adresse aux autres que lorsque j’ai Ă©puisĂ© toutes mes ressources. L’assistĂ©, lui, recherche la facilitĂ© au dĂ©triment des autres. Il ne dĂ©ploie aucun effort pour trouver les rĂ©ponses par ses propres moyens, et il pose des questions qui ont d’ores et dĂ©jĂ  Ă©tĂ© maintes fois abordĂ©es par les personnes qu’il suit sur les rĂ©seaux sociaux.
La plupart des assistĂ©s auxquels j’ai eu affaire sont des auteurs indĂ©pendants qui donnent l’impression d’avoir publiĂ© un livre, sans avoir pris la peine de recueillir toutes les informations au prĂ©alable. L’auteur assistĂ© peut notamment vous contacter pour vous demander comment publier la version numĂ©rique de son livre, sitĂŽt son brochĂ© sorti. Il peut Ă©galement revenir vers vous pour savoir comment publier son ouvrage ailleurs que sur Amazon, alors que le sujet a Ă©tĂ© Ă©voquĂ©, Ă  de nombreuses reprises, sur les rĂ©seaux sociaux et sur les plateformes d’autoĂ©dition (AE), dont Amazon. Les questions peuvent aujourd’hui prĂȘter Ă  sourire, mais sur le coup, elles laissent perplexe.
Selon Maritza Jaillet, certains assistĂ©s la contactent, Ă  plusieurs reprises, pour lui soumettre les mĂȘmes questions ; des questions auxquelles elle avait dĂ©jĂ  rĂ©pondu. 

Le réseauteur

« Les likes sont comme les antibiotiques ; ils ne sont pas automatiques. »

Avez-vous déjà remarqué que certaines personnes vous suivaient sur les réseaux sociaux, sans jamais interagir avec vous ? Si vous mettez de cÎté les personnes peu actives, les faux comptes et les abonnés plus intéressés par votre photo de profil que par votre contenu, vous risquez de tomber sur des réseauteurs.
Le rĂ©seauteur ne vous suit pas pour vos beaux yeux ni pour votre contenu. Vous n’avez aucun affect avec lui, et pourtant, il vous suit. Comme son nom l’indique, le rĂ©seauteur cherche Ă  Ă©tendre son rĂ©seau. Si vous ĂȘtes un auteur, avec un minimum de visibilitĂ©, le rĂ©seauteur risque de s’abonner Ă  votre compte. Vos likes et vos commentaires potentiels contribueront Ă  le faire connaĂźtre en tant qu’auteur. Eh oui, Ă  l’heure actuelle, sans les rĂ©seaux sociaux, les livres se vendraient nettement moins bien.
Contrairement au vendeur Ă  la criĂ©e qui ne like jamais, le rĂ©seauteur like
 si vous ĂȘtes assez proche de lui. Bien qu’il recherche la notoriĂ©tĂ©, comme beaucoup en ce bas monde, le rĂ©seauteur ne noie pas nĂ©cessairement son auditoire sous un verbiage autour de ses livres. Il peut mĂȘme publier un contenu intĂ©ressant, voire instructif.
NĂ©anmoins, il existe des rĂ©seauteurs dont les pratiques peuvent agacer. Parmi eux figure le primo-auteur rĂ©seauteur. Son premier livre vient de sortir, et il Ă©prouve le besoin de s’intĂ©grer Ă  la communautĂ© littĂ©raire pour se faire connaĂźtre. Comment procĂšde-t-il ? Tant qu’il n’est pas trĂšs suivi ni trĂšs connu Ă  son goĂ»t, il vous likera et laissera des commentaires sous vos publications. Une fois son rĂ©pertoire rempli, vous n’existez plus. Il peut mĂȘme se dĂ©sabonner de votre compte et analyser votre liste d’abonnĂ©s, en douce et avec soin. Il « piochera dedans » pour trouver de nouvelles personnes Ă  suivre et se dĂ©sabonnera aussitĂŽt, si lesdites personnes ne lui procurent aucune satisfaction. J’en ai fait l’expĂ©rience avec un primo-auteur qui s’était adressĂ© Ă  moi pour les montages de son livre. Comme il abusait de la stratĂ©gie du follow / unfollow , avec d’autres auteurs que je connaissais, je m’en suis rapidement aperçue. Je condamne cette pratique, mais dans mon cas, je considĂšre que c’était un mal pour un bien. En effet, l’intĂ©ressĂ© endossait, en mĂȘme temps, les casquettes de rĂ©seauteur et de vendeur Ă  la criĂ©e. 

Le perfectionniste

« À quoi bon douter, te relire et te corriger jusqu’à t’en rendre malade ? Si la perfection n’est pas de ce monde, elle ne se trouve certainement pas dans les livres que tu Ă©cris. À force de vouloir trop bien faire, tu finis par mal faire. »

Le perfectionnisme constitue une vĂ©ritable plaie Ă  supporter au quotidien. Je peux en parler en connaissance de cause, puisque je fais partie des auteurs perfectionnistes. Or, mes ouvrages ne sont pas exempts de dĂ©fauts, Ă  commencer par les coquilles que mon Ɠil, pourtant aguerri, n’est pas parvenu Ă  dĂ©celer. Certes, les personnes qui m’ont lue m’ont indiquĂ© qu’elles Ă©taient peu nombreuses, mais la moindre erreur va m’irriter ; surtout si je suis directement concernĂ©e et s’il s’agit de quelque chose que j’aurais pu Ă©viter, d’une façon ou d’une autre.
Syndrome de l’imposteur (ou de l’autodidacte)  et perfectionnisme vont gĂ©nĂ©ralement de pair. Le perfectionniste cherche tellement « la petite bĂȘte » qu’il doute en permanence. Il n’aime pas le travail bien fait, mais le travail parfait. Éprouvant toutes les peines du monde Ă  dĂ©lĂ©guer, il se dĂ©clare rarement satisfait.
Pourquoi le perfectionniste agace-t-il autant ? S’il perçoit aisĂ©ment les dĂ©fauts des autres, dites-vous que c’est pire lorsqu’il s’agit de sa propre personne. Il avance sur ses Ă©crits plus lentement que ses « collĂšgues auteurs », vu qu’il passe son temps Ă  se questionner : lors de la phase d’écriture et au cours de ses multiples relectures. Les corrections de ses Ă©crits s’éternisent, et ses interminables modifications risquent de dĂ©naturer le contenu initial. Lorsque le perfectionniste se retrouve face Ă  lui-mĂȘme, la plupart de ses phrases commencent de la mĂȘme façon : « Et si
 » Or, comme le veut l’expression, « avec des si, on mettrait Paris en bouteille. »
Les efforts du perfectionniste se rĂ©vĂšlent-ils payants ? Dans le milieu du livre, pas toujours. La plupart des lecteurs prĂ©fĂ©reront une histoire qui les fera vibrer, Ă  la qualitĂ© de la langue. Ils auront tendance Ă  se procurer des ouvrages qui auront créé le buzz – mĂȘme si, parmi eux, certains sont mal Ă©crits – plutĂŽt que de se tourner vers un auteur « inconnu » qui s’exprimera correctement dans la langue de MoliĂšre. Enfin, le prix du livre et la couverture peuvent influer sur le choix du lecteur, sans compter que certains auteurs savent faire jouer leurs relations pour dĂ©clencher davantage de ventes. Je ne fais pas partie de ceux-lĂ , vu que j’ai une sainte horreur de l’hypocrisie.
On ne naĂźt pas perfectionniste ; on le devient. Avec des parents asiatiques autoritaires et peu enclins au pardon, mon sort de « perfectionniste en devenir » Ă©tait dĂ©jĂ  scellĂ©. Il l’était davantage lorsqu’ils ont dĂ©cidĂ© de m’inscrire dans une Ă©cole privĂ©e Ă©litiste, dans laquelle je devais me surpasser en permanence. Mes profs ne manquaient pas non plus de me le rappeler. Une phrase revenait souvent au sein de mon Ă©tablissement : « Si vous ne retenez pas ceci, vous irez bosser comme caissiĂšre ou vous finirez Ă©boueur. » Charmante perspective quand on aspire Ă  autre chose, n’est-ce pas ? Alors que ne pas retenir une leçon, au sens scolaire du terme, ne condamne absolument pas votre vie. J’ai donc grandi avec le sentiment que je devais toujours en faire plus, dans chaque tĂąche que j’accomplissais. Rien n’était jamais suffisant ni assez bien.
À force de vouloir trop en faire, on finit par mal faire. AprĂšs tout, ne dit-on pas que le mieux est l’ennemi du bien ? Le compte Savoir du Monde, auquel je suis abonnĂ©e sur Twitter, a partagĂ© une citation que je trouve intĂ©ressante : « Trop rĂ©flĂ©chir pousse systĂ©matiquement le cerveau Ă  faire une fixation sur toutes les choses nĂ©gatives. » Le perfectionniste gagnerait donc Ă  lĂącher prise de temps Ă  autre. En constatant qu’il n’est pas si mal loti, il ne s’en porterait que mieux.
Le compte Mindset, dont j’apprĂ©cie les pensĂ©es, a publiĂ© la phrase suivante : « Être perfectionniste et avoir des normes Ă©levĂ©es pour soi-mĂȘme peut rendre difficile la confiance en vos compĂ©tences, car vous visez constamment une perfection inaccessible. » Puisque je parle de perfectionnisme et de perfection, je ne peux qu’admettre la vĂ©racitĂ© de cette phrase, hĂ©las. Lorsque je me penche sur mes textes, seuls leurs dĂ©fauts me sautent aux yeux. D’ailleurs, personne ne peut se montrer plus critique envers moi que moi-mĂȘme : ni mes parents, avec leur Ă©ducation rigoriste, ni mes ex durant nos querelles. Quand des personnes que je corrige ou que je bĂȘta-corrige me disent : « Sophie, t’es drĂŽlement intransigeante ! », j’ai envie de sourire. Elles n’imaginent pas Ă  quel point ma duretĂ© est amplifiĂ©e lorsqu’il s’agit de mes propres livres. Je retire nĂ©anmoins un avantage de mon perfectionnisme handicapant : celui de pouvoir anticiper les remarques dĂ©sagrĂ©ables de mes dĂ©tracteurs
 

Le rebelle

« Pour t’épanouir dans ton art, tu dois d’abord apprendre les rĂšgles et les respecter. »

Comme le suggĂšre son appellation, le rebelle reprĂ©sente l’exact opposĂ© du perfectionniste ; ce qui, en un sens, lui Ă©vite pas mal de nƓuds au cerveau et Ă  l’estomac. Certaines personnes, Ă  l’instar de mon ex-compagnon, affirment que la mĂ©chancetĂ© conserve. Il en va de mĂȘme pour le je-m’en-foutisme du rebelle. Existe-t-il un profil type ? Oui, l’auteur autoĂ©ditĂ© ou indĂ©pendant.
Si les lecteurs du rebelle n’apprĂ©cient pas sa prose truffĂ©e de coquilles, lui, semble bien le vivre. Bien qu’il ne cherche pas Ă  corriger son ouvrage, il n’abandonne pas pour autant sa promotion. Face aux fautes de français, certains rebelles prĂŽneront la libertĂ© d’expression pour se dĂ©fendre. Ils dĂ©clareront que l’autoĂ©dition repose sur la possibilitĂ© de s’exprimer sans la moindre contrainte : « Si j’avais voulu me soumettre Ă  des rĂšgles, j’aurais envoyĂ© mon manuscrit Ă  une maison d’édition. » MĂȘme si je trouve cette rĂ©action dĂ©concertante, j’ai dĂ» m’y accoutumer, tout comme l’autrice Maritza Jaillet au moment des chroniques.
L’absence de recherches peut Ă©galement devenir un sujet houleux, dĂšs lors que vous vous retrouvez confrontĂ© au rebelle. Il ne comprendra pas les incohĂ©rences relevĂ©es dans ses ouvrages ni les critiques que vous formulerez Ă  son endroit : « Les recherches ? Pour quoi faire ? Mon roman, c’est de la pure fiction ! » Il jugera donc normal que dix petits kilomĂštres sĂ©parent Paris de Los Angeles dans l’un de ses livres. Or, mĂȘme dans la fiction, certaines donnĂ©es doivent cadrer avec la rĂ©alitĂ©. C’est ce que rappelle MĂ©lanie Desforges dans son podcast Erreur n°17 : pas assez de recherches, que vous pouvez Ă©couter sur YouTube. Maritza Jaillet aborde Ă©galement ce thĂšme sur sa chaĂźne YouTube, TataNexua. Elle l’évoque dans plusieurs vidĂ©os dont ArrĂȘtez avec vos put
 d’erreurs ! et Les recherches #5.
Le je-m’en-foutisme du rebelle ne s’arrĂȘte pas aux coquilles relevĂ©es ni aux « non-recherches ». Sinon, ce serait trop simple. Maritza et moi mettons rĂ©guliĂšrement en avant les auteurs, notamment sur YouTube. Les conditions que nous avons posĂ©es, pourtant simples Ă  respecter, vont ĂȘtre enfreintes par le rebelle. Vous avez demandĂ© une premiĂšre de couverture ? Il vous fournira la maquette de son livre ou la capture d’écran de la page de rĂ©sultats Amazon, sur laquelle figure son ouvrage. Dans son message, vous sentez qu’il manque les mots suivants : « DĂ©brouille-toi avec ce que je viens de t’envoyer ; j’ai mieux Ă  faire. » Parfois, le rebelle prĂ©tendra qu’il n’a que son brochĂ© ou que la maquette de son livre. Pourtant, lorsque j’effectue une recherche sur Internet, je parviens, bizarrement, Ă  mettre la main sur sa couverture ; et sur plusieurs sites. Étonnant, non ? L’esclavage ayant Ă©tĂ© aboli par Victor SchƓlcher, je refuse dĂ©sormais de « traiter » avec les auteurs rebelles. 

Le génie incompris

« Une critique nĂ©gative peut ĂȘtre constructive, lorsqu’elle Ă©mane de quelqu’un de bienveillant qui sait choisir ses mots. »

Imbu de lui-mĂȘme, le gĂ©nie incompris se manifeste aprĂšs le retour d’une chronique sur l’un de ses ouvrages. Vous n’avez pas apprĂ©ciĂ© ce qu’il a Ă©crit ? Vous trouvez qu’un paragraphe pourrait ĂȘtre amĂ©liorĂ© ? Qu’à cela ne tienne, le gĂ©nie incompris se comporte comme un guerrier prĂȘt Ă  attaquer. AprĂšs tout, ne dit-on pas que la meilleure dĂ©fense, c’est l’attaque ? Avec le gĂ©nie incompris, tous vos arguments, quels qu’ils soient, seront contrĂ©s. Si sa plume ne vous a pas transportĂ©, c’est votre faute, pas la sienne. Votre cerveau se rĂ©vĂšle trop dĂ©faillant pour comprendre ce qu’il a Ă©crit, voyons.
Comment ai-je dĂ©couvert l’existence du gĂ©nie incompris, alors que je n’ai jamais eu affaire Ă  lui ? Je croise les doigts pour ne pas en croiser un. La rĂ©pĂ©tition du verbe « croiser » est volontaire. J’ai Ă©coutĂ© les anecdotes de Maritza Jaillet et de MĂ©lanie Desforges. Respectivement chroniqueuse et ex-chroniqueuse, elles lisent plus rĂ©guliĂšrement que moi. Par « lire », entendez « lire les auteurs qu’elles cĂŽtoient sur les rĂ©seaux sociaux ». Autant dire qu’elles sont habituĂ©es Ă  Ă©changer avec bon nombre d’entre eux dont certains peuvent se montrer contestataires. Ma pile Ă  lire dĂ©borde, mais je chronique au compte-gouttes. Lorsque j’effectue une bĂȘta-correction, les oppositions se font rares. Comment rejeter une rĂšgle de français, alors que je soumets, Ă  l’auteur concernĂ©, des liens explicatifs renvoyant vers des sites sĂ©rieux, comme Le Robert ou le Projet Voltaire ? En matiĂšre de lecture, si l’on excepte la qualitĂ© de la langue, tout repose sur les ressentis. Les goĂ»ts et les couleurs de chacun ne se discutent pas, mais pour le gĂ©nie incompris, si.
Il y a quelque temps, Maritza Jaillet avait d’ailleurs dĂ©noncĂ© le comportement de certains gĂ©nies incompris qui s’étaient permis d’insulter des chroniqueurs, une fois le travail rendu. Des chroniques, j’en ai eu ; des bonnes et des moins bonnes ; des nĂ©gatives et des positives. Je suis mĂȘme tombĂ©e sur de mauvaises chroniqueuses dont l’une s’était Ă©vaporĂ©e dans la nature, sitĂŽt le livre reçu. Or, Ă  aucun moment il ne me viendrait Ă  l’esprit d’insulter une chroniqueuse. Oui, dans mon cas, j’ai essentiellement affaire Ă  un public fĂ©minin. Si l’envie vous dĂ©mange et si vous sentez que vous vous transformez en gĂ©nie incompris, dites-vous qu’un livre, qui ne rĂ©colte que des critiques dithyrambiques, paraĂźt tout de suite suspect aux yeux des acheteurs potentiels. 

Le Calimero

« Au lieu de geindre en public, sers-toi de tes plaintes ou de tes doléances pour écrire un livre. Ainsi, ta colÚre et ton chagrin deviendront constructifs. »

Calimero dĂ©signe un personnage de dessin animĂ©, reprĂ©sentĂ© par un poussin noir dans une portĂ©e de poussins jaunes. Une coquille d’Ɠuf Ă  moitiĂ© brisĂ©e lui sert de couvre-chef. Se plaignant souvent, Calimero s’est fait connaĂźtre grĂące Ă  sa phrase fĂ©tiche, aujourd’hui devenue culte : « C’est vraiment trop inzuste ! » Vous noterez, au passage, son zĂ©zaiement .
Un individu qui se plaint et qui se sent persĂ©cutĂ© est, de facto, qualifiĂ© de Calimero. Beaucoup d’auteurs, Ă  l’instar de Maritza Jaillet, utiliseront le sobriquet Ouin-Ouin pour le qualifier. Comment opĂšre le Calimero ou le Ouin-Ouin ?
À en juger par ses propos, le monde entier lui en veut, et il est frappĂ© par la malchance depuis sa naissance. Vous souvenez-vous des sorciĂšres créées par Roald Dahl, ou des bons gros mĂ©chants qui apparaissent dans les films d’animation Disney ? Eh bien, le Calimero les a tous connus et affrontĂ©s. Dans ses publications, il respire rarement le bonheur, et il dĂ©verse ses malheurs sur les rĂ©seaux sociaux. Son public, c’est son journal intime, comme s’il ressentait le besoin de trouver une oreille compatissante qui garantira sa position de « victime ».
Comme le précise Maritza Jaillet, le Calimero possÚde « un ego sous-dimensionné ». Intimement persuadé que ses écrits ne valent pas grand-chose, il finit par éloigner les lecteurs potentiels, à force de répandre des pensées négatives autour de lui.
Qu’en est-il des ouvrages du Calimero ? Les jĂ©rĂ©miades de ce dernier le freinent dans sa production littĂ©raire, alors qu’il pourrait, s’il le souhaitait, se servir de ses malheurs pour alimenter le contenu de ses livres. L’écrivain Philippe Sollers, que j’avais mentionnĂ© dans ma premiĂšre romance, Un deal pas trĂšs catholique, avait notamment dĂ©clarĂ© : « Composer un livre, seul moyen de parler de soi sans assister Ă  l’ennui des autres. » Ceux qui me suivent sur les rĂ©seaux sociaux doivent se souvenir de cette citation, car je l’ai rĂ©cemment partagĂ©e. « L’auditoire » des rĂ©seaux sociaux possĂšde un seuil de tolĂ©rance limitĂ©, Ă  l’égard des personnes qui se plaignent en permanence. L’inspiration, elle, ne comporte aucune limite. Le Calimero ferait donc bien de mĂ©diter sur les mots de Philippe Sollers.
Si les livres du Calimero ne se vendent pas suffisamment Ă  son goĂ»t, il geindra deux fois plus : « Pourquoi personne n’achĂšte mes livres ? » Dans ce contexte prĂ©cis, Maritza Jaillet qualifie le Calimero de saule pleureur. Ne parvenant pas Ă  gĂ©rer sa frustration, ce dernier peut hurler son indignation ou devenir agressif sans crier gare.
Une autrice s’est rĂ©cemment servie des Stories  Instagram pour se plaindre, car malgrĂ© la baisse du prix, ses livres ne semblaient pas intĂ©resser grand monde. À mon sens, l’autrice ne soulĂšve pas les bonnes questions. Elle devrait se demander si sa couverture donne envie, si sa maniĂšre d’écrire est correcte et si elle communique assez autour de ses livres, sans se montrer maladroite. En se dĂ©foulant dans les Stories, elle vient de commettre un impair et d’écorner son image. Dans la vidĂ©o Ă©ponyme qu’il a publiĂ©e sur YouTube, le coach en sĂ©duction Charles Lovecoach martĂšle cette phrase : « La pitiĂ© ne crĂ©e pas de dĂ©sir ! » Si le principe se vĂ©rifie en matiĂšre amoureuse, je pense qu’il s’applique Ă©galement Ă  la vente et aux auteurs
 

Le philanthrope

« Un produit, mĂȘme exceptionnel, doit ĂȘtre portĂ© Ă  la connaissance de tous pour ĂȘtre vendu. »

Comme son nom l’indique, le philanthrope Ă©crit par passion. Jusque-lĂ , rien d’anormal. Mais tout se corse lorsqu’il s’agit de promouvoir ses ouvrages. J’ai dĂ©couvert l’existence du philanthrope grĂące aux tĂ©moignages de Maritza Jaillet. D’aprĂšs les propos recueillis, le philanthrope ne comprend pas que le livre reprĂ©sente un produit qu’il faut vendre.
DiamĂ©tralement opposĂ© au spammeur et au vendeur Ă  la criĂ©e, dont l’excĂšs et l’exubĂ©rance font fuir, le philanthrope considĂšre que le livre se vendra tout seul une fois sorti, ou que l’écriture supplante la communication et la publicitĂ©. Tant que le philanthrope produit, il se sent heureux.
Un proverbe chinois pourrait s’appliquer Ă  son cas : « Ne vous mettez pas en avant, mais ne restez pas en arriĂšre. » En effet, si le philanthrope Ă©tait si peu motivĂ© Ă  l’idĂ©e de faire connaĂźtre son ouvrage, il aurait Ă©tĂ© prĂ©fĂ©rable de le laisser prendre la poussiĂšre dans un tiroir. Au moins, le tiroir ne prend pas de sous. Pour Ă©conomiser de l’encre, le philanthrope aurait mĂȘme pu laisser son texte sur son ordinateur ou sur un disque dur externe. Comme l’explique Maritza Jaillet, Ă  partir du moment oĂč un ISBN  a Ă©tĂ© attribuĂ©, le livre doit ĂȘtre promu pour ĂȘtre vendu. 

Le marketeur

« Vendre beaucoup, aprÚs avoir bien travaillé ta communication et analysé ce qui plaßt au public, ne fait pas de toi un auteur qui écrit mieux que les autres et qui maßtrise mieux la langue. Tu es juste astucieux et intuitif. Ne confonds pas non plus vitesse et précipitation : dans le premier cas, tu te montres efficace ; dans le second, le travail est bùclé. »

Contrairement au philanthrope, le marketeur sait se vendre. Bien qu’il n’ait pas toujours suivi des cours de marketing, il se comporte comme s’il en connaissait toutes les ficelles. Le philanthrope devrait d’ailleurs s’inspirer du marketeur, car dans la majoritĂ© des cas, les stratĂ©gies de celui-ci se rĂ©vĂšlent payantes. Sur Amazon, le marketeur ne rĂ©colte pas moins de cinquante commentaires sur chacun de ses ouvrages, et les performances de ses ventes mĂ©ritent d’ĂȘtre applaudies. NĂ©anmoins, l’attitude de certains marketeurs ne donne pas envie de les cĂŽtoyer.
Pour prĂ©server leur anonymat, beaucoup d’auteurs masquent leur visage sur les rĂ©seaux sociaux. Le marketeur type, lui, ne s’en soucie pas. N’hĂ©sitant pas Ă  jouer sur son image, il poste rĂ©guliĂšrement des selfies et des vidĂ©os dans lesquels il se prend pour un top model, prĂȘt Ă  rivaliser avec le mannequin Heidi Klum. Il m’arrive, de temps Ă  autre, de tourner une petite vidĂ©o ou de poster des portraits de moi pour m’adresser Ă  la communautĂ© littĂ©raire. Or, Ă  cĂŽtĂ© du marketeur type, plus Ă  l’aise dans ses baskets, je fais pĂąle figure.
Sous prĂ©texte qu’ils Ă©coulent facilement leurs livres, certains marketeurs se sentent supĂ©rieurs aux autres auteurs et n’hĂ©sitent pas Ă  le montrer avec des mots pleins de suffisance. Quand je vois dĂ©filer la publication d’un marketeur condescendant, mon aversion pour la violence disparaĂźt instantanĂ©ment ; l’uppercut de Mike Tyson et le coup de boule de Zinedine Zidane ressurgissent aussitĂŽt. Comme c’est Ă©trange

En matiĂšre d’écriture, certains marketeurs vont plus vite que Bip Bip . Ils sont capables de sortir un livre tous les trois mois. La qualitĂ© du contenu dĂ©pendra des compĂ©tences du marketeur et de ses limites en français. Certains marketeurs rendent un travail globalement propre, tandis que d’autres fournissent un texte peu abouti, comportant des coquilles gĂȘnantes qui auraient pu ĂȘtre gommĂ©es – s’ils s’étaient davantage penchĂ©s sur leurs ouvrages. En effet, il est extrĂȘmement rare qu’un correcteur professionnel trouve le temps de vous corriger en moins de trois mois. Vous n’ĂȘtes pas tout seul sur son planning ! Et, Ă  moins d’ĂȘtre un as de la langue de MoliĂšre, les logiciels de correction, comme Le Robert et Antidote, ne suffisent pas. 

Le mendiant

« Mendier de l’attention te fait perdre de l’attention. Tes livres sont dĂ©valuĂ©s avant mĂȘme d’ĂȘtre Ă©valuĂ©s. Ils ne peuvent plus ĂȘtre valorisĂ©s, parce que tu t’es dĂ©valorisĂ©. »

Si le Calimero s’épanche en public sur tous les aspects de sa vie ou presque, le mendiant se concentrera uniquement sur certains aspects, en vue de susciter de la pitiĂ©. Il comptera sur votre compassion pour vendre ses livres. Certains mendiants pourront vous sortir : « S’il vous plaĂźt, mon chat n’a pas mangĂ© depuis trois jours. Achetez mon livre ! » Vous trouvez cette phrase pathĂ©tique et exagĂ©rĂ©e ? Au grand dam de Maritza Jaillet, elle comporte un air de dĂ©jĂ -vu. Si Maritza ne m’en avait pas touchĂ© deux mots, pour l’écriture de mon livre, je n’aurais pas dĂ©couvert le « slogan spĂ©cial mendiant ».
À mes yeux, la promotion d’un produit s’apparente Ă  la sĂ©duction. Vous mettriez-vous en couple avec une personne qui vous supplie de le regarder, de lui Ă©crire et de l’aimer ? Je suppose que non. Vous seriez davantage attirĂ© par ses qualitĂ©s et par sa maniĂšre de vous combler. Eh bien, pour la vente d’un livre, le principe demeure le mĂȘme : les lecteurs potentiels se tourneront davantage vers un livre susceptible de les ravir, plutĂŽt que vers un auteur qui aura mendiĂ©, en se servant de ses dĂ©boires. Certes, la plupart des auteurs gagnent peu. Mais ils ne sont pas encore Ă  la rue. 

Le vantard

« C’est en te vantant que tu engendres dĂ©fiance plutĂŽt que confiance. En exagĂ©rant tes mĂ©rites, tu incites les gens Ă  croire que tu leur vends du rĂȘve. »

Le vantard se cache partout, y compris parmi les auteurs. Il vous sidĂ©rera par son aplomb. Pendant que vous vous ingĂ©niez Ă  promouvoir efficacement vos ouvrages, il multipliera les superlatifs pour dĂ©crire ses livres et ses personnages. Comme par hasard, ces derniers sont tous beaux, magnifiques, forts, formidables, gĂ©niaux
 Le vantard n’hĂ©sitera pas non plus Ă  rĂ©pĂ©ter que leur histoire mĂ©rite d’ĂȘtre lue. Tandis qu’il enfile les termes laudatifs, comme on enfilerait les perles sur un collier, je vois la brioche de la pub VahinĂ© se dresser devant moi. Comme elle est sympathique, elle me met en garde : « VahinĂ©, c’est gonflĂ© ! »
Certains auteurs vantards comparent mĂȘme leur style d’écriture avec celui d’un Ă©crivain connu : « Si vous aimez Stephen King, vous adorerez mon roman. J’écris comme lui ! » Je caricature Ă  peine. D’autres auteurs vantards, en revanche, prĂ©fĂ©reront la sphĂšre cinĂ©matographique pour s’autocongratuler : « Ce soir, TF1 diffusera le magnifique film rĂ©alisĂ© par Steven Spielberg. Mes protagonistes sont aussi magnifiques que les hĂ©ros du film. En effet, Ă  la cinquantiĂšme minute et Ă  la trente-sixiĂšme seconde, on peut voir que Jean-Eustache a des poils aux fesses similaires Ă  ceux de Brad Pitt
 » J’ironise, mais l’idĂ©e reste la mĂȘme dans l’esprit de l’auteur vantard qui aurait mieux fait de garder Ă  l’esprit ce proverbe quĂ©bĂ©cois : « Toutes marchandises vantĂ©es perdent leur prix. »
En outre, j’ai dĂ©couvert qu’une infime poignĂ©e d’auteurs vantards attribuaient des notes Ă  leurs propres livres, sur des sites comme Booknode ou Babelio . Booknode permet de classer les ouvrages lus au sein de plusieurs catĂ©gories : « Diamant », « Or », « Argent », « Bronze », « Lu aussi », « En train de lire », « Pas apprĂ©ciĂ© », « Envies » et « PAL » . Comme vous pouvez vous en douter, les catĂ©gories « Diamant » et « Or » concernent les livres que vous avez prĂ©fĂ©rĂ©s. Eh bien, le vantard n’hĂ©sitera pas Ă  classer son propre livre dans la catĂ©gorie « Diamant » ou « Or ». Il dĂ©posera Ă©galement un avis dans lequel il louera les mĂ©rites de son livre. S’est-il montrĂ© suffisamment malin pour prendre un pseudonyme qui ne ressemble pas Ă  son nom de plume ? La rĂ©ponse est non. Je ne vous apprends donc rien en vous disant que Jean-Eustache de La Vantardise et JE de La Vantardise sont bien une seule et mĂȘme personne.
PlutĂŽt que de s’écouter parler, le vantard devrait retenir ce proverbe kurde que je trouve trĂšs sage : « Se vanter d’une belle action est plus facile que de la rĂ©aliser. » En effet, j’ai remarquĂ© que certains auteurs vantards Ă©taient loin d’avoir sorti des livres exempts de fautes de français. Je ne parle pas de quelques fautes de syntaxe ou d’orthographe, mais d’une flopĂ©e. Quant aux autres auteurs vantards, la plupart sont loin d’avoir remportĂ© l’adhĂ©sion du public concernant leurs ouvrages. Leur lectorat se compose principalement de personnes qui leur sont proches, ou avec lesquelles ils ont nouĂ© des liens sur les rĂ©seaux sociaux. 

Le crĂ©ateur d’embrouilles

« Si tu veux dĂ©clencher un conflit, crĂ©es-en un entre les personnages de ton roman, et non sur les rĂ©seaux sociaux. Ainsi, les personnes dotĂ©es d’une certaine intelligence ne remettront pas en question la tienne ou ne douteront pas de ta santĂ© mentale. »

Connaissez-vous les mots shitstorm et drama ? S’ils ne vous disent rien, le crĂ©ateur d’embrouilles les connaĂźt par cƓur. Le terme anglais shitstorm, pouvant ĂȘtre remplacĂ© par celui de drama, signifie littĂ©ralement « tempĂȘte de merde ». À l’échelle d’Internet, le shitstorm dĂ©signe un dĂ©ferlement de commentaires haineux ou de critiques virulentes, Ă  l’encontre d’une personne, d’un groupe de personnes ou d’une entreprise, Ă  la suite d’un scandale initiĂ© par l’utilisateur d’un rĂ©seau social ou d’un forum.
Avant de publier mes romans, j’ignorais l’existence des mots shitstorm et drama. Me jugeant inculte, l’oiseau bleu de Twitter a dĂ©crĂ©tĂ© que je devais ĂȘtre impliquĂ©e dans l’un d’eux pour en dĂ©couvrir la dĂ©finition.
Comment naĂźt un shitstorm ou un drama ? Tout est matiĂšre Ă  shitstorm ou Ă  drama, pour le crĂ©ateur d’embrouilles : vous avez eu le malheur de vous dĂ©sabonner de son compte ? Hop, shitstorm. Vous l’avez bloquĂ© parce qu’il nuisait Ă  votre bien-ĂȘtre ? Shitstorm. Vous prĂ©fĂ©rez les culottes Ă  pois rouges, alors qu’il prĂ©fĂšre les slips jaune poussin ? Shitstorm. Vous mettez trop d’émojis dans vos publications ? Shitstorm.
Le terrain favori du crĂ©ateur d’embrouilles ? Twitter ; dĂ©crit par certains influenceurs comme le rĂ©seau social le plus dĂ©lĂ©tĂšre. En tant que « cibles », Maritza Jaillet et moi-mĂȘme ne le savons que trop bien. Il faut avouer que traĂźner sur Twitter revient Ă  crier sur la place publique, ce qui n’est pas sans rappeler la place de GrĂšve et ses pendaisons. Les posts sont plus visibles sur Twitter, contrairement Ă  Facebook qui se veut plus communautaire. Quant Ă  Instagram, les commentaires qui apparaissent sous les posts ne sont pas mis en exergue, et il est aujourd’hui possible de les masquer. NĂ©anmoins, des commentaires peu amĂšnes peuvent Ă©galement « germer » sur Instagram. Ce fut le cas pour moi, en raison de mes connaissances sur les codes hexadĂ©cimaux. Ces derniers permettent de dĂ©terminer les couleurs, dans les domaines du webdesign et du graphisme.
Le crĂ©ateur d’embrouilles cherche Ă  attirer l’attention ou Ă  se faire plaindre. DotĂ© d’une intelligence limitĂ©e, il se croit malin. Il mentionnera sa « cible » dans la publication empoisonnĂ©e qui conduira au drama. Il se montrera violent ou jouera les « victimes », en fonction de la situation : « Sophie Lim s’est dĂ©sabonnĂ©e, et Maritza Jaillet a appelĂ© sa chatte Maki au lieu de Sushi. MĂ©lanie Desforges prĂ©fĂšre les points de croix aux points de suture. Vous vous rendez compte ? ? ? » Oui, on se rend compte de ta bĂȘtise et de ton attitude de gamin.
Le crĂ©ateur d’embrouilles peut mĂȘme aller plus loin, en faisant circuler les captures d’écran des messages privĂ©s que vous avez Ă©changĂ©s. Il les tronque et les sort de leur contexte, afin d’amener la communautĂ© littĂ©raire Ă  vous dĂ©tester ou Ă  vous tourner le dos. C’est du vĂ©cu. Une autrice que j’avais bloquĂ©e avait fait circuler mes messages privĂ©s, alors que je m’étais confiĂ©e Ă  elle Ă  l’époque oĂč nous Ă©tions « amies ». Sortis de leur contexte, mes propos ont Ă©tĂ© mal interprĂ©tĂ©s, et beaucoup d’auteurs ont considĂ©rĂ© qu’il fallait me fuir comme la peste. SurexposĂ©e, Maritza a subi le mĂȘme traitement, avec des personnes diffĂ©rentes.
Je reçois rĂ©guliĂšrement des messages privĂ©s dans lesquels des auteurs se livrent. Si j’agissais de la mĂȘme maniĂšre que le crĂ©ateur d’embrouilles, je dĂ©clencherais une TroisiĂšme Guerre mondiale entre auteurs, ou entre auteurs et chroniqueurs. Comme l’indique la cĂ©lĂšbre phrase, attribuĂ©e au philosophe allemand Friedrich Nietzsche, « ce qui ne me tue pas me rend plus fort. » Les gens qui sont restĂ©s autour de moi sont ceux qui connaissent ma vĂ©ritable valeur. Je ne me sens donc pas triste d’avoir « perdu » des personnes mallĂ©ables ou qui n’en valaient pas la peine. D’aprĂšs une citation trouvĂ©e sur Facebook, et dont j’ignore la paternitĂ©, « les faux amis croient aux rumeurs. Les vrais amis croient en vous. » C.Q.F.D.
Le crĂ©ateur d’embrouilles risque-t-il une sanction pĂ©nale ? Oui, mais dans les faits, la preuve reste difficile Ă  rapporter ; raison pour laquelle je n’ai pas souhaitĂ© porter plainte. Qu’il s’agisse d’un support numĂ©rique ou d’un support papier, nul n’est autorisĂ© Ă  divulguer vos correspondances privĂ©es sans votre consentement, sous peine d’enfreindre l’article 226-15 du Code pĂ©nal, portant sur l’atteinte au secret des correspondances. La violation dudit article est punie d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.
RĂ©primĂ© par l’article 222-33-2-2 du Code pĂ©nal, le cyberharcĂšlement, d’ordre moral ou sexuel, est passible d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. Si vous en ĂȘtes victime, vous pouvez demander, dans un premier temps, le retrait des publications dĂ©lictuelles. Le cyberharcĂšlement est caractĂ©risĂ©, dĂšs lors que survient un harcĂšlement moral ou sexuel, commis par voie Ă©lectronique. Ledit harcĂšlement concerne les injures, les insultes et les actes de diffamation, provenant d’un site Web ou des rĂ©seaux sociaux. Il peut prendre diverses formes : intimidations et menaces en ligne, propagation de rumeurs, piratage de comptes et usurpation d’identitĂ© numĂ©rique, crĂ©ation d’un groupe de discussion Ă  l’encontre d’une personne dĂ©signĂ©e, publication d’une photo ou d’une vidĂ©o compromettante pour la victime.
Le « cyberharcĂšlement en meute », aussi appelĂ© « raid numĂ©rique », a Ă©tĂ© intĂ©grĂ© au Code pĂ©nal depuis la loi Schiappa du 3 aoĂ»t 2018. Le « cyberharcĂšlement en meute » constitue une attaque coordonnĂ©e et simultanĂ©e, de la part de plusieurs individus qui unissent leurs forces, en vue de harceler quelqu’un sur la Toile.
Il va de soi que je condamne de telles pratiques, dont j’ai moi-mĂȘme Ă©tĂ© victime lorsque j’ai gagnĂ© en visibilitĂ© sur les rĂ©seaux sociaux. Quelques mois aprĂšs la sortie de mon premier roman, un auteur s’était rendu sur le blog d’une chroniqueuse pour critiquer ma romance. Éconduit par la chroniqueuse, il avait ouvert un compte Twitter et avait postĂ© plusieurs publications mĂ©disantes, au sujet de mon roman. Je n’ai toujours pas dĂ©couvert qui se cachait derriĂšre ce sinistre individu.
La plupart du temps, le crĂ©ateur d’embrouilles ignore qu’il outrepasse les limites lĂ©gales. Il pense souvent qu’il peut agir en toute impunitĂ©, ce qui explique pourquoi il multiplie les plaisirs dans son « entreprise de dĂ©molition ». Le subtweet et le QRT font Ă©galement partie des spĂ©cialitĂ©s sournoises du crĂ©ateur d’embrouilles. Je les aborde dans mon article de blog, intitulĂ© « Le vocabulaire du Twitter littĂ©raire ».
Diminutif de subliminal tweet, le subweet consiste Ă  critiquer ouvertement une personne sans la mentionner directement. Le dĂ©tracteur fournit suffisamment d’indices permettant aux twittos de deviner l’identitĂ© de sa « cible ». En usant de cette pratique, le crĂ©ateur d’embrouilles, qui se croit omnipotent, laisse libre cours Ă  sa crĂ©ativitĂ©. Sa langue vipĂ©rine ne connaĂźt aucune limite.
Acronyme du terme anglais quote retweet, le QRT – ou tweet citĂ©, en français – n’est autre que le partage d’un tweet, accompagnĂ© d’un commentaire. Par ce biais, le crĂ©ateur d’embrouilles attaque l’auteur du tweet ou dĂ©tourne l’origine de la publication en lui attribuant un autre sens. Son objectif ? RĂ©pandre des rumeurs ou divulguer de fausses informations, en songeant : « À dĂ©faut d’attirer les gens avec les couvertures de ses livres, pourquoi ne pas se montrer retors et tirer la couverture Ă  soi ? »
Le crĂ©ateur d’embrouilles Ă©prouve le besoin d’engendrer du drame ou de la tragĂ©die pour se sentir exister. Or, comme il n’est pas aussi douĂ© que Shakespeare, Corneille ou Racine, Twitter est devenu son théùtre. Bien souvent, il avance dans ses Ă©crits Ă  la vitesse d’un escargot, alors qu’il pourrait retranscrire sa rage dans ses Ɠuvres, notamment en donnant vie Ă  un personnage sadique au sein d’une fiction ; un personnage aussi sadique qu’Akito Sohma dans Fruits Basket , par exemple
 

L’influençable

« Fie-toi Ă  ton propre jugement, au lieu de te laisser obscurcir par celui des autres. Il vaut mieux conduire ton propre troupeau, plutĂŽt que d’en suivre un. »

Le crĂ©ateur d’embrouilles vous a pris en grippe et mĂ©dit sur votre compte ? D’autres personnes vous qualifient de « gourou » ou de « sorciĂšre » sans vous connaĂźtre ? L’influençable, avec lequel vous n’avez jamais Ă©changĂ©, ou trĂšs peu, se dĂ©tournera de vous tĂŽt ou tard, puisqu’il Ă©coute les qu’en-dira-t-on en se fiant Ă  eux. Il cessera de vous suivre sur les rĂ©seaux sociaux ou il vous bloquera ; au choix. Si cela vous arrive, dites-vous que vous n’avez rien perdu au change ; juste une personne inintĂ©ressante qui vous a rendu service en partant. Vous avez tellement plus Ă  offrir : Ă  vos proches et Ă  d’autres auteurs, chez lesquels le mot « soutien » ne reprĂ©sente pas qu’un vain mot. Bien qu’ils ne se manifestent pas toujours, vos lecteurs existent.
Quelques auteurs influençables se tiennent loin des embrouilles. Cependant, ils rĂ©pondront prĂ©sents lorsqu’un projet d’écriture germera dans leur esprit. Leur crĂ©ativitĂ© doit suivre un certain schĂ©ma, dictĂ© par les on-dit, et leur rapport Ă  l’écriture peut revĂȘtir un « cĂŽtĂ© scolaire ». Si un autre auteur affirme qu’il vaut mieux utiliser l’orthographe rĂ©formĂ©e dans ses ouvrages, l’influençable suivra le mouvement et troquera l’orthographe traditionnelle contre celle de 1990. S’il entend que la romance se vend mieux que les romans de science-fiction, il pourra mĂȘme abandonner son projet de dĂ©part pour en entamer un autre. D’aprĂšs les propos de ses chers « collĂšgues auteurs », Ă©crire une romance lui permettra d’égaler Guillaume Musso ; d’oĂč l’intĂ©rĂȘt de se conformer Ă  la masse, vous comprenez. En bon influençable qu’il est, il obtempĂšre, sans se demander si ses nouveaux choix lui conviennent ou pas ; il ne s’interroge pas sur la pertinence des « conseils » donnĂ©s. Pour l’influençable, se contenter de faire Ă©voluer ses Ă©crits au grĂ© du vent se rĂ©vĂšle tellement plus simple Ă  mettre en place.
 
L’imitateur

« Quand tu imites quelqu’un, dans les moindres dĂ©tails, tu ne crĂ©es pas vraiment. Tu deviens une pĂąle copie, et tu ne vis que dans l’ombre de ce quelqu’un ; Ă  travers et en fonction de lui. »

Bien qu’il ait des genres littĂ©raires de prĂ©dilection, l’imitateur sera davantage Ă  l’affĂ»t des « recettes miraculeuses » ; celles qui le conduiront au succĂšs. Or, contrairement au marketeur, il n’étudie pas les stratĂ©gies marketing. Il prĂ©fĂ©rera calquer ses histoires sur celles d’un Ă©crivain mondialement connu, comme Stephen King ou J. K. Rowling. Faire preuve d’originalitĂ© ? Pour quoi faire ? Celle de l’imitateur se trouve dans les ouvrages Ă©crits par d’autres.
Pour l’imitateur, « s’inspirer » reviendra Ă  « piquer » les idĂ©es d’autrui en les reformulant
 ou pas. En effet, certains imitateurs n’hĂ©sitent pas Ă  reproduire, au mot prĂšs, des paragraphes entiers d’Ɠuvres dĂ©jĂ  existantes. Le Code de la propriĂ©tĂ© intellectuelle et les droits d’auteur ? Il s’assoit dessus, surtout s’il compte rester un auteur autoĂ©ditĂ©. Eh oui, certaines maisons d’édition sont dĂ©sormais Ă©quipĂ©es d’un logiciel anti-plagiat, ce qui peut mettre Ă  mal les rĂȘves de gloire de l’imitateur.
Quelles sont les diffĂ©rences entre « puiser son inspiration » et « plagier » ? Dans le premier cas, vous façonnez votre histoire Ă  partir d’un modĂšle de dĂ©part ou de quelques idĂ©es clĂ©s. Une fois achevĂ©e, votre fiction ne ressemblera pas du tout Ă  l’Ɠuvre qui vous aura inspirĂ©. Dans le second cas, vous crĂ©ez peu, voire pas du tout ; vous copiez d’une façon aussi vilaine que votre voisin de classe, qui lorgnait sur votre devoir de maths – pour peu que vous soyez douĂ© en maths.
Lorsque l’imitateur dĂ©crit son livre, il dĂ©clare, bien souvent, que ce dernier a des similitudes avec telle Ɠuvre de tel Ă©crivain cĂ©lĂšbre, ce qui dessert son image. Pour Ă©viter de passer pour quelqu’un de prĂ©tentieux, l’imitateur devrait se rappeler ces paroles de Victor Hugo : « N’imitez rien ni personne. Un lion qui copie un lion devient un singe. » 

Le négociateur

« La nĂ©gociation repose sur la rĂ©ciprocitĂ©. Marchander avec quelqu’un ne consiste pas Ă  le lĂ©ser. »

Si le terme de « nĂ©gociateur » vous Ă©voque le titre d’un film, mettant en scĂšne Samuel L. Jackson aux cĂŽtĂ©s de Kevin Spacey, vous vous trompez de registre. Dans la sphĂšre littĂ©raire, le nĂ©gociateur ne rĂ©sout aucune crise. Il ne cherche pas Ă  libĂ©rer des otages, puisque l’otage, c’est l’auteur ou le chroniqueur qu’il cĂŽtoie. Pris pour « cible », ce dernier aurait mieux fait d’ignorer ses sollicitations. Sa gentillesse le perdra !
Comme je souhaite garder le nĂ©gociateur culottĂ© pour la fin, je vais commencer par le nĂ©gociateur modĂ©rĂ©. Bien souvent, celui-ci essaye de passer un accord avec un autre auteur : « Je lis ton ouvrage si tu lis le mien. » Percevez cela comme un Ă©change de bons et loyaux services. Votre prose ne l’intĂ©resse que moyennement, voire pas du tout. Son objectif ? DĂ©crocher un bel avis de lecture pour dĂ©clencher d’autres ventes ; et si possible, sur Amazon. Eh oui, contrairement Ă  d’autres sites, le gĂ©ant amĂ©ricain du commerce en ligne classe les ventes.
De prime abord, la proposition du nĂ©gociateur modĂ©rĂ© peut sembler sympathique. Vous vous dites que vous gagnerez tous les deux au change ; hĂ©las, pas toujours. Songez aux devises que vous devez convertir, lorsque vous partez en vacances Ă  l’étranger. Vous souvenez-vous du montant des commissions ? Vous n’obtenez pas l’équivalent de votre monnaie de dĂ©part. L’argent que vous toucherez dĂ©pendra des taux appliquĂ©s. Dans certains cas, le nĂ©gociateur modĂ©rĂ© se comporte comme le salariĂ© d’un bureau de change. Vous lisez son ouvrage et vous vous efforcez de dĂ©poser un avis argumentĂ© sur Amazon, de plus de cinq lignes. Il peut mĂȘme vous arriver d’envoyer un message privĂ© au nĂ©gociateur modĂ©rĂ©, en vue de partager avec lui vos ressentis post-lecture. Lorsque vous dĂ©couvrez le commentaire Amazon qu’il a laissĂ©, vous tombez des nues : « Un livre que j’ai adorĂ©. Je vous le conseille trop ! ! ! » Et lĂ , votre petite voix intĂ©rieure s’exprime : « Ça va ? Pas trop mal aux mains ? RĂ©diger des commentaires d’une demi-ligne doit ĂȘtre vraiment Ă©reintant ; plus Ă©reintant que de se couper les ongles. Jeux de main, jeux de vilain ! Le poil que tu as dans la main t’empĂȘche, Ă  coup sĂ»r, de dĂ©velopper ton avis de lecture. C’est l’évidence mĂȘme, voyons. »
Le nĂ©gociateur modĂ©rĂ© peut parfois vous mettre mal Ă  l’aise lorsqu’il vous propose de « troquer » vos livres. Si lire le vĂŽtre ne le dĂ©range pas, vous vous montrez plus rĂ©ticent. Vous n’aimez pas les rĂ©cits sanglants, et vous voilĂ  confrontĂ© Ă  un auteur de romans horrifiques. Vous avez lu un extrait de son livre et avez relevĂ© une dizaine de fautes dĂšs la premiĂšre page, sans oublier les phrases mal construites qui perturbent la lecture. Comment rĂ©agir ? Se montrer franc. Vous n’allez pas vous forcer, au motif que vous gagnerez un lecteur. Tant que vous n’abandonnez pas l’écriture, vous en trouverez d’autres.
ComparĂ© au nĂ©gociateur modĂ©rĂ©, le nĂ©gociateur culottĂ© se veut plus « retors ». Il s’adressera, en premier lieu, aux chroniqueurs. Le « marchĂ© » qu’il passe avec eux s’apparente Ă  du chantage. En effet, d’aprĂšs les propos de Maritza Jaillet, certains nĂ©gociateurs culottĂ©s soumettront un ouvrage Ă  un chroniqueur Ă  la seule condition que celui-ci soit disposĂ© Ă  laisser un « avis cinq Ă©toiles » ; que ce soit sur Amazon ou sur d’autres plateformes. Si le chroniqueur Ă©met quelques rĂ©serves, le nĂ©gociateur culottĂ© se braquera et refusera de lui envoyer son livre. Il pourra mĂȘme prononcer les mots suivants : « Si tu veux mon livre, tu n’as qu’à l’acheter. Bah oui, vu que tu ne veux pas me mettre un cinq Ă©toiles
 » Si j’avais Ă©tĂ© confrontĂ©e Ă  de tels arguments, j’aurais certainement pensĂ© trĂšs fort : « Tu Ă©voques la notation cinq Ă©toiles
 Tu t’es cru dans les palaces que je dĂ©cris dans mes romances ? ? ? Le bouquin que tu as Ă©crit devra satisfaire aux mĂȘmes critĂšres de sĂ©lection. Sinon, je ne l’accepte pas. » 

Le dénigreur

« Vendre beaucoup de livres ou te sentir fier de tes accomplissements ne te rend pas supĂ©rieur aux autres. En les critiquant gratuitement, tu ne t’élĂšves pas. Tu leur montres juste l’étendue de ta bassesse et de ta langue vipĂ©rine. »

Le dĂ©nigreur porte bien son sobriquet. Son occupation favorite ? Critiquer pour le plaisir de critiquer, Ă  l’image des mamies aigries que je croise au restaurant, dans la rue ou dans les transports en commun. MĂ©lanie Desforges les dĂ©crit d’ailleurs dans sa vidĂ©o YouTube, Les grands secrets du monde littĂ©raire.
Certains dĂ©nigreurs n’hĂ©siteront pas Ă  mĂ©dire en public, tandis que d’autres prĂ©fĂ©reront s’y adonner par le biais de messages privĂ©s ou de serveurs Discord , jugĂ©s plus sĂ»rs que Twitter. TĂŽt ou tard, chacun de nous est amenĂ© Ă  critiquer ou Ă  se plaindre d’une personne de son entourage. Il faut de tout pour faire un monde, et tout le monde n’est pas fait pour s’entendre. Or, chez le dĂ©nigreur, la critique est devenue un mode de vie. InfatuĂ©, il repĂ©rera la moindre de vos faiblesses pour vous rabaisser. Lorsqu’il parvient Ă  Ă©couler ses livres, et pas vous, il peut feindre l’étonnement : « Pourquoi j’arrive Ă  vendre, alors que vous ramez ? Vous ĂȘtes nuls ou quoi ? ? ? » Vous vous demandez s’il plaisante. HĂ©las, non. Provoquer fait partie de lui. Certains dĂ©nigreurs ne vous mentionneront pas directement, mais ils livreront suffisamment de dĂ©tails dans leurs publications, afin que vous sachiez qu’il s’agit de vous.
D’autres dĂ©nigreurs, plus lĂąches et plus sournois, ne dĂ©marreront pas les hostilitĂ©s. Ils attendront que l’un de leurs pairs s’exprime pour renchĂ©rir, voire surenchĂ©rir. Ils se comporteront comme des anguilles ou comme les murĂšnes d’Ursula, dans La Petite SirĂšne de Disney. Vous voyez le tableau ?
Je me rappelle avoir Ă©tĂ© Ă©claboussĂ©e de la sorte par deux dĂ©nigreurs. Quand je pense que ces personnes ont une dizaine d’annĂ©es de plus que moi, je me permets de remettre en cause la thĂ©orie selon laquelle la sagesse s’acquiert avec l’ñge.
Une chroniqueuse, qui s’était arrogĂ© le droit de se moquer de l’un de mes livres, sans mĂȘme l’avoir lu, « piquait » les citations que j’avais partagĂ©es sur Instagram, en vue de les poster sur Twitter. Il y a quelque temps de cela, je programmais mes publications sur Instagram avant de les programmer sur Twitter. Comme la chroniqueuse se levait aux aurores, elle avait le champ libre pour agir. Je serais donc passĂ©e pour la « copieuse de service » en postant aprĂšs elle sur Twitter, dans la mĂȘme journĂ©e. Ne supportant plus ses mesquineries, je me suis dĂ©sabonnĂ©e de cette chroniqueuse qui n’a pas trouvĂ© mieux que de crĂ©er un drama. Ayant perçu mon geste comme un affront, elle n’a pas tardĂ© Ă  crier au scandale, en citant mon nom.
Plusieurs personnes ont rĂ©agi dont deux dĂ©nigreurs. L’un d’eux ne me connaissait pas. Comme je ne le suivais pas en retour, il a fini par se dĂ©sabonner de mon compte. Il s’est ensuite rendu sur mon profil pour le scruter. Sur mon ancien compte Twitter, je suivais trois cents personnes et j’avais plus de mille abonnĂ©s. Ce cher Monsieur DĂ©nigreur en a donc dĂ©duit que je devais ĂȘtre une « sorciĂšre » ou un « gourou » pour attirer les gens, avec si peu d’abonnements. Bien que l’eau ait coulĂ© sous les ponts et qu’il ait cherchĂ© Ă  me suivre ailleurs que sur Twitter, je n’oublie pas les qualificatifs dĂ©prĂ©ciatifs Ă©manant de son tweet.
Quelques dĂ©nigreurs iront plus loin dans leur « entreprise de dĂ©molition ». Ils se rendront sur Amazon et attribueront une mauvaise note Ă  vos livres, uniquement parce qu’ils ne vous aiment pas.
Il y a environ deux ans, un auteur trĂšs suivi sur Twitter, et avec lequel j’échange rĂ©guliĂšrement, avait reçu un commentaire Amazon « une Ă©toile » sous l’un de ses romans. Vu la teneur des propos, je suis surprise qu’Amazon ait acceptĂ© que l’avis soit publiĂ©. Outre la notation nĂ©gative et les attaques injustifiĂ©es au sujet du livre, il avait Ă©tĂ© reprochĂ© Ă  l’auteur de se montrer rĂ©actionnaire dans ses tweets. Le dĂ©nigreur jugeait-il l’ouvrage ou faisait-il le procĂšs de l’auteur ? Si ce dernier avait intĂ©grĂ© le top 10 des auteurs les mieux vendus de France, le dĂ©nigreur n’aurait sans doute pas agi de la mĂȘme façon. En effet, ma bibliothĂšque compte plusieurs livres de John Grisham, de Guillaume Musso et de Marc Levy. En dehors de ma lecture et des informations rĂ©coltĂ©es sur Internet, je ne sais quasiment rien d’eux. Ils sont Ă©galement moins accessibles qu’un auteur mĂ©connu. S’en prendre Ă  lui et Ă  son intĂ©gritĂ© se rĂ©vĂšle donc plus facile de prime abord.
Comment rĂ©agir face Ă  un dĂ©nigreur ? Ne pas rĂ©agir, tout simplement. Sans son public pour l’applaudir ou pour abonder dans son sens, le dĂ©nigreur perd de sa superbe. D’ailleurs, le dramaturge George Bernard Shaw, qui avait obtenu le prix Nobel de littĂ©rature en 1925, n’avait-il pas affirmĂ© que le silence Ă©tait « l’expression la plus parfaite du mĂ©pris » ? 
L’ermite

« Apprendre Ă  connaĂźtre les autres leur permettra de te connaĂźtre, et t’intĂ©resser Ă  leurs textes les incitera Ă  s’intĂ©resser aux tiens. »

L’ermite ressemble beaucoup au philanthrope dans sa façon de se comporter. Or, contrairement au philanthrope, qui daignera montrer le bout de son nez de temps Ă  autre, l’ermite cherchera Ă  se couper de toute civilisation, au nom de ses romans. Qu’il vive dans les annĂ©es quatre-vingt-dix ou en 2023 ne change pas grand-chose pour lui. Les rĂ©seaux sociaux ? Il sait de quoi il s’agit, mais il les boude. D’ailleurs, il a ouvert un compte il y a longtemps. Son credo ? DĂ©serter les lieux pour mieux se concentrer sur l’écriture et pour mieux vendre.
Certains auteurs sont devenus des ermites sans crier gare. Du jour au lendemain, leur prĂ©sence virtuelle a Ă©tĂ© rĂ©duite Ă  nĂ©ant durant des mois, voire des annĂ©es. Pourtant, quand vous vous rendez sur Amazon, vous vous apercevez que leurs livres sont toujours commercialisĂ©s. Comment sont accueillis les ermites qui refont surface ? Tout va dĂ©pendre des relations qu’ils ont nouĂ©es avant de « disparaĂźtre de la circulation ». Une autrice, avec laquelle je discutais rĂ©guliĂšrement, avait fait l’effort de revenir de façon sporadique. Or, comme elle est discrĂšte, son retour n’a pas beaucoup Ă©tĂ© remarquĂ©. Et les publications mettant en exergue ses livres sont passĂ©es inaperçues. D’autres ermites, en revanche, vont ĂȘtre questionnĂ©s sur les raisons de leur absence, car avant de s’éloigner de la communautĂ© littĂ©raire, ils ont pris le temps d’échanger avec d’autres auteurs ou avec des chroniqueurs.
DĂ©laisser les rĂ©seaux sociaux, lorsqu’on est auteur, est-il une bonne idĂ©e ? À mon sens, non. Comme je l’ai Ă©voquĂ© prĂ©cĂ©demment, il faut apprendre Ă  doser. Bien que les rĂ©seaux sociaux puissent ĂȘtre nĂ©fastes Ă  plus d’un titre, ils contribuent Ă  nous faire connaĂźtre. Dans beaucoup de cas, les personnes partagent et likent vos posts, parce que vous avez créé un lien avec elles. En se terrant dans son coin, l’ermite se concentre sur ses Ă©crits, certes, mais que deviendront ses ouvrages une fois publiĂ©s ? Sans ĂȘtre promus, ils seront noyĂ©s dans la masse. MĂȘme en utilisant les rĂ©seaux sociaux, les auteurs ne peuvent affirmer, avec certitude, que leurs livres rencontreront le succĂšs escomptĂ©. Or, comme je le dis toujours concernant mes romans, « mieux vaut rĂ©colter peu, de maniĂšre Ă©parse, que rien du tout nulle part. » 

Le susceptible

« Si tu n’acceptes aucune critique, tu ne progresseras jamais. MĂȘme les artistes les plus cĂ©lĂšbres et les chefs-d’Ɠuvre ne remportent pas l’adhĂ©sion de tous. »

Le susceptible accepte les conseils et les critiques, Ă  condition que ces derniers ne concernent pas ses livres. Lorsqu’un conseil pertinent est donnĂ© dans un tweet, il sera le premier Ă  acquiescer. Quand certains auteurs, Ă  l’ego surdimensionnĂ©, auront agi de maniĂšre contestable, il n’hĂ©sitera pas Ă  montrer sa dĂ©sapprobation. S’il semble ouvert Ă  la critique, ce n’est qu’une apparence. Quand vous Ă©changez avec lui en privĂ©, il sort ses griffes ou se met sur la dĂ©fensive. Il peut mĂȘme avoir rĂ©ponse Ă  tout et vous donner l’impression qu’il participe Ă  un jeu tĂ©lĂ©visĂ© de culture gĂ©nĂ©rale, comme Qui veut gagner des millions ? Or, dans le cas du susceptible, l’appel Ă  un ami et le 50/50 n’existent pas, puisqu’il n’écoute que lui-mĂȘme.
S’agissant des critiques, il y a l’art et la maniĂšre. À mes yeux, un lecteur ou un chroniqueur qui confond « avis de lecture » et « procĂšs aux Assises », en se montrant infect avec l’auteur, ne peut espĂ©rer « recevoir des fleurs » en retour. Malheureusement, dans l’esprit de l’auteur susceptible, toutes les critiques se valent, mĂȘme celles qui ont Ă©tĂ© formulĂ©es sur un ton bienveillant. À partir du moment oĂč vous avez soulevĂ© un point qui vous dĂ©plaisait dans son « chef-d’Ɠuvre », vous ĂȘtes devenu son ennemi.
Lorsque je m’apprĂȘte, en tant que bĂȘta-correctrice, Ă  montrer les coquilles que le susceptible a laissĂ©es dans son livre, je prĂ©vois toujours des liens renvoyant vers la rĂšgle de français applicable, afin de couper court Ă  toute discussion. Parfois, l’auteur susceptible m’adresse des propos de cet acabit : « Oh, mais les rĂšgles de français ont Ă©voluĂ© depuis l’époque mĂ©rovingienne, tu sais. Tu n’es peut-ĂȘtre pas au courant de la nouvelle orthographe. On Ă©crit bien “y’a” et non “y a”. Il faudrait peut-ĂȘtre te renseigner. » Crois-tu vraiment que l’AcadĂ©mie française, dont je viens de te fournir le lien, se tromperait Ă  ce sujet ? Eh bien, non. Comme le susceptible n’accepte pas son erreur, il renchĂ©rit : « Mais ils sont de la vieille Ă©cole. Comme ils ne sont pas de ma gĂ©nĂ©ration, ils utilisent un français ancien, datant de plusieurs millĂ©naires. Mon roman, lui, vit avec son temps. Il est trĂšs actuel. » Oui, tellement actuel que tu reproduis une erreur commune.
Le susceptible n’écrit pas forcĂ©ment plus mal que les autres, et il pourrait amĂ©liorer ses ouvrages s’il le souhaitait. Sans ses ƓillĂšres, il ne rĂ©pĂ©terait pas les mĂȘmes erreurs. Si j’avais un conseil Ă  donner au susceptible, ce serait de mĂ©diter sur cette phrase, attribuĂ©e Ă  l’acteur Keanu Reeves : « Tu n’apprends rien de la vie si tu penses que tu as toujours raison. » 

L’étroit d’esprit

« Les goûts des lecteurs ne sont pas aussi limités que tes idées préconçues. »

Pour l’étroit d’esprit, il existe la littĂ©rature d’un cĂŽtĂ©, et la sous-littĂ©rature de l’autre. MĂȘme s’il n’y a pas d’ñge pour devenir un Ă©troit d’esprit littĂ©raire, j’ai remarquĂ© que la plupart des Ă©troits d’esprit avoisinaient, au minimum, la cinquantaine. À leurs yeux, un auteur digne de ce nom doit Ă©crire sur des sujets sĂ©rieux et employer un langage soutenu. Ils perdent de vue l’idĂ©e que les lecteurs cherchent, avant tout, Ă  se divertir. Certains Ă©troits d’esprit dĂ©valoriseront la romance et la fantasy qui n’égaleront jamais, selon eux, les romans historiques, les thrillers ou les tĂ©moignages sur des sujets poignants. Comme j’écris des romances New Adult, inspirĂ©es des mangas et des otome games , j’ai pu relever une diffĂ©rence de traitement de la part de certains Ă©troits d’esprit. D’ailleurs, ces derniers restent souvent entre eux. Eh oui, les affinitĂ©s entre auteurs et les inimitiĂ©s existent aussi. MalgrĂ© notre imagination fertile, nous ne sommes pas une race Ă  part !
Lorsqu’une personne ne m’apprĂ©cie pas Ă  ma juste valeur, je finis par l’ignorer ou par lui dire ses quatre vĂ©ritĂ©s, en fonction de mon degrĂ© de proximitĂ© avec ladite personne. Vu que je crĂ©e des montages livresques, notamment pour alimenter ma rĂ©cente chaĂźne YouTube, une autrice Ă©troite d’esprit s’est mise Ă  me considĂ©rer comme un « distributeur de montages ». Plus elle s’adressait Ă  moi, plus mes soupçons se sont transformĂ©s en certitudes.
L’exemple le plus parlant pour moi concernait une interview Ă©crite qui avait Ă©tĂ© organisĂ©e par l’une de mes chroniqueuses. Ceux qui le souhaitaient pouvaient me poser des questions ouvertes. La plupart des participants m’avaient interrogĂ©e sur mon rapport Ă  l’écriture, mes rituels ou mes goĂ»ts. L’étroite d’esprit, elle, avait Ă©tĂ© la seule Ă  m’avoir soumis des questions sans lien avec l’écriture. Elle voulait savoir comment j’avais appris Ă  « bien communiquer » et comment j’avais appris Ă  crĂ©er des montages. Elle s’était Ă©galement focalisĂ©e sur mon penchant pour les mangas, et m’avait demandĂ© ce que je trouvais de bien dedans ; comme si je commettais une bĂ©vue en lisant des mangas Ă  mon Ăąge. Eh oui, je n’ai plus vingt ans et j’assume mon cĂŽtĂ© femme-enfant de GĂ©meaux.
En dehors de l’interview, l’étroite d’esprit et l’une de ses amies chroniqueuses ne commentaient mes tweets que pour me fĂ©liciter au sujet de mes montages, avec des mots redondants, comme si elles avaient appris leur texte par cƓur. L’étroite d’esprit m’avait mĂȘme remerciĂ©e d’avoir mis en avant les livres des auteurs, comme si je n’en faisais pas partie. AprĂšs la publication de l’une de mes chroniques, sur mon deuxiĂšme roman, l’étroite d’esprit avait formulĂ© une remarque qui m’avait laissĂ©e coite : « C’est toujours impressionnant la premiĂšre fois, hein ! ». Or, ce n’était pas ma premiĂšre chronique. L’étroite d’esprit le savait, puisqu’elle me suit sur les rĂ©seaux sociaux depuis la publication de ma premiĂšre romance.
Je ne prends pas mal les compliments sur les montages que je crĂ©e, bien au contraire. Et j’en ai reçu beaucoup, ce qui me va droit au cƓur. Mais je n’accepte pas les compliments Ă©manant de personnes qui me sous-estiment. Le plus drĂŽle, dans l’histoire, c’est que certains Ă©troits d’esprit commettent des fautes de français que certains « sous-auteurs » ne commettraient pas. Eh oui, s’il existe la littĂ©rature d’un cĂŽtĂ©, et la sous-littĂ©rature de l’autre, il faut Ă©galement distinguer les « auteurs » des « sous-auteurs ». C’est ainsi que pense l’étroit d’esprit.
MalgrĂ© les prĂ©jugĂ©s qui subsistent Ă  son sujet, la romance constitue l’un des genres littĂ©raires dans lesquels je m’épanouis le plus. Lorsque je prends conscience de ma propension Ă  crĂ©er des personnages « tordus », qui tomberont amoureux, j’en rigole et je n’en reviens pas moi-mĂȘme. Je n’hĂ©site pas non plus Ă  dire que mes couvertures sont « rose Lotus » ou « rose papier toilette ». Tant qu’écrire des romances me procure bien-ĂȘtre et satisfaction, je n’arrĂȘterai pas ; mĂȘme si cela implique de devoir manger des pĂątes premier prix, durant trois cent soixante et un jours. Il faut bien que je compense ma « pauvretĂ© alimentaire » lors des fĂȘtes : Nouvel An grĂ©gorien, Nouvel An chinois, le jour de mon anniversaire et NoĂ«l.
Si des personnes dĂ©nigrent vos livres, en raison du genre littĂ©raire ou de la couverture, ignorez-les. Cette derniĂšre doit exhorter Ă  lire l’ouvrage, mais on ne juge pas un livre Ă  sa couverture. On n’évalue pas non plus la qualitĂ© d’un texte en fonction du genre littĂ©raire auquel il appartient. Il est toujours plus facile de critiquer, sans n’avoir rien créé dans un domaine, plutĂŽt que de crĂ©er en prenant le risque d’ĂȘtre critiquĂ©. Tant que vous prenez du plaisir dans ce que vous faites, n’abandonnez pas. Vous trouverez toujours des dĂ©tracteurs autour de vous.

Un parallĂ©lisme peut ĂȘtre Ă©tabli entre la « guerre des littĂ©ratures », que je viens d’évoquer, et un article du Figaro, paru le 18 janvier 2023 : « Marc Levy contre Guillaume Musso : quel est le plus nul ? ». Dans cet article, au titre racoleur, le journaliste s’était montrĂ© condescendant Ă  l’égard des deux Ă©crivains, comme si la littĂ©rature populaire n’était pas de la « vraie littĂ©rature ». L’article a fait grand bruit, et les langues se sont dĂ©liĂ©es au sein de la communautĂ© littĂ©raire. Des messages de soutien, directs ou indirects, ont Ă©tĂ© adressĂ©s Ă  Guillaume Musso, sur Twitter. Plusieurs auteurs se sont insurgĂ©s contre le mĂ©pris du journaliste, Ă  l’endroit des deux Ă©crivains prĂ©citĂ©s.
L’agence littĂ©raire Librinova, qui m’accompagne dans la publication de mes ouvrages, a Ă©galement rĂ©agi Ă  l’article du Figaro, dans un billet de blog : « Guillaume Musso, Marc Levy et l'article du Figaro : pourquoi autant de mĂ©pris envers la littĂ©rature populaire ? ». Comme l’explique Librinova, il n’existe pas de hiĂ©rarchie des genres, et il incombe aux lecteurs de choisir ce qu’ils ont envie de lire. Les raisons qui poussent quelqu’un Ă  ouvrir un roman se rĂ©vĂšlent multiples : besoin de s’évader ou de se changer les idĂ©es, creuser davantage un sujet, frissonner, trouver du rĂ©confort, ĂȘtre happĂ© par la plume d’un auteur

À l’instar des « romans de gare », mes romances olĂ© olĂ© font partie du paysage littĂ©raire. Et ceux qui rĂ©sument les qualitĂ©s d’un individu aux livres qu’il Ă©crit seraient bien inspirĂ©s d’en faire autant, avant d’émettre toute critique. Qu’ils soient conspuĂ©s ou encensĂ©s, Marc Levy et Guillaume Musso ont gagnĂ© une notoriĂ©tĂ© que certains Ă©crivains, supposĂ©s sĂ©rieux, envient. Le but de la littĂ©rature ne consiste pas Ă  Ă©taler tout votre savoir en alignant, dans vos livres, tous les mots du dictionnaire. Telle que je la conçois, la littĂ©rature rĂ©pond Ă  plusieurs besoins, ce qui la rend Ă  la fois ludique et didactique . 

Le profiteur

« Profiter de la vie ne signifie pas profiter des gens. En te servant d’eux, tes semblants de succĂšs te desserviront tĂŽt ou tard. »

Le profiteur peut sĂ©vir dans plusieurs cas. Dans un premier temps, il peut vous suivre sur les rĂ©seaux sociaux pour que votre visibilitĂ© serve la sienne, un peu comme le rĂ©seauteur. Vos publications ne l’intĂ©ressent pas. Il s’abonne Ă  vos comptes en gardant Ă  l’esprit le fameux « et si
 » : et si Sophie m’aidait un jour Ă  promouvoir mes romans ? Et si ses likes me permettaient de me faire davantage repĂ©rer ? Et si ses couvertures roses remplaçaient le papier toilette ? Il y a une pĂ©nurie dans mon supermarchĂ© habituel

Le cas le plus classique concerne le « parler pour profiter ». Les profiteurs les moins finauds, qui porteront des sabots Ă  la place des ballerines, ne vous adresseront la parole que si vous avez une chronique, une interview ou un montage Ă  leur proposer. Le maĂźtre-mot ? GratuitĂ©. Hors de question, pour le profiteur, de verser un centime ; pas mĂȘme celui qu’il a trouvĂ© dans la rue. Il le garde pour lui, celui-lĂ , car en ramassant les centimes que des passants ont fait tomber, il peut s’offrir un chewing-gum Ă  la boulangerie du coin. La vie n’est-elle pas merveilleuse ?
Les profiteurs les plus malins joueront la carte de l’amitiĂ©. Ils discuteront de temps Ă  autre avec vous, mais se paieront le luxe de ne pas vous rĂ©pondre pendant des semaines, voire des mois, en prĂ©textant ne pas avoir de temps. Comprenez par lĂ  : « Je n’ai pas de temps Ă  te consacrer. » Bizarrement, quand ils ont un service Ă  vous demander, ils refont surface et multiplient les messages. Une fois le service obtenu, ils Ă©courtent la conversation. Et vous vous heurtez, une nouvelle fois, au nĂ©ant ou Ă  la disparition « fantĂŽme » du profiteur.
Une autrice, avec laquelle je m’entendais bien, avait agi de la sorte pour que je l’aide Ă  rĂ©diger son rĂ©sumĂ© durant mes vacances. AccoutumĂ©e aux rĂ©sumĂ©s depuis le CM1, j’ai acceptĂ©. Une fois le travail reçu, elle s’était empressĂ©e de me dire « au revoir ». Bien qu’elle soit trĂšs apprĂ©ciĂ©e au sein de la communautĂ© littĂ©raire, ce que je respecte, je n’ai eu aucun scrupule Ă  couper les ponts avec elle. Une personne qui se sert de vous ne mĂ©rite pas votre attention. Peu importe qu’elle soit l’amie du prince William, de Stephen King ou d’Antoine Gallimard. À partir du moment oĂč elle vous nuit, elle doit disparaĂźtre de votre vie.
J’ai Ă©galement dĂ» « serrer la vis » s’agissant des ouvrages Ă  promouvoir sur ma chaĂźne YouTube. Une personne qui ne respecte pas les consignes d’envoi ne respecte pas votre travail, surtout si ladite personne prĂ©fĂšre vous envoyer une capture d’écran, plutĂŽt qu’une couverture en bonne et due forme. Lors d’un concours, ceux qui ne se conforment pas aux rĂšgles sont Ă©cartĂ©s d’office, donc autant appliquer les mĂȘmes critĂšres de sĂ©lection. 

Le bon camarade

« En voulant contenter tout le monde et en te montrant obséquieux , tu ne rends pas toujours service aux gens. »

De nature gĂ©nĂ©reuse et possĂ©dant un grand cƓur, le bon camarade n’aime froisser personne. Il se montrera toujours courtois sur les rĂ©seaux sociaux et ne prononcera jamais un mot plus haut que l’autre. Les prĂ©ceptes de la Bible, en vertu desquels il faut aimer son prochain comme soi-mĂȘme, s’appliquent au bon camarade. Celui-ci n’hĂ©sitera pas Ă  remplir sa pile Ă  lire, en achetant les ouvrages des personnes qu’il connaĂźt. Il m’arrive Ă©galement de le faire, mais chez le bon camarade, c’est devenu un rĂ©flexe. Alors que je vais davantage m’attarder sur le genre littĂ©raire et le rĂ©sumĂ©, pour effectuer mon choix, le bon camarade prendra surtout en compte la relation qui le lie Ă  l’auteur.
Certains bons camarades ne liront pas votre ouvrage. S’ils l’ont payĂ©, c’est pour nourrir votre portefeuille. D’autres auteurs bons camarades, en revanche, iront au bout de leur lecture et laisseront un avis qui vous sera toujours favorable. Les quelques points nĂ©gatifs soulevĂ©s par le bon camarade seront compensĂ©s par les autres compliments qu’il vous adressera. Ainsi, s’il critique l’un de vos personnages en une ligne, il en Ă©crira dix autres pour saluer votre style et votre originalitĂ©. En effet, tout bon camarade qui se respecte ne laisse jamais un avis infĂ©rieur Ă  « quatre Ă©toiles », que ce soit sur Babelio ou sur Amazon.
Mais alors, en quoi le comportement du bon camarade est-il contestable ? Eh bien, en voulant rendre service, il ne rend pas toujours service, justement. Ses commentaires seront biaisĂ©s par l’amitiĂ© ou l’affection qu’il vous porte. J’ai dĂ©jĂ  vu des bons camarades rĂ©diger des avis de lecture dithyrambiques pour des romans truffĂ©s de coquilles et / ou prĂ©sentant des problĂšmes de mise en page ; l’un n’exclut pas l’autre. Je ne me mets pas en quĂȘte de livres parfaits, car tous les ouvrages, y compris les miens, sont susceptibles de contenir quelques coquilles. L’Ɠil humain, mĂȘme le plus aguerri, est perfectible. Je considĂšre, cependant, que cinq coquilles sur un livre de plus de trois cents pages sont plus acceptables que dix coquilles dĂšs la premiĂšre page. Parmi les ouvrages notĂ©s par les bons camarades, j’en ai reçu deux : le premier m’avait Ă©tĂ© envoyĂ© en guise de remerciement pour mes montages ; le second avait Ă©tĂ© remportĂ© Ă  la suite d’un concours organisĂ© par l’auteur. Les coquilles apparaissaient dĂšs les premiĂšres pages, et certaines phrases Ă©taient si mal tournĂ©es que j’ai dĂ» m’y reprendre Ă  trois fois pour en saisir le sens. Dans le second ouvrage, j’avais Ă©galement dĂ©tectĂ© un problĂšme de mise en page. MalgrĂ© ma gratitude pour les diffĂ©rents envois, j’ai dĂ©cidĂ© de ne pas noter les livres, d’autant plus que les auteurs concernĂ©s ne comprennent toujours pas la nĂ©cessitĂ© d’éradiquer leurs coquilles.
Maritza Jaillet, connue pour ses chroniques dĂ©taillĂ©es, reste objective en toutes circonstances. Que vous Ă©changiez beaucoup avec elle ou pas, elle demeurera impartiale. Sans cette impartialitĂ© qui la caractĂ©rise, ses observations n’aideraient en rien l’auteur. D’ailleurs, ce dernier devrait accueillir les critiques constructives comme des cadeaux. En effet, depuis que je suis devenue autrice, les remarques qui m’ont permis de progresser se comptent sur les doigts d’une main. Elles Ă©manaient toutes de personnes qui me sont proches et qui Ɠuvrent pour mon bien, si je mets de cĂŽtĂ© certaines de mes chroniqueuses. Le bon camarade gagnerait donc Ă  laisser derriĂšre lui un avis de lecture plus neutre, ce qui ne lui retirerait en rien sa bienveillance.
Comme l’explique Maritza Jaillet sur sa chaĂźne YouTube, dans une vidĂ©o intitulĂ©e [Tata vous thĂšme] #AUTEURS – La bienveillance
, « ĂȘtre bienveillant ne veut pas dire se laisser Ă©craser. » Il s’agit d’un concept que le bon camarade oublie trop souvent. Certains auteurs bons camarades vont mĂȘme s’offusquer lorsque vous ferez preuve de franchise, et ils vous rangeront dans la catĂ©gorie des « mĂ©chants » et des « vilains pas beaux ». 

Le spécialiste du copinage

« Ne mesure pas tes talents d’auteur Ă  l’étendue de tes relations ni aux avis de complaisance que tu reçois. »

Le spĂ©cialiste du copinage agit un peu comme le nĂ©gociateur. Or, Ă  la diffĂ©rence de ce dernier, il se montrera moins franc. Il n’exprimera jamais devant vous son souhait d’échanger vos livres. Il achĂštera le vĂŽtre aprĂšs que vous avez achetĂ© le sien sans aucune arriĂšre-pensĂ©e. Il vous attribuera une note positive et rĂ©digera un commentaire laudatif. Son avis de lecture sera faussĂ©, mais il s’en moquera comme de l’an quarante. Copiner, pour gagner des lecteurs et des avis positifs, fait partie de son fonds de commerce. Lorsque vous fouillez les commentaires que le spĂ©cialiste du copinage reçoit sur ses ouvrages, vous vous apercevez qu’ils proviennent toujours des mĂȘmes personnes. D’ailleurs, les pseudonymes de ces « bienfaiteurs » vous sont familiers. Et pour cause, il s’agit de chroniqueurs ou d’auteurs que vous connaissez, ne serait-ce que de nom, grĂące aux rĂ©seaux sociaux.
Si vous avez gagnĂ© en visibilitĂ©, en chroniquant ou en crĂ©ant des montages livresques, comme je le fais, le spĂ©cialiste du copinage se montrera mielleux Ă  votre Ă©gard. À cĂŽtĂ©, le corbeau dĂ©crit par Jean de La Fontaine dans sa fable  ferait pĂąle figure. Mais si je devais Ă©tablir une quelconque analogie entre ces deux comportements, je dirais que le spĂ©cialiste du copinage reprĂ©senterait le corbeau, tandis que vos notes dithyrambiques incarneraient le fromage tant convoitĂ©.
Copiner se rĂ©vĂšle-t-il efficace ? HĂ©las, en un sens, oui. Copiner, en vue d’obtenir des avis de lecture, permet de donner de la visibilitĂ© Ă  son livre. Certains spĂ©cialistes du copinage vendent trĂšs bien en copinant, Ă©tant donnĂ© que le copinage a eu un « effet boule de neige ». Je pense, nĂ©anmoins, que copiner ne portera pas ses fruits sur le long terme, car une chose demeure certaine : le spĂ©cialiste du copinage ignore souvent comment se vendre. Il accumule plutĂŽt les « boulettes » en matiĂšre de promotion, et n’hĂ©site pas Ă  se vanter des commentaires que ses copains auteurs ont laissĂ©s. En effet, d’aprĂšs mes observations, ceux qui savent communiquer autour de leurs livres copinent rarement pour gagner des lecteurs et des notes. Ils trouveraient cela dĂ©gradant, et c’est Ă©galement mon opinion

Vous l’aurez compris, je m’oppose Ă  toute forme de copinage. J’ai créé des affinitĂ©s avec certains auteurs, certes. Cependant, en tant que bonne amie, il m’appartient de me montrer franche lorsqu’un Ă©lĂ©ment me dĂ©plaĂźt dans un ouvrage. Il suffit d’y mettre les formes pour Ă©viter de froisser l’auteur qui a consacrĂ© du temps Ă  son livre. 

L’éparpillĂ©

« Concentre-toi sur un seul objectif, avant d’entrevoir les suivants. Et, surtout, ne laisse pas vagabonder ton esprit, au point de perdre de vue l’objectif de dĂ©part. »

Si je devais appartenir Ă  une autre catĂ©gorie, ce serait assurĂ©ment celle-ci. L’éparpillĂ© fourmille d’idĂ©es et endosse gĂ©nĂ©ralement plusieurs casquettes qui vont au-delĂ  de celles qui lui incombent, en tant qu’auteur autoĂ©ditĂ© (AE). DotĂ© d’une curiositĂ© d’esprit ou intellectuelle insatiable, il court plusieurs liĂšvres Ă  la fois. De prime abord, ceux qui n’aiment pas la routine pourraient trouver sa vie d’auteur trĂ©pidante, Ă  une exception prĂšs : il ne sait pas comment s’organiser ni comment gĂ©rer son temps. Il veut tellement mettre Ă  profit toutes ses compĂ©tences qu’il les exploite toutes, sans mĂȘme avoir chronomĂ©trĂ© le temps qu’il devrait consacrer Ă  chacune de ses tĂąches, sans se sentir dĂ©passĂ©.
Comme annoncĂ© plus haut, je suis l’archĂ©type mĂȘme de l’auteur Ă©parpillĂ© : ayant exercĂ© en tant que correctrice il y a longtemps, je propose mes services de bĂȘta-correction. PassionnĂ©e par le dĂ©veloppement Web et le webdesign, j’ai tenu Ă  crĂ©er mon site Web moi-mĂȘme, Ă  partir d’un template , alors que j’aurais pu opter pour la facilitĂ© et choisir un modĂšle prĂȘt Ă  l’emploi. Mais non ! Il a fallu que je ressente le besoin de coder
 Je suis Ă©galement une fan inconditionnelle des montages en tous genres. Je propose donc mes services aux auteurs, en vue de mettre en exergue leurs livres sur les rĂ©seaux sociaux ou par l’intermĂ©diaire d’un communiquĂ© de presse. Enfin, j’écris. Mais alors, oĂč se situe le problĂšme ? J’y viens. Je ne sais pas m’organiser, et les heures que je consacre Ă  l’écriture, sur mon ordinateur et Ă  tĂȘte reposĂ©e, sont relĂ©guĂ©es au second plan. C’est la raison pour laquelle je mets trois cents ans Ă  sortir mes ouvrages, sans compter que mon perfectionnisme lĂ©gendaire me freinera tĂŽt ou tard.
Si j’avais respectĂ© un planning, chose que j’essaye aujourd’hui de mettre en place – il Ă©tait temps –, je ne me serais pas sentie aussi dĂ©bordĂ©e. J’applaudis donc des autrices comme Maritza Jaillet qui mĂšne de front plusieurs missions et qui revĂȘt plusieurs rĂŽles : alpha-lectrice, bĂȘta-lectrice, youtubeuse, autrice hybride , directrice Ă©ditoriale
 Il ne lui manque plus que la case « correctrice et relectrice » Ă  cocher, et son compte sera bon. Or, comme elle l’a affirmĂ© dans ses vidĂ©os, elle s’en tient Ă  son agenda. Comme son point fort reprĂ©sente mon point faible, je ne peux que m’en inspirer pour m’amĂ©liorer.
VĂ©ritable oiseau de nuit, je sens mon cerveau rĂ©flĂ©chir et chauffer pendant que la plupart des gens tombent dans les bras de MorphĂ©e. Il m’arrive de me lever et d’écourter mes nuits pour noter des idĂ©es que je finirai par exploiter. Parfois, celles-ci sont tellement nombreuses que le temps finit par me manquer.
L’éparpillĂ© pourrait ne pas nĂ©gliger un domaine au dĂ©triment d’un autre, s’il le voulait. Dans mon cas, il s’agit de l’écriture de mes livres, qui traĂźne un peu trop en longueur Ă  mon goĂ»t. J’ai parfois l’impression d’avancer comme une tortue. Pourtant, la sagesse voudrait que je me rappelle les mots d’un proverbe chinois : « Ne crains pas d’avancer lentement ; crains seulement de t’arrĂȘter. » En tant qu’éparpillĂ©e, je devrais apprendre la discipline pour atteindre plus rapidement mes objectifs, ce qui gĂ©nĂ©rera moins de stress chez moi. 

Le recycleur

« La monotonie de tes publications et la redondance de tes mots risquent d’ennuyer ton public et de l’éloigner. »

Si vous vous connectez rĂ©guliĂšrement Ă  Twitter ou Ă  Instagram, vous avez sans doute remarquĂ© le recycleur. À quoi le reconnaĂźt-on ? À ses posts similaires qui finissent par agacer. Avec le temps, les publications du recycleur n’intĂ©ressent plus personne. Seule une faible poignĂ©e de fidĂšles accepte de les liker et de les partager. Sur trois cent soixante-cinq jours, le recycleur ne prĂ©voit qu’un stock limitĂ© de photos dont le nombre oscille entre un et dix. Sur un an, c’est trop peu. Vous verrez donc les mĂȘmes illustrations dĂ©filer, Ă  quelques jours d’intervalle. Eh oui, les photos du recycleur portent, bien entendu, sur ses livres. What else  ? demanderait l’acteur George Clooney, dans la publicitĂ© Nespresso.
Le recycleur agit comme son jumeau, le vendeur Ă  la criĂ©e. Mais contrairement Ă  ce dernier, il se montre moins inventif. Il publie donc les mĂȘmes choses pour Ă©couler ses livres. Or, Ă  aucun moment il ne rĂ©flĂ©chit Ă  la maniĂšre dont ses publications seront perçues. S’il lui arrive d’actualiser ses photos, son approche demeurera identique Ă  celle de son frĂšre jumeau ; l’exaspĂ©rant vendeur Ă  la criĂ©e : « Bonjour les amis, je vous souhaite un bon week-end. Si vous ne savez pas quoi lire, vous pouvez acheter mon ouvrage. » Comme je l’avais Ă©voquĂ© prĂ©cĂ©demment, je trouve la dĂ©marche maladroite. En effet, toutes les personnes qui lisent la publication ne sont pas des amis du recycleur. De plus, en tant que consommateur, tout un chacun est capable de savoir quoi lire. J’estime, par ailleurs, que si quelqu’un manque d’inspiration, il cherchera Ă  se renseigner lui-mĂȘme. Nul besoin qu’un auteur lui suggĂšre quoi lire de maniĂšre aussi abrupte ; et certainement pas ses propres bouquins. Les mots redondants du recycleur refont surface chaque semaine. Il n’est donc pas surprenant que les gens s’en dĂ©tournent.
Concernant les ventes, certains recycleurs s’en sortent mieux que moi. Or, quand j’analyse mes interactions et le nombre de partages que j’obtiens avec mes publications, je me dis que celles-ci finiront par payer, tandis que le recycleur finira par lasser. Pour mieux communiquer, ce dernier devrait garder en mĂ©moire la citation de l’écrivain allemand Jean-Paul Richter, alias Johann Paul Friedrich Richter : « Un peu de variĂ©tĂ© vaut mieux que beaucoup de monotonie. » 

L’égocentrique

« Le monde ne tourne ni autour de toi ni autour de tes livres. Pour vendre de façon pĂ©renne, il faut apprendre Ă  communiquer autrement que par des moi, je
 »

Sur le plan Ă©tymologique, l’adjectif qualificatif « Ă©gocentrique » est composĂ© des mots latins ego et centrum. Ego signifie « moi », et centrum dĂ©signe le « centre ». Je ne vous apprends donc rien en affirmant que l’égocentrique reste trĂšs centrĂ© sur lui-mĂȘme. Tout cela est bien joli, mais comment se comporte-t-il sur les rĂ©seaux sociaux, Ă  l’égard des chroniqueurs ou des autres auteurs ? Pour faire court, il ramĂšne tout Ă  lui

Mettez-vous un instant dans la peau d’un twitto, et laissez vagabonder votre imagination
 Si vous avez l’ñme d’un artiste, je sais que vous le pouvez. Votre grand-mĂšre vient de dĂ©cĂ©der, et vous informez vos abonnĂ©s que vous risquez de vous absenter durant quelques semaines. Tandis que la plupart des gens se montreront compatissants en vous adressant des messages de condolĂ©ances, l’égocentrique, lui, les balayera d’un revers de main ou les « expĂ©diera », en laissant un commentaire dans lequel il Ă©voquera aussi sa chĂšre mamie : « DĂ©solĂ© pour ta grand-mĂšre. Moi, quand elle est morte, je me suis dĂ©brouillĂ© pour graver le titre de mon dernier livre sur sa pierre tombale. Comme ça, les gens n’oublieront pas qu’elle avait un petit-fils romancier. » Fort heureusement, les faits ne sont que le fruit de mon imagination et de mon humour plus que douteux. Je dois nĂ©anmoins avouer que les interactions de l’égocentrique, notamment sur Twitter, m’aident pas mal

À ce sujet, j’ai deux anecdotes à vous raconter.
Sur mon ancien compte Twitter, j’avais profitĂ© de mon anniversaire pour adresser mes vƓux aux auteurs qui Ă©taient nĂ©s le mĂȘme jour que moi. Parmi tous les commentaires reçus, j’en avais repĂ©rĂ© un provenant d’un auteur que je ne connaissais pas, Ă  l’époque. Le commentaire Ă©tait formulĂ© de la façon suivante : « Joyeux anniversaire ! Le mien, c’est le 9
 » Sur le coup, je me suis demandĂ© quel Ă©tait cet Ă©nergumĂšne que je ne connaissais ni d’Ève ni d’Adam. J’avais envie de lui rĂ©torquer : « Que veux-tu que ça me fasse ? On ne se connaĂźt pas
 » Vu que l’égocentrique dĂ©sirait ardemment que tous les projecteurs soient braquĂ©s sur lui, il aurait pu dĂ©clarer : « Joyeux anniversaire ! Le mien, c’est le 9 Ă©gocembre ; le mois de l’égocentrisme absolu. » Pour ĂȘtre honnĂȘte, cela m’aurait procurĂ© le mĂȘme effet, d’autant plus que l’auteur Ă©gocentrique a rĂ©cidivĂ© quelques mois plus tard pendant que je souhaitais un joyeux anniversaire Ă  l’un de mes amis auteurs : « Mon anniversaire, c’est le 9
 » Et alors ? Pourquoi me parles-tu de toi ?
Énervant, non ? Aux yeux de l’auteur Ă©gocentrique, toutes les occasions se rĂ©vĂšlent idĂ©ales pour se mettre en vedette ou pour tirer la couverture Ă  soi. Comme il Ă©crit, la derniĂšre expression semble peut-ĂȘtre plus appropriĂ©e ! Vous vous sentez heureux d’annoncer la sortie de votre dernier ouvrage ? ModĂ©rez vos ardeurs, car votre joie sera de courte durĂ©e. Entre les personnes qui partageront la nouvelle et celles qui vous complimenteront, vous risquez de tomber sur le commentaire de l’égocentrique qui n’a pas son pareil pour vous fĂ©liciter : « Bravo pour ton livre ! Moi, j’ai Ă©crit
 J’ai d’ailleurs mis le lien d’achat. » Pardon ? ? ? OĂč as-tu vu qu’il Ă©tait mentionnĂ© « espace publicitaire gratuit et illimitĂ© » sous mon post ? ? ?
D’aprĂšs mes observations, les auteurs Ă©gocentriques sont souvent ceux qui peinent Ă  vendre et dont les publications n’intĂ©ressent pas grand monde. Comme ils ne savent pas communiquer autrement qu’en rapportant tout Ă  eux, ils peuvent ĂȘtre amenĂ©s Ă  commenter leurs propres ouvrages sur Babelio, Booknode ou Amazon pour les plus malins. Bien entendu, ils laisseront un avis « quatre ou cinq Ă©toiles », avec le commentaire qui va avec : « Roman au top. Personnages gĂ©niaux et attachants. »
Le commentaire vous laisse sans voix ? Avec l’auteur Ă©gocentrique, vous n’ĂȘtes pas au bout de vos surprises. Eh oui, parfois, ce dernier publie des livres truffĂ©s de coquilles. PlutĂŽt que de les Ă©radiquer, en vue d’amĂ©liorer ses ventes, il prĂ©fĂšre les ignorer et parler de lui Ă  tout va ; quitte Ă  vanter des exploits inexistants

Si je devais rĂ©sumer l’état d’esprit de l’égocentrique en une citation, je choisirais celle du philosophe et sociologue Edgar Morin, qui dĂ©peint l’égocentrisme en ces termes : « Le sujet humain est Ă©gocentrique, dans le sens oĂč il s’autoaffirme en se mettant au centre de son monde. Mais, dans son “je”, il inclut un “toi” et un “nous”, et il est capable d’inclure son “je” dans un “toi” et un “nous”. » 

Le donneur de leçons

« PlutĂŽt que de donner des leçons de vie ou des leçons de morale aux autres, au motif que tu penses savoir mieux que tout le monde, apprends lesdites leçons et applique-les, car une chose demeure certaine : si tu crois tout savoir, cela signifie que tu ne sais presque rien. Le savoir s’enseigne par les actes et non par la parole. »

Les donneurs de leçons pullulent sur les rĂ©seaux sociaux, y compris au sein de la communautĂ© littĂ©raire. À l’ouverture de mon compte auteur Twitter, je pensais, Ă  tort, que tous mes pairs Ă©taient plus raisonnables que d’autres twittos, et qu’il Ă©manait d’eux une certaine facultĂ© de discernement. En effet, Ă  mes yeux, Ă©crire relĂšve de la sphĂšre artistique et intellectuelle, ce qui suppose sagesse et recul. À mon grand dam, tous les auteurs n’en sont pas dotĂ©s

Comment opĂšre le donneur de leçons ? Il souffre d’ultracrĂ©pidarianisme : il s’agit d’un comportement qui consiste Ă  donner son opinion sur des sujets Ă  propos desquels on n’a pas de compĂ©tence avĂ©rĂ©e. AmusĂ©es par la dĂ©finition, MĂ©lanie Desforges et moi-mĂȘme l’avions partagĂ©e sur Twitter, Ă  quelques mois d’intervalle. Comme quoi, visionner des vidĂ©os TikTok peut se rĂ©vĂ©ler utile

La stratĂ©gie favorite du donneur de leçons consiste Ă  « polluer » vos publications, en laissant des commentaires dans lesquels il dĂ©ploiera tout son « savoir » ; du moins, c’est ce qu’il croit. Face Ă  lui, vous aurez l’impression d’ĂȘtre pris pour un gamin auquel il faut enseigner la vie. Et, bien souvent, la bĂȘtise du donneur de leçons le contraindra Ă  mal interprĂ©ter vos propos et vos intentions, ce qui entraĂźnera des quiproquos, des dĂ©bats sans fin et des rĂ©actions parfois virulentes si vous rĂ©pondez.
Dans un deuxiĂšme temps, l’auteur donneur de leçons peut partager des posts dans lesquels vous relĂšverez son ton moralisateur. En les lisant, vous aurez le sentiment d’ĂȘtre retombĂ© en enfance, puisqu’il vous infantilise en jouant les professeurs.
Enfin, le donneur de leçons sĂ©vit lorsque vous converserez avec un autre auteur. L’ambiance, qui se voulait dĂ©tendue, se gĂąte quand le donneur de leçons dĂ©barque avec ses gros sabots. Il rase tout sur son passage, tel un ouragan. Vu la tĂ©nacitĂ© du donneur de leçons, vous ĂȘtes enclin Ă  penser qu’un ouragan vaudrait peut-ĂȘtre mieux que ses propos. Au moins, vous en seriez dĂ©barrassĂ©.
Pourquoi le donneur de leçons agace-t-il ? Parce qu’il pense possĂ©der plus de connaissances que les autres ; parce qu’il a l’outrecuidance de se croire dotĂ© d’une intelligence supĂ©rieure Ă  la moyenne, alors qu’en rĂ©alitĂ©, la plupart des donneurs de leçons sont des ĂȘtres ignorants et peu rĂ©flĂ©chis. S’ils passent leur vie Ă  « servir » des leçons aux autres, plutĂŽt que de travailler sur eux ou sur leurs tares, c’est parce qu’ils ne possĂšdent pas le recul nĂ©cessaire pour se remettre en question. Ils ne sont donc pas en mesure de relever leurs propres dĂ©faillances. S’ils s’en aperçoivent, ils accuseront les autres et rĂ©pĂ©teront les mĂȘmes erreurs, car il s’agit lĂ  d’une solution de facilitĂ©. Or, si vous creusez un peu, vous remarquerez qu’ils souffrent, dans leur for intĂ©rieur, d’un complexe d’infĂ©rioritĂ©, qu’ils combleront, en public, par un sentiment de supĂ©rioritĂ© de façade.
J’ai dĂ» me rĂ©soudre Ă  couper les ponts avec une autrice – que je nommerai CunĂ©gonde – qui connaissait pourtant certains pans de ma vie. Échanger avec elle ne me dĂ©rangeait pas outre mesure, jusqu’à ce qu’elle se comporte avec moi comme une vĂ©ritable donneuse de leçons, sur des sujets qu’elle ne maĂźtrisait pas ou qui ne la concernaient pas.
Un jour, une autrice avait demandĂ©, dans un tweet, quelles Ă©taient les caractĂ©ristiques physiques des Asiatiques. D’origine chinoise, je lui avais notamment expliquĂ© comment distinguer les diffĂ©rentes formes d’yeux asiatiques : les « yeux bridĂ©s » dĂ©signeront davantage des yeux « peu ouverts », ressemblant Ă  des « traits », tandis que les « yeux en amande », comme les miens, seront « moins fermĂ©s ». À aucun moment je n’exhortais l’autrice Ă  utiliser tel ou tel terme qui peut ĂȘtre perçu comme raciste au regard de certains. De mon point de vue, il s’agit de termes figurant dans n’importe quel dictionnaire, et je ne m’offusquerai jamais d’entendre quelqu’un me parler des « yeux bridĂ©s ». Cela dit, si vous prĂ©voyez d’écrire un livre sur les Asiatiques, je vous dĂ©conseille d’utiliser les mots « yeux bridĂ©s » ou « yeux en amande », jugĂ©s clivants par certaines personnes. Des maisons d’édition (ME) risquent mĂȘme de refuser les manuscrits ou les tapuscrits employant les termes prĂ©citĂ©s.
Revenons Ă  nos moutons
 La fameuse CunĂ©gonde s’était introduite dans la discussion pour me faire une leçon de morale, en affirmant que les personnes concernĂ©es trouvaient le terme « yeux en amande » raciste. À l’appui de ses propos, elle m’avait montrĂ© l’article d’une Française d’origine chinoise, que je connaissais pour ses rĂ©actions extrĂ©mistes. Quelques annĂ©es auparavant, cette derniĂšre et moi appartenions Ă  la mĂȘme association dont l’objectif visait Ă  promouvoir la culture asiatique, tout en luttant contre le racisme.
Sur le coup, j’avais tĂąchĂ© de garder mon calme face Ă  CunĂ©gonde, alors que je bouillonnais intĂ©rieurement. Je fais partie des personnes concernĂ©es, tandis que CunĂ©gonde, elle, n’a pas de sang asiatique qui coule dans ses veines. De quel droit s’était-elle permis de me dire ce qui Ă©tait considĂ©rĂ© ou non comme raciste, au regard d’un Asiatique ? ? ? Les mangas qu’elle lit ? Bien sĂ»r que non. Sinon, ce serait trop simple.