Auteur Sujet: L'herbe n'est pas plus verte ailleurs de Marjolaine Sloart  (Lu 3708 fois)

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L'herbe n'est pas plus verte ailleurs (sauf si on l'arrose) de Marjolaine Sloart




(Les aurevoirs sont seulement pour ceux qui aiment avec les yeux.  Pour ceux qui aiment avec le cœur, il n’y a jamais de séparation)
   Rumi



En acceptant la proposition de mes grands-parents, jamais je n’aurais imaginé que j’allais vivre une telle aventure. Grâce à eux, je suis de-venu meilleur et même si à un moment j’ai failli ne plus revenir, il n’y aura jamais aucun mot pour leur exprimer ma gratitude, je sais que de là où ils sont, ils doivent être fiers de moi et cela me fait chaud au cœur, mais laissez-moi vous raconter…


Chapitre 1

Lorsque j’étais enfant, mes parents avaient pour habitude de m’envoyer chez mes grands-parents pendant l’été. C’était toujours un plaisir de me rendre chez eux. Mamy profitait de l’absence de mes parents pour me gâter et Papou, lui, m’initiait à tout un tas de trucs, des utiles, mais aussi des défendus. Je crois que si mes parents avaient su à quoi nous passions nos journées, ils auraient pris peur, mais d’un commun accord, ni Papou ni moi n’en parlions, c’était la règle numéro un.

En grandissant, et grâce à mon grand-père, j’ai commencé à expérimenter le monde avec un regard plus vaste que celui que l’on m’enseignait à l’école. Cela a eu parfois des conséquences, dans le sens où chaque fois que j’avais des idées différentes, je devais, la plupart du temps, essayer de les défendre. Bref, le fait que je ne sois pas coulé dans le moule dérangeait.

Il me disait tout le temps :

- Val, tu es maître de ton destin et tu as tous les pouvoirs….
J’ai donc grandi avec cela en tête et dans bien des cas cela m’a servi !

Papou, a tenté avec son expérience de m’expliquer ce qu’il entendait par là, il parlait donc souvent par métaphores pour me développer son point de vue ou alors il me racontait sa vie pour me démontrer la justesse de son raisonnement. Les soirs, lorsque les nuits étaient fraîches, il allumait un feu et nous nous asseyions Mamy, Papou et moi au coin du feu et là, mes grands-parents me racontaient leurs voyages….

Ma mère considérait ses parents comme des originaux, elle n’avait jamais adhéré à leur système de pensée, du moins c’est ce que je croyais. Bien que malgré elle et sans s’en rendre compte, elle mettait en application certains de leurs fondamentaux.

Mamy et Papou habitaient un joli cottage en Irlande, plutôt éloigné de la civilisation, ceci par choix et aussi parce qu’ils pouvaient se le permettre. Lorsque maman était plus jeune, mes grands-parents vivaient proches d’une grande agglomération, ceci pour le côté pratique, car Megan, ma mère, devait pouvoir suivre sa scolarité sans avoir à passer des heures dans des bus scolaires.

Papou, était journaliste free-lance, il voyageait beaucoup et l’endroit où il habitait importait peu. Mamy s’occupait de ma mère et de mon oncle Steven.

Ils avaient acheté le cottage, il y a de cela bien des années. Maman me racontait que déjà toute petite, elle passait la plupart de ses vacances là-bas. Avec Steven, mon oncle, ils partaient à l’aventure. Non loin de là et en bordure de mer, ils aimaient aller chercher des coquillages et pêcher.

Ils s’installaient sur des rochers afin d’observer le littoral battu par la tempête, de là ils voyaient les vagues qui atteignaient leur paroxysme, de grandes nappes d’eau remplies d’écume qui semblaient déchaîner la mer, les rouleaux en rugissant venaient s’écraser sur les plages laissant de grandes traînées blanches.

Perchés sur leur rocher, ils se sentaient invulnérables. Avec leur canne à pêche, ils passaient des heures à guetter le poisson comme l’aurait fait un chat observant sa proie. Chaque fois que le bouchon plongeait, ils s’émerveillaient et étaient reconnaissants que la pêche fût aussi bonne. Maman n’aimait pas tuer les poissons, c’est donc Steven qui s’y collait, il les assommait d’un coup sec, comme lui avait montré son père et les entreposait dans le panier-musette. Mamy le soir les cuisinait, elle les apprêtait avec des herbes qu’elle ramassait dans son jardin et jusqu’il n’y a pas si longtemps, elle a continué à nous régaler de la même manière.

Steven et maman se rendaient souvent chez leurs voisins les plus proches. Ils enfourchaient leur bicyclette et parcouraient les 5 kms qui les séparaient de leur maison à toute vitesse. La route n’étant pas dangereuse, car quasiment pas fréquentée, ils en connaissaient les moindres culs-de-poule à force de l’avoir parcourue. Ils y retrouvaient leurs amis.

Julian avait l’âge de maman et Déborah l’âge de Steven, ils formaient un joli quatuor et Mamy les nommait les « Pas futés », non dans le sens qu’ils étaient gauches, mais plutôt parce que, quand ils rentraient en douce dans le cottage, elle était à chaque fois surprise de se trouver nez à nez avec l’un deux, il faut dire qu’elle était un peu sourde Mamy, donc rien d’étonnant à cela.
Les choses n’avaient finalement pas tellement changé, comme ma mère et mon oncle, j’allais à la pêche, mais à la différence que Papou m’accompagnait, cela faisait plusieurs années qu’il était à la retraite et il avait donc tout le temps nécessaire pour s’occuper de moi.
J’étais fils unique, mes parents n’ayant pas réussi à avoir un autre enfant. Durant mes vacances et mis à part la pêche, j’arpentais toutes les falaises non loin du cottage, parfois avec Papou, mais souvent aussi avec Joyce.
Joyce était la fille de Déborah. Honnêtement, je ne me rappelle pas à quel moment j’ai fait sa connaissance, mais j’imagine qu’au berceau nous étions déjà liés. Mes parents venaient sou-vent dans le Comté de Clare. Nous n’habitions pas très loin, à Galway, à environ 1 h 30 de chez mes grands-parents. Par la force des choses, Joyce et moi avons grandi côte à côte, je la voyais durant mes vacances scolaires où nous passions la majeure partie de notre temps libre ensemble. Elle avait un frère aîné, Steven, toute-fois la différence d’âge entre nous était trop grande pour que nous jouions avec lui.
J’aimais tout chez elle, c’était une très jolie fille, de longs cheveux blonds éclairaient son visage, ses yeux, vert émeraude, étaient comme un océan où on avait envie de se noyer. Son physique longiligne et ses courbes ne laissaient aucun homme indifférent. Elle avait fait des études comme botaniste à Galway et nous nous étions mis à nous fréquenter pendant qu’elle étudiait à l’université et que je finissais mes études de journaliste.
Je me sentais chanceux quand je la regardais dormir à côté de moi, nous avions tous les deux les mêmes envies et depuis aussi loin que je m’en souvienne je l’ai toujours aimée.

Chapitre 2

C’était un de ces samedis pluvieux comme nous avions l’habitude d’en subir régulièrement, j’entendais ma mère s’affairer dans la cuisine.
- Val es-tu prêt, me cria ma mère dans l’escalier ?
- Presque, j’ajuste mon nœud papillon et j’arrive !
- Dépêche-toi ton père nous attend, la voiture est là et si tu ne te hâtes pas, nous serons en retard pour la cérémonie.
Je soupirais. Comme à chaque fois que j’avais un truc important à faire, ma mère se mettait dans tous ses états. Aujourd’hui, pourtant elle avait raison, j’allais me marier et il fallait que j’arrive à l’heure, Joyce m’en aurait voulu si j’étais en retard à notre mariage, ça c’est sûr.
Je m’étais activé et j’avais rejoint ma mère en bas de l’escalier, elle avait un œillet dans la main, prêt à être épinglé sur mon costume.
- Maman, c’est complètement dépassé, il n’y a plus personne qui porte un œillet sur son cos-tard.
Voyant son air dépité, j’avais capitulé et je l’avais laissé faire.
- Voilà, la touche finale, dit-elle !
- Maintenant, on y va. Comme il pleut, ton père devra rouler prudemment, donc ne perdons plus de temps.
Devant l’église, tous nos amis étaient déjà là. Quelques cousins, mon oncle Steven avec ma tante, la famille de Joyce, j’avais juste eu un petit pincement au cœur, car ils manquaient mes grands-parents, décédés tous les deux la même année, il y a de cela 2 ans.
Joyce n’était pas encore arrivée, elle n’allait pas tarder. Je m’étais approché du parvis de l’église pour saluer mon témoin de mariage, mais je n’avais pas eu le temps d’aller plus loin, les cloches de l’église s’étaient mises à sonner à tue-tête, annonçant sans doute l’arrivée de ma fiancée.
Elle s’était avancée, habillée d’une magnifique robe de mariée de soie brodée, elle était sublime, ses cheveux relevés en chignon étaient encerclés par une couronne de fleurs, un bouquet de roses blanches dans sa main droite. Mon cœur battait la chamade, j’étais en train de réaliser que dans moins d’une heure nous serions mari et femme.
Les appareils photo crépitaient afin de figer ces instants qui resteraient longtemps dans nos mémoires.
Joyce et moi nous nous étions mis d’accord pour un mariage en toute simplicité. L’église, parce que l’idée nous plaisait, et un brunch dans un endroit branché. La soirée s’annonçait splendide et elle le fut ! Un seul bémol, lorsque mes parents, avant de s’en aller, m’avaient glissé une enveloppe avec une clé à l’intérieur et un mes-sage de Papou et Mamy. Ma gorge s’était serrée, j’avais embrassé mes parents, en essayant de rester naturel alors que j’étais tout chamboulé, il faut dire que je ne m’attendais pas du tout à ce-la.
Nous étions rentrés à l’aube après avoir dansé toute la nuit et je n’avais plus pensé à l’enveloppe que ma mère m’avait remise.

Le matin alors que Joyce était occupée à ranger nos habits éparpillés un peu partout, en suspendant mon veston dans l’armoire, elle avait vu l’enveloppe blanche qui dépassait d’une poche intérieure, elle me l’avait montrée en me de-mandant de quoi il s’agissait ?

- Val, c’est quoi cette enveloppe blanche ?

- Ah ! Oui, c’est juste. Ma mère me l’a remise hier soir et je l’ai oubliée. C’est un cadeau de mes grands-parents.

- Et tu ne l’as pas ouverte ?

- Certes, j’étais ému de recevoir celle-ci post mortem de la part de Papou et Mamy, alors j’ai préféré la ranger en pensant que ça serait bien assez tôt demain de voir ce qu’elle contenait.

Joyce m’avait tendu l’enveloppe en me disant :

- Alors, ouvre-la vite, je suis curieuse de savoir ce qu’ils ont encore inventé.

Je m’étais exécuté. Dans celle-ci se trouvaient une clé et un mot que j’avais lu à haute voix :


Chère Joyce et cher Val, vous voilà mariés et c’était notre vœu le plus cher, nous avons cherché pendant longtemps, quel cadeau original vous offrir pour votre mariage, cela nous a pris du temps en réflexion et en organisation, nous vous laissons le soin de le découvrir et nous espérons qu’il vous apportera autant de satisfaction que cela nous a donné de bonheur en le préparant.
La route est longue, elle peut être semée d’embûches ou mieux remplie de cadeaux, tout n’est que point de vue !
Nous vous souhaitons tous les bonheurs du monde, notre amour vous accompagnera là où vous irez.

Papou et Mamy


PS : la clé est celle d’un coffre-fort, prenez rendez-vous à la Banque Populaire Irlandaise, celle de Galway, ils sont au courant.
"J'ai décidé d'être heureux parce que c'est bon pour la santé" (Voltaire)

 


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