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Mise en avant des Auto-édités / Signé Alecto de Olivier Denevi
« Dernier message par Apogon le jeu. 18/11/2021 à 17:21 »
Signé Alecto de Olivier Denevi




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Ce livre est une fiction, une œuvre sortie de mon imaginaire.
Toutes ressemblances avec des personnages, des faits existants ou ayants existé ne sont que pure coïncidence.

Merci à Abby et Maritza.



Prologue:

Année 2000, Asie de l’Est, dans un des pays les plus peuplés du monde, environ 130 millions d’habitants, nous sommes au Japon.
Plus précisément à Tokyo, capitale et mégalopole nippone. Dans ce grand pays, la culture a de quoi étonner beaucoup d’occidentaux.
La politesse, la propreté et l’hygiène ont une grande importance, tout comme savoir donner de sa personne tout en sachant se relaxer de temps en temps.
Quel que soit le jour, le moment, les Japonais attachent une grande importance à la beauté, du bout des doigts jusqu’aux orteils.
Les transports sont d’une extrême ponctualité, être en retard n’est pas envisageable pour le Japonais.
C’est un grand manque de respect, il préfère se rendre à un rendez-vous dix minutes plus tôt.
Au Japon, on ne se regarde pas dans les yeux, cela peut être vu comme une agression et les Japonais dans l’ensemble ne sont pas tactiles non plus.
Même avec leurs propres femmes, mais fantasment sur d’autres, sans passer à l’acte pour autant, ce qui pour des occidentaux comme les Français par exemple, n’est pas facile à vivre, un couple Franco-Japonais doit savoir faire des concessions, d’ailleurs, dans ce qui va suivre vous allez vous en rendre compte et en suivre les dramatiques conséquences.
À Tokyo, Patrick Prélas et Mitsuko Katô, après s’être longtemps fréquentés lorsqu’ils étaient étudiants se marient, malgré les difficultés qui se présentent pour l’union d’un couple Franco-Japonais.
Ce sont des justificatifs et papiers de toutes sortes, en quantité, ainsi qu’une longueur administrative, un vrai parcours du combattant. Ceci dit, ils parviennent à sceller leur union.
Patrick, bien que Français, né à Lyon, vit au Japon depuis l’âge de dix-huit ans, cela suite à ses études et pour sa passion envers la culture nippone; bien qu’elle soit particulière. Il est le fils unique d’un père garagiste et d’une mère caissière dans un supermarché, et, malgré leurs modestes revenus, ils se sont privés pour que leur fils fasse de grandes études et s’en sorte mieux qu’eux dans la vie. En effet, c’est certain il s’en est bien sorti, et a même un peu la grosse tête aux dires de certains de ses amis.

Voilà qu’il travaille depuis dix ans à Tokyo, pour l’ambassade de France au Japon après avoir obtenu ses difficiles diplômes, il s’est très bien adapté pour un gaijin

C’est un bel homme, grand brun, cheveux courts, les yeux verts, toujours vêtu d’un costume cravate, il a de la prestance et un certain charisme. Il n’a plus de famille, ses parents étant décédés depuis trois ans.
Mitsuko elle, est une très jolie jeune femme, une pure Japonaise.
Née à Hakone à environ quatre-vingts kilomètres de Tokyo, un bourg du Japon, lieu très touristique.
Elle a vingt-cinq ans, de beaux et longs cheveux noirs, un visage de poupée, de jolies formes, ne laissant pas indifférent la gent masculine. La jeune femme s’habille toujours à l’occidentale, (jeans, baskets, et petit chemisier blanc) mais porte de très belles tenues lors des sorties
avec son mari, vu le statut de celui-ci elle doit être irréprochable.
Mitsuko a toujours été ancrée dans les traditions nippones les plus anciennes depuis son jeune âge. Son père était restaurateur, sa mère travaillait avec lui, une cuisinière de talent.
Le couple réside dans le beau quartier de Minami-Azabu
C’est un quartier riche où vivent de gros entrepreneurs, riches industriels et même certaines célébrités.
Un lieu bien sécurisé, tranquille, le voisinage est très discret, chacun s’occupe de ses affaires.
Car, bien que chaleureux, le Japonais, ne s’immisce pas dans les affaires des autres.

UN JOUR, TOUT BASCULE         

Minami-Azabu n’est pas loin du centre-ville malgré tout, et près de l’ambassade de France au Japon, ce qui est bien arrangeant pour Patrick, les logements y sont chers mais celui-ci peut se le permettre vu son activité professionnelle.
Les six premières années de mariage sont idylliques.
Belles soirées, grandes réceptions, durant lesquelles Mitsuko doit s’effacer aux dépens de son époux telle est la tradition japonaise.
Il y a aussi les voyages et autres belles distractions,
jusqu’au jour où la jeune femme donne naissance à une jolie petite fille que les parents prénomment Mina.

Depuis quelques mois déjà, Patrick est porté sur la bouteille, (peut-être le stress du boulot ou de mauvaises relations de travail) toujours est-il que le fait d’avoir une fille plutôt qu’un fils n’arrange pas les choses. Il en veut à sa femme, pour lui c’est de sa faute, et que si elle acceptait plus souvent de faire son devoir conjugal cela ne serait pas arrivé, il aurait eu son fils. La pauvre Mitsuko ne dit rien. Le temps passe, elle quitte son travail pour s’occuper exclusivement de sa fille âgée de trois ans à présent et gère le foyer, où là, elle peut avoir son mot à dire.

(Une autre tradition) ce dont elle ne se prive pas et lui fait du bien, or, ce n’est pas du goût de Patrick qui l’insulte, la moleste et va jusqu’à la forcer à avoir des rapports sous des cris, alors que la petite qui est dans la chambre, à côté, entend tout, et pleure sous ses draps, choquée, avant d’enfin s’endormir.
Cela dure quelques années, mais ce ne sont pas les voisins qui apportent leur aide hélas.
Un dimanche matin, Patrick prend son bain, tout en écoutant la musique diffusée sur le poste radio, alors que Mitsuko, dans la cuisine, prépare le petit déjeuner.
Et pour faire plaisir, elle décide de le faire à la tradition japonaise.

La musique du poste réveille Mina, qui alors se lève et se rend dans la salle d’eau à moitié réveillée, où là, son père lui crie dessus, la menaçant de lui mettre une raclée si elle ne sort pas de la pièce tout de suite. Mais la fillette s’approche de lui en disant de sa petite et douce voix:
—Tu n’es pas gentil avec maman, tu lui fais mal et tu me fais peur.
Puis, elle pousse de sa petite main le transistor qui est sur le bord de la baignoire, celui-ci tombe dans l’eau et Patrick meurt électrocuté. Ensuite, le petit ange va prendre son petit déjeuner.
La femme, au bout d’un moment, trouve que son époux met bien du temps à venir, va donc le chercher et se trouve face au corps inerte de Patrick.
Elle a un choc, mais ne fond pas en larmes pour autant, la femme est même comme soulagée d’un poids, son tortionnaire de mari n’est plus.
Elle sort alors de la salle de bain, ferme la porte derrière elle, puis rejoint sa petite dans la cuisine.
Une fois que Mina a fini de manger, Mitsuko lui dit avec délicatesse:
—Mina ma chérie, papa a eu un accident, il est mort.
—Je sais. Répond l’enfant tout en mettant son bol dans l’évier, puis retourne jouer dans sa chambre.
Sa mère se dit alors que l’électrocution n’était peut-être pas un accident vu la réaction de sa fille. Elle souhaite savoir pourquoi cette dernière avait fait cela, ce à quoi Mina répond franchement.
Mitsuko n’en revient pas, son enfant a fait ce qu’elle, n’avait pas eu le courage de faire, décidant d’aller rejoindre Mina afin de lui dire combien ce que sa petite a fait est grave.
Mais comment expliquer aux secours ce qu’il vient de se produire ?
Cela passera-t-il pour un accident ?
La jeune femme espère que oui, car cela ne va pas passer inaperçu dans ce beau quartier au voisinage irréprochable, d’autant que Patrick était très apprécié de tous, mais ceux-là ne connaissaient pas ses côtés sombres.
Et de toutes façons, comment cela aurait fini ?
Mitsuko n’aurait jamais porté plainte, les services de police ne l’auraient pas prise au sérieux, auraient même ignorés ses dires.
Elle le sait hélas. De plus, la jeune femme ne veut pas avoir à subir les interrogatoires musclés de la police nippone elle ne le supportera pas.
Il lui faut penser d’abord à sa fille, à la suite des évènements, appelle alors les secours, qui une fois sur place constatent les faits et conclus à l’accident, mais se voient obligés de prévenir tout de même les services de police, ce qui inquiète la jeune femme.
Mitsuko contacte immédiatement par téléphone un très bon ami, toujours là pour elle. Un collègue de son défunt mari, lui aussi d’origines françaises et Lyonnais.
Celui-ci conseille de quitter le pays avec la fillette, il sait tout comme Mitsuko que les flics d’ici ne lui feront pas de cadeaux, alors qu’avec toutes les très bonnes relations qu’il a, elle peut s’en sortir sans soucis.
Mère et fille préparent alors tout de suite leurs valises, dans lesquelles elles ne mettent que le strict nécessaire. Or, la maman de la petite est en panique, se pose mille questions, va s’enfermer dans sa chambre, tandis que Mina finit de ranger ses affaires.
La police n’est pas encore là, mais elles doivent se hâter, et lorsque Philippe, l’ami attendu, arrive, la porte est ouverte il n’a qu’à la pousser, puis appelle son amie, mais celle-ci ne répond pas et la petite non plus.
Il pénètre doucement, puis pause sa main sur la poignée de porte de la première pièce qui se présente devant lui, c’est la chambre parentale.

Et là, il est face à l’horrible spectacle de Mitsuko, étendue sur le lit maculé de sang, elle s’est ouvert les veines. L’homme prend son pouls, mais rien, il est trop tard.

Au même instant arrive Mina qui voit la scène, horrifiée se met à crier et fondre en larmes, hurlant que tout est la faute de son père.
Il faut agir vite. Philippe regarde la petite, hésite, puis la prend par la main et tous deux courent jusqu’à la voiture. Ils partent à toute vitesse alors que la fillette est inconsolable, mais son nouvel ami arrive à trouver les mots pour la réconforter, lui promettant qu’il va trouver une solution.
Philippe lui demande comment cela a pu dégénérer de la sorte, ce que Mina lui explique avec ses mots à elle, que son papa n’était pas gentil. Il comprend mieux et n’est qu’à peine étonné du comportement de Patrick, qu’il avait déjà vu dans certains excès de colères, sous l’effet de l’alcool, même au travail, avec des gestes déplacés envers le personnel féminin à l’ambassade, il avait aussi plus d’une fois trompé son épouse.
L’homme garde quelque temps Mina avec lui, et grâce à ses grandes relations et des connaissances dans certains milieux, il peut faire faire de faux papiers plus vrais que nature pour la jeune fille, et la conduit par la suite à l’aéroport international de Tokyo, direction la France.
Ils prennent le premier avion, le but de Philippe, se rendre tout de suite à Lyon, chez sa sœur, qui pourra prendre en charge la petite sans aucuns soucis.
Entre temps, à presque dix-mille kilomètres de là, au Japon.

La police lorsqu’elle s’est rendue sur les lieux du drame, a conclue à une dispute conjugale qui a mal tourné. Pour elle, la femme a tué son mari, puis, s’est donnée la mort, pas de témoignages, ça ne risque pas. Elle classe l’affaire se demandant tout de même où a bien pu passer la petite fille de la famille.

Philippe et Mina arrivent enfin à l’aéroport Saint-Exupéry de Lyon. Ils prennent un taxi pour les conduire jusqu’à l’appartement de Stéphanie, la sœur du sympathique sauveur.
C’est une jolie jeune femme blonde, cheveux mi-longs, les yeux verts, très décontractée, célibataire, elle est infirmière à l’hôpital de la Croix Rousse.
Son frère repart tout de suite pour prendre le prochain vol retour après avoir embrassé Mina et laissé quelques instructions à sa sœur. Le courant passe bien entre la petite et la sœur de Philippe.
Bien que Mina ait dans son regard une tristesse permanente, Stéphanie trouve toujours les mots qu’il faut pour la consoler, lui décrocher de petits sourires.
Le temps a passé et suite à de longues batailles administratives, Stéphanie peut adopter Mina, toutes deux sont folles de joie.

La fillette va dans une bonne école, prend des cours de Karaté comme elle le faisait au Japon depuis très jeune, et à ses moments perdus se plonge dans les livres de médecine, de botanique, elle adore aussi les histoires de la mythologie grecque et romaine que possède Stéphanie.

NOUVEAU PAYS NOUVELLE VIE

Cela la passionne elle dit que lorsqu’elle sera grande elle sera infirmière elle aussi.
Les années défilent, Mina s’épanouit, avec celle qu’elle appelle maman Stef. Même si son passé est toujours là, comme une blessure ouverte n’arrivant pas à cicatriser, un passé qui vient la hanter certaines nuits.
Puis, elle devient une jeune femme d’une grande beauté, comme sa mère l’était, de taille moyenne, de longs cheveux noirs tombants jusqu’aux fesses, toujours coiffée d’une queue de cheval, les yeux noisette légèrement bridés, une peau claire, toujours très bien maquillée, un charme fou, très féminine.
Contrairement à ce qu’elle disait plus jeune, elle ne sera pas infirmière bien qu’elle continue à lire ce genre de livres, car, elle suit des études d’herboristerie, et la mythologie toujours présente, la transporte dans un monde qui la fascine.

Cela dure trois bonnes années, ça se passe bien, elle a une certaine facilité dans ses études ce qui est assez déconcertant pour ces amis (es) et même pour Stéphanie qui est si fière d’elle. Lors de ses études elle fait la connaissance d’un charmant jeune homme, qui se prénomme Bruno.
Elle ne le rencontre pas à l’université mais lors d’un repas entre amis communs, c’est cliché et pourtant le coup de foudre mutuel est là.

Il est de quatre ans son aîné, son métier, taxidermiste. Pas glamour, mais Mina s’en fiche pas mal, il n’y a pas de métiers sots ou inutiles, elle considère cela comme étant un art.

La voilà à présent phytothérapeute, c’est parfait, elle peut maintenant mieux se concentrer sur sa relation amoureuse qu’elle avait, il faut le reconnaître, un peu mise de côté, Bruno est l’homme parfait.
Grand, plutôt carré, brun, les cheveux façon coiffés décoiffés, les yeux verts, une barbe de trois jours, jean, baskets et polo. C’est un homme qui sait tout faire, très habile de ses mains ce qui est mieux vu son métier avec de plus, un certain talent lors des ébats amoureux, cela est loin de déplaire à Mina.
Vient le jour où elle se décide à le présenter à sa mère d’adoption, mais elle tient aussi à ce que Philippe vienne exprès du Japon, qu’il soit présent, il est la seule figure paternelle qu’elle ait vraiment connue depuis petite, l’opinion de l’homme compte aux yeux de la jeune femme. Un repas est donc prévu, tout est OK, cela se passe très bien, et une fois Bruno parti:
—Alors ! Alors ! Que pensez-vous de lui ?

Tous les deux le trouvent très bien, tout en mettant en garde Mina,qu’elle ne s’affole pas, même s’ils se connaissent depuis longtemps, pour ce qui est de vivre ensemble, c’est une autre histoire.
Mina est loin d’être bête, elle sait que c’est un engagement important.

Après avoir pesé le pour et le contre, vient le jour où les amoureux emménagent sous le même toit, non loin de chez Stéphanie, dans le sixième arrondissement de Lyon. La jeune femme a trouvé une place, dans un cabinet de phytothérapie dans le troisième arrondissement, éloigné du magasin de taxidermie de Bruno, situé à environ trois kilomètres de là, mais peu importe, c’est une grande joie pour elle.
Premier jour pour Mina qui a fait connaissance de la petite équipe et découvre son bureau. Elle est parfaitement à son aise, enchaîne les rendez-vous, elle a su s’imposer dans ce monde, à en rendre jaloux ses confrères, c’est le cadet de ses soucis.

Cela va faire huit mois qu’elle est dans ce cabinet, pas une ombre au tableau, mise à part qu’un jour, devant aller chercher un dossier en documentation, elle surprend un collègue, (Pierre Dufet) en train de peloter assidûment une petite stagiaire, loin d’être consentante.
Pris sur le vif, il s’arrête, et la jeune fille part dans les toilettes en pleurs.
Mina écœurée retourne à ses occupations, en colère. Pierre Dufet vient vite la voir à son bureau:
—Vous n’avez rien vu Mina, nous sommes bien d’accord?

Mais, elle ne peut se contenir:
—Vous croyez ça Pierre ? La pauvre petite, le traumatisme que ça lui cause. Le nombre de personnes que nous aidons, qui nous font confiance. Êtes-vous conscient de la renommée du cabinet ? et vous vous permettez cela ? Vous rêvez monsieur !
—Mais ma pauvre, qui croira une petite stagiaire, ou même vous. J’ai fondé ce cabinet, avec mon père, tout le monde sera de mon côté, et si elle tient à sa place elle se taira aussi, à présent au boulot.
Pour Mina c’est trop. Elle attend la pause déjeuner pour rejoindre la jeune femme abusée, afin de discuter avec elle.
En effet, celle-ci ne compte pas porter plainte de peur de perdre son stage et d’être mal notée, des représailles, (bien que ce n’était pas la première fois qu’elle subissait des attouchements de la part de Pierre).
À l’écoute de ça, soudain, Mina, l’histoire de quelques secondes, a comme une absence et repense à ce que sa mère avait vécu, le chagrin et la colère prennent le dessus.

Le soir venu, fermeture du cabinet, chaque membre prend ses affaires pour se rendre ensuite au parking sous-terrain. Mise à part le patron, toujours le dernier à partir. Or, ce soir-là, c’est son fils, Pierre, qui est le dernier à s’en aller.
Cachée derrière un poteau, Mina l’attend patiemment.
Il arrive au parking, se dirige vers sa voiture et Mina s’approche de lui, surpris. Il lui demande ce qu’elle fait là.
—Vous avez réfléchi à ce que je vous ai dis mademoiselle?
Pas de réponses de cette dernière, juste un sourire en coin, elle met ses gants noirs.
—Je vous ai posé une question !
Et en une fraction de seconde, elle brise la nuque de l’homme, en une prise de karaté, ses cours avaient porté leurs fruits, il tombe raide.
Puis, immédiatement, la jeune femme fait une mise en scène, lui prend son argent ses cartes de crédit, et éparpille sur le sol les affaires de ce pourri, afin que cela ait l’air d’un vol qui a mal tourné.

Ensuite, elle monte dans sa voiture et décide de rentrer chez elle tranquillement, afin de retrouver son amour.
Une fois rentrée, Bruno lui demande la raison de son retard à la maison, d’un ton un peu agacé.
Mina lui répond qu’elle avait une grosse étude de dernière minute à régler, son homme ne va pas chercher plus loin.

Tous deux prennent une ouche coquine, soupent, puis vont se coucher.
Le lendemain matin, la jeune femme se lève, fraîche comme une fleur, mais lui reviennent en tête des images de ce qu’elle avait fait la veille au soir.
Alors que les deux tourtereaux déjeunent::
—Bruno, j’ai quelque chose à t’avouer, j’ai fait une très très grosse bêtise.
—Cela ne doit pas être si méchant que ça, dis-moi.

Mina lui explique alors en détails tout ce qui c’était passé et pourquoi.
Il tombe des nues, ne répond rien et sans finir de manger, va se préparer et part sans dire un mot, en claquant la porte.
Sur la route qui le mène au boulot, tout en conduisant, il se pose des tas de questions auxquelles il ne trouve pas de vraies réponses, (mais pourquoi a-t-elle réagi ainsi?) Se dit-il.
Une fois fini son petit repas, elle file se préparer, se pomponne, met un de ses plus jolis tailleurs, puis se rend au cabinet comme d’habitude.
Arrivée, dans le parking, elle voit une voiture de police garée devant celle de Pierre Dufet, dont le corps sans vie est encore là, couvert d’une toile noire.
Mina voit son boss converser avec une personne à l’air peu gracieux. Elle descend de son véhicule, se dirige vers les deux hommes demandant ce qu’il se passe et viennent les présentations de rigueur.
—Mademoiselle, enchanté, je suis le commissaire Brelot.
(pas facile à porter surtout lorsque l’on est flic)

Le commissaire est un homme qui présente bien, entre quarante-cinq et cinquante ans, rasé de près, petite moustache, cheveux bruns, un certain charme, costume deux pièces, chemise blanche, cravate de bon goût et chaussures de ville en cuir de couleur noire.

Il explique donc à notre belle qu’un vigile avait découvert le corps de Pierre dans la nuit, autour des deux heures du matin, mais pas de traces de lutte, porte-feuille vidé, pas d’indices et les caméras de surveillance étaient hors de
service, heureusement pour la jeune femme qui ne s’en était pas souciée, donc, le commissaire n’a rien à se mettre sous la dent.
—Lui connaissiez-vous des personnes qui lui en voulaient?
Et toutes les questions habituelles sont posées à Mina. Elles défilent, ainsi que pour monsieur Dufet (père), mais sans réponses concrètent.
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Bonjour à tous !

Aujourd'hui je reviens vers vous pour vous parler de l’œuvre d'Adeline Rogeaux , Histoires folles et horrifiques que je viens
tout juste de terminer.

J'ai vraiment apprécié la lecture de ce petit recueil qui se compose d'histoires glauques à souhait, saupoudré d'une touche d'humour noir.
Les textes sont certes courts (micronouvelles) mais n'en reste pas moins efficace pour vous donner quelques frissons ici et là.
Les histoires qu'avec ce livre Adeline nous propose sont, de mon humble point de vue, très imagées et les événements gores qui
s'y déroulent resteront scotchés à vos esprits pendant un moment.
Vous ne regarderez plus le monde de la même manière, tant tout ceci est criant de réalisme par moment, malgré le côté fou des récits.

C'est un petit livre fort sympa à lire et découvrir pour toutes celles et ceux qui aiment se faire une petite frayeur, le soir sous une lumière tamisée, et je ne peux que
vous le recommander.

Je mets bien évidemment à ce trésor la note de 5/5
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Avis : auteurs auto-édités / Re : Fata Morgana de Stéphanie Munch
« Dernier message par cnslancelot5930 le mer. 17/11/2021 à 13:46 »
Merci pour cette chronique  :bravo:

Allez hop, encore une histoire à rajouter à ma liste.
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Une superbe mise en bouche qui donne envie d'en découvrir davantage.  :pouceenhaut:
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Avis : auteurs auto-édités / Re : Forest d'Adeline Rogeaux
« Dernier message par cnslancelot5930 le mer. 17/11/2021 à 09:08 »
Je dois encore finir Histoires folles et horrifiques, et ensuite je me lance dans Forest également, et Bloc D.  :pouceenhaut:
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Avis : auteurs auto-édités / Forest d'Adeline Rogeaux
« Dernier message par olivierdeneviauteur le mar. 16/11/2021 à 08:53 »
Je suis en train de lire ce bon livre "Forest" :pouceenhaut: d'Adeline Rogeaux, (dite Driller Killer). Encore une fois, un plaisir.
Après "les histoire folles et horrifiques", "Bloc D", :clindoeil: c'est un univers de fous, j'adore.
Juste avant, ce fut "Soleil vert" de Sealeha, j'ai beaucoup aimé. de la même auteure, je vous recommande "Le portail", super ! :pouceenhaut:
Bien d'autres sont à venir, je vous en ferait part, dont le dernier de Maritza Jaillet, parmi tant d'autres. :clindoeil:
À très bientôt prenez soin de vous.           
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Avis : auteurs auto-édités / Re : La maison Jaune de J.R Kobencröft
« Dernier message par olivierdeneviauteur le sam. 13/11/2021 à 16:33 »
Il me tarde de recevoir mon exemplaire :bravo:, il fait partie de ma liste à lire, et je sais qu'il me plaira.  :yahooo:
Merci pour cette chronique.
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Merci beaucoup pour cette mise en avant !!  :offrefleur:
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Mise en avant des Auto-édités / Brumes à Mer-T1 L'Envol du faucon de Valérie Hoinard
« Dernier message par Apogon le jeu. 04/11/2021 à 16:53 »
Brumes à Mer-T1 L'Envol du faucon de Valérie Hoinard

Introduction

Si j’avais su où tout ça nous mènerait, je ne suis pas sûre que j’aurais fait les mêmes choix.

Une femme d’une quarantaine d’années, aux cheveux blonds attachés en chignon, est assise à son bureau. Des larmes coulent le long de ses joues. De sa main tremblante, elle noircit de mots la page qui se trouve devant elle, à côté d’un épais tapuscrit. Son hésitation est palpable lorsque sa plume glisse au fil de son émotion.

Cette réflexion me hante parfois, même si ces événements sont à présent loin derrière moi. Bien sûr, je n’avais pas forcément d’autres options et les conséquences de mes actes ont été bien au-delà de l’imaginable, du vraisemblable.
Comment aurais-je pu deviner ce qui nous attendait ? Comment aurais-je pu, ne serait-ce qu’une seconde, émettre l’hypothèse que nous n’étions que des pions ? Le libre arbitre n’est qu’illusion, il l’a toujours été et le restera.
Trahie, manipulée, ensorcelée, mais sauvée.
Une bonne amie m’a dit un jour que les sacrifices sont inévitables pour parvenir à nos fins. Ce que je ne savais pas, c’est que tôt ou tard nous devons en payer le prix et celui-ci est lourd, très lourd.
C’est sûr, tu pourrais te dire que tout ça ne te touche pas, que ta vie est parfaite comme elle est, mais la vérité, c’est qu’on est tous concernés par le poids de nos dilemmes. D’autant plus quand, comme moi, on est une femme dans un monde où les hommes ont tous les pouvoirs.
Comment exister quand ton avenir ne t’appartient pas ? Quand tu découvres que ta chère liberté n’a jamais été réelle ? Que tout ce en quoi tu as cru n’était que mensonge éhonté ?
Enchaînée à une destinée artificielle, les ailes brisées, ma guérison fut longue et douloureuse. Mais l’authentique vérité, celle qui vient du plus profond de notre cœur, refait toujours surface, quels que soient les moyens utilisés pour la faire taire.
Je m’appelle Isilda et voici comment j’ai mené ma ville à une mort certaine. 

Prologue

Un visage de femme se dévoila au milieu de l’eau que venait de faire couler l’elfe dans l’évier. Celle-ci, s’apprêtant à y plonger les racines vertes de son orchidée, manqua de lâcher le pot dans lequel se trouvait la plante.
— Il est temps de mettre notre plan à exécution, Sonia.
— Vous m’avez fait une de ces frayeurs !
Les mains tremblantes et le cœur battant à tout rompre, elle se tourna pour poser le contenant sur la table de la cuisine, avant de revenir prêt de l’étrange apparition. Celle-ci ne releva pas sa remarque.
— Sa famille est sur le point de la trahir. Elle va bientôt être vulnérable et seule. C’est le moment idéal pour mettre un coup de pied dans la fourmilière. As-tu toujours le vieux grimoire que je t’ai donné lors de notre dernière rencontre ?
La jeune femme blonde disparut quelques secondes de la pièce. Lorsqu’elle fut de retour, elle tenait un gros livre entre ses mains. Sa couverture abîmée, faite de cuir épais, indiquait qu’il avait traversé les âges.
— Oui, le voici.
— Fort bien. Ouvre-le.
L’elfe s’exécuta. Un bout de papier blanc moderne déchiré tomba sur le sol. Elle le ramassa et le lut. Il s’agissait d’une série de chiffres.
— Qu’est-ce que c’est ?
Sans réponse, elle jeta un coup d’œil aux pages du grimoire. Des schémas et des listes d’ingrédients, plus mystérieux les uns que les autres, dominaient des écrits ressemblant à des recettes et à des incantations.
— Donne ce livre aux Hiféins et aux Tersors avec ces coordonnées et dis-leur que ce sont celles du point de rencontre des Alcores et des Fuméens. C’est tout ce dont ils ont besoin pour pouvoir contourner les sortilèges de protection et d’illusion de leurs ennemis.
Sonia replaça le bout de papier, puis referma l’ouvrage. Le visage disparut alors de l’eau.

Chapitre 1

J’avançai lentement au bord du précipice, face à la mer agitée. Tournée vers l’horizon, je fermai les yeux et inspirai profondément. Une délicieuse odeur iodée chatouilla mes narines. Je rouvris les paupières et observai les couleurs pastel du soleil levant transpercer le ciel lourd et orageux, là où les flots se terminaient.
J’aimais cet endroit. Il m’apaisait.
Les vagues heurtaient avec force l’immense paroi rocheuse. Le vent, encore frais pour la saison, soufflait en rafales sur la côte, mais je n’étais aucunement déstabilisée. Bien au contraire, j’adorais me retrouver sur les falaises quand les éléments se déchaînaient.
Le chant des goélands et des mouettes retentissait au-dessus de moi. Quelques-unes de mes mèches blondes, presque blanches, virevoltaient autour de mon visage, alors que le reste de mes cheveux était noué en couettes basses, de chaque côté de mon crâne.
L’odeur en provenance du large m’avait toujours fait cet effet. Enfant, ma grand-mère m’emmenait déjà sur les hauteurs. Chaque fois que je me rendais ici, mon cœur s’emballait avant de retrouver son calme habituel. C’est à cet instant précis que la totalité de mes muscles se relâchait. J’avais l’impression de la retrouver, qu’elle ne m’avait jamais quittée.
Je continuai d’avancer au bord de la falaise, et bientôt, j’effleurai le vide. Baissant les yeux, j’aperçus la brume en contrebas au pied du piton rocheux. Par endroits, l’écume et les vagues s’écrasaient sur la roche aiguisée telle des lames acérées. Bien que je ne puisse pas vraiment distinguer les rouleaux, je pouvais entendre leur lourd fracas.
Face au ciel menaçant, je pris une longue inspiration et étendis mes bras sans peur. Les paupières à présent closes, je sautai dans le vide.
Le souffle du vent sifflait dans mes oreilles et fouettait mes joues à mesure que je me rapprochais d’une mort inévitable. Pourtant, j’étais parfaitement détendue. Je ne craignais rien, tout se passerait sans douleur.
Ma chute me procurait une inégalable sensation de liberté. Tomber ainsi, sans rien pour me retenir, faisait naître en moi une puissante dose d’adrénaline.
À cause de la vitesse, l’air ne parvenait plus à mes poumons. Il ressemblait à un mur invisible que je brisais avec force, les bras à présent rétractés le long de mon corps menu.
Alors que m’écraser sur les rochers semblait inéluctable, je me transformai.
Je sentis mes membres prendre de plus en plus d’importance, ce qui déclencha une sensation de tiraillement un peu partout à l’intérieur de moi et de mes muscles. Mes os rétrécirent et s’amincirent comme si on les compressait. Mon nez aquilin s’allongea, tout comme ma lèvre inférieure, pour former un bec sombre et crochu. Des plumes poussèrent sur la totalité de ma peau, provoquant de nombreux picotements à la surface de mon épiderme. Elles composèrent bientôt mon plumage beige et cendré. Mes jambes s’affinèrent et mes pieds se divisèrent pour se muer en de puissantes serres jaunes. Mes yeux grossirent. Mes iris bleus firent place à deux billes noires opaques. Mon regard devint plus profond et ma vue se modifia, me rendant ainsi capable de transpercer l’épaisse couche de nuages qui se rapprochait dangereusement de moi.
Je mis subitement fin à ma chute au niveau des vagues. Mes pattes se rétractèrent et j’étendis mes ailes. Ma respiration se bloqua à l’ouverture de mon envergure. Un choc puissant me tira tout à coup vers le haut et je m’envolai.
Le faucon s’était emparé de moi. Le souffle du vent frôlait mes plumes, parfois même s’engouffrait jusqu’à ma peau fine, me faisant frissonner. J’étais seule, libre, et en communion avec moi-même. Voler était le rêve d’Icare, mes compères et moi, nous le réalisions.
J’avais toujours aimé cette sensation unique de liberté, de voler où bon me semble, portée par les courants, dans le plus grand des anonymats. Ce n’est pas comme si je risquais ma vie de cette manière, elle était bien plus en danger sur un champ de bataille. Sauter du haut des falaises, très tôt le matin, me permettait de ne pas être vue par les humains.
Mon animal de transformation me correspondait bien. Le faucon est vif quand il le veut, d’un grand calme le reste du temps, un peu à part chez les siens, et c’est un excellent chasseur. On retrouvait beaucoup de ces traits en moi.
Fille du chef des Alcores, nom donné au clan des humains élémentaires de l’Air, j’étais une personne relativement effacée et intégrée en société, ainsi qu’une redoutable guerrière.
L’élément que je maîtrisais allait lui aussi parfaitement avec mon caractère, plutôt solitaire et volontaire. Force tranquille, l’Air est a priori inoffensif jusqu’à ce qu’il se déchaîne en tempête. Là, il fait des dégâts, beaucoup de dégâts.
Portée par le vent vers le large par-delà la côte, je profitai de ce superbe spectacle coloré que la nature m’offrait, frôlant de mes plumes l’eau mouvementée.
Cela faisait maintenant plusieurs dizaines de minutes que je volais au-dessus de la mer. Je commençais à sentir les premières douleurs dans mes ailes. Il était temps que je me rapproche de la terre. Ma mission de surveillance devait se terminer avant que l’on me localise dans le secteur ou que je ne puisse plus voler.
Je baissai la tête pour observer les flots défiler sous mes serres. L’eau agitée reflétait légèrement l’ombre du rapace que j’étais devenue. Puis, je me dirigeai vers la forêt, non loin des immenses falaises rocheuses.
En arrivant au-dessus de la côte escarpée, une scène inhabituelle m’interpella. J’aperçus cinq silhouettes sur la plage. J’effectuai un virage pour me rapprocher d’elles, tout en faisant attention de ne pas être détectée. Je me rendis alors compte qu’elles sortaient de l’eau, cette dernière dégoulinant de leur corps sur les galets. Je les observai et les reconnus immédiatement. Les Fossé, des personnes qui comme moi et ma famille avaient écrit l’histoire de cette ville, à travers la guerre ancestrale que nous nous vouions. Leur clan était ennemi du mien depuis mille ans. On les nommait les Hiféins. Ses membres maîtrisaient aussi la magie élémentaire.
Cependant, eux manipulaient l’Eau. Ils se transformaient en sirènes et hommes poissons, ou tritons suivant comment on les appelle, lorsqu’ils nageaient dans les profondeurs.
J’arrivai dans la forêt de conifères à bout de souffle. Mes ailes me tiraillaient, un peu comme des crampes, et mes paupières se fermaient toutes seules. Restée trop longtemps au-dessus des vagues, j’en payais à présent le prix.
Après avoir scanné les lieux de ma vision perçante, je me perchai sur une branche assez haute. Elle était suffisamment grosse pour supporter le poids d’un faucon, me permettant ainsi de me reposer. Il n’y avait aucun animal, ni même aucun bruit autour de moi.
Pourtant, mon répit fut de courte durée. Mon regard se tourna vers le sol. Happé par un des rares rayons de soleil de la matinée, quelque chose de brillant retint mon attention. Je descendis de mon perchoir, sans méfiance, poussée par la curiosité, et atterris par terre. Vu de plus près, l’objet ressemblait à un bijou, une boucle d’oreille peut-être… Mais je n’eus pas le temps de le vérifier.
 
Chapitre 2

Une énorme masse sombre bondit sur moi et me cloua au sol. La violence du choc m’empêcha de m’enfuir. Mes plumes se dressèrent sur mon corps alors qu’un sursaut se fit sentir dans ma poitrine. Je déglutis et battis des paupières.
Sur le dos, les ailes écartées, je ressentais le poids considérable de ce qui m’empêchait de bouger. Ses deux yeux jaunes m’observaient intensément comme s’ils voulaient me transpercer. Il me fallut un moment avant de comprendre ce qui se passait.
Je m’apaisai soudain. Mon regard stupéfait s’éclaira pour refléter un mélange d’amusement et d’agacement. Je repris alors forme humaine.
Mes os grandirent et grossirent, comme si on m’écartelait. Les deux parties de mon bec se séparèrent pour redevenir des lèvres roses, laissant de nouveau passer l’air entre elles. Mon champ de vision diminua à mesure que le blanc, puis le bleu s’emparèrent de mes yeux. Mes membres s’étirèrent pour retrouver leur taille habituelle. Mon plumage se rétracta à l’intérieur de mon épiderme, me chatouillant le corps au passage. Mes vêtements, disparus momentanément, grâce à la potion ajoutée dans nos lessives pour nous permettre de ne pas nous déshabiller lors de notre métamorphose, réapparurent. Enfin, je sentis de nouveau ma chevelure aux reflets de blé dans le creux de mon cou.
La bête rugit dévoilant ses longues canines d’un blanc étincelant. Ses griffes, presque aussi grosses que mes doigts, bloquaient avec force mes poignets sur l’herbe encore humide. Je tentai de me relever. En vain. Elle n’était pas décidée à me libérer.
Très peu connu, l’animal errait dans les alentours de Newytown. Malgré ça, la ville ne correspondait pas à son habitat naturel. C’était un jaguar noir. Un félin quasi légendaire.
Je plongeai mon regard dans ses yeux perçants et ronchonnai.
— Bien joué ! Je me rends, tu as gagné.
Le carnivore se transforma à son tour. Sa fourrure sombre, épaisse et parsemée de rosettes, disparut progressivement, laissant apparaître sa peau claire, sous sa chemise et son pantalon foncés. Ses moustaches de chat se rétractèrent au niveau de ses babines. Son corps bedonnant et sa tête massive, faits de muscles principalement, retrouvèrent la finesse des courbes humaines.
En quelques secondes, ce n’était plus d’énormes pattes velues aux griffes acérées qui me maintenaient au sol, mais bel et bien les bras parsemés de poils et les grandes mains d’un homme que je connaissais particulièrement bien.
— Ne t’habitue pas trop à gagner contre moi. La prochaine fois, je te battrai ! m’exclamai-je.
— Tu dis ça à chaque coup et c’est systématiquement moi qui l’emporte. Tu devrais le percuter depuis le temps, Isilda, j’ai toujours ce que je veux.
Simon arborait un regard amusé. Il savait pertinemment que je n’avais aucune chance face à lui et moi aussi. C’était de la pure provocation, liée à un élan d’orgueil. Je n’étais pas une bonne perdante et ne l’avais jamais été, tout comme cet énergumène. Il était d’ailleurs pire que moi de ce côté-là.
Plus jeune que lui de deux ans, j’avais grandi et passé mon enfance avec sa sœur. À vingt-cinq ans, il était grand par la taille, plutôt mince, bien que musclé, possédait de longs cheveux châtains, lisses, qui tiraient vers le noir, descendant jusqu’aux épaules.
Simon maîtrisait le Feu et avait été élevé par ses parents dans l’optique de devenir un jour le dirigeant des Fuméens. Comme tous les fils de chef de clan, c’était un guerrier, une véritable machine à tuer, programmée depuis sa plus tendre enfance dans la violence et la haine de ses ennemis. Nos deux familles étaient alliées et amies depuis le début des affrontements.
Bloquée depuis un petit moment par terre, les poignets endoloris, je n’avais qu’une envie, me remettre sur mes jambes. Je soupirai de lassitude.
— Aide-moi, s’il te plaît.
Je formulai ces quelques mots sur un ton ferme. Simon s’exécuta sans quitter son sourire carnassier. Après tout, il avait gagné. Aucune raison de continuer à m’humilier plus longtemps.
Il me tendit sa main et je la saisis pour me relever. Gardant une certaine amertume de son piège grotesque, je le remerciai rapidement et avec dédain. Malgré sa silhouette qui me dominait d’une vingtaine de centimètres, il ne m’impressionnait guère.
Une fois debout, j’époussetai mon jean, avant de brusquement tourner la tête. Un bruit de branche cassée attira mon attention. Je scrutai avec anxiété un arbuste touffu. Le buisson bougeait de manière inhabituelle. Quelque chose devait s’y dissimuler.
Soudain, deux grands yeux orangés émanèrent du sombre feuillage. Ils se rapprochèrent lentement de nous, avant qu’une panthère noire ne sorte de sa cachette, de sa démarche élégante.
Un large sourire fendit mes lèvres. Nous rejoignîmes l’animal avec empressement.
— Tu arrives trop tard, Roxy. Ton frère a encore réussi à m’avoir. Cette fois-ci, il a changé d’appât, il a choisi une boucle d’oreille, enfin, je crois. Il devient de plus en plus original ! 
Je me retournai brièvement vers Simon, le regard plein d’ironie. Sa réaction ne se fit pas attendre. Il me frappa assez fort pour manquer de me faire tomber. Je grimaçai en frottant mon épaule quelque peu douloureuse.
Le léopard reprit son apparence humaine. Son pelage, aussi foncé que les ténèbres, disparut progressivement au-dessous de sa peau. Ses grosses pattes charnues s’allongèrent et s’affinèrent, tout comme son ventre rond. Ses petites oreilles félines rentrèrent à l’intérieur de son crâne et celles humaines ressortirent de chaque côté de son visage qui s’éclaircissait. Enfin, sa tête imposante de carnivore laissa place aux traits délicats d’une jeune femme aux cheveux longs, châtain clair, et à un regard aussi sombre que ses yeux, reflétant à merveille son caractère de tigresse.
— Tu connais mon frère, j’ai bien peur que ce ne soit pas la dernière fois qu’il te fasse le coup, Isy ! Mais tu as raison, il devient ingénieux.
Le Fuméen prit ça à la légère, comme beaucoup de choses. Ce n’était pas la première fois que l’une ou l’autre, on le charriait. Il avait l’habitude et sa réponse ne tarda pas.
— Vous êtes tellement faciles à piéger, les filles. Ça en devient sans intérêt.
Roxanne rit à gorge déployée et jeta un œil amusé à son grand frère, avant de me faire une accolade pour me saluer. Je la serrai à mon tour dans mes bras. J’étais heureuse de la voir. Nous avions eu une semaine chargée toutes les deux, ce qui nous avait empêchées de passer du temps ensemble, comme nous en avions l’habitude.
Roxy et moi avions le même âge, même si nous n’étions pas nées la même année. À l’époque, nous pouvions encore nous qualifier de « meilleures amies du monde », bien que les choses eussent déjà commencé à se dégrader entre nous. Notre complicité se ternissait de jour en jour, sans aucune réelle explication. Cependant, nous restions proches.
— Alors, comment ça s’est passé là-haut ? me demanda mon amie pour changer de conversation.
— Je n’ai pas vu grand-chose, si ce n’est la famille Fossé. Ils sortaient tous de la mer. Et vous ?
Roxanne fronça les sourcils en silence.
— Étrange ça. Ce n’est pas leur genre de faire un tour dans l’eau aussi tôt le dimanche matin, ajouta Simon une main portée à son menton, RAS de notre côté.
Je haussai les épaules. Était-ce une information importante ? J’en doutais. Mais la famille au grand complet, sans parler du fait qu’ils revenaient d’une promenade au large avec des plantes aquatiques, ça n’avait rien d’habituel. En effet, les enfants Fossé étaient presque tous adultes et majeurs. Il devenait rare pour eux de se retrouver pour nager ensemble.
L’héritier des Fuméens interrompit ma réflexion.
— Mesdemoiselles, je ne voudrais pas vous affoler, mais le soleil commence à être haut dans le ciel. On devrait quitter les lieux avant que quelqu’un ne nous voie ici.
J’acquiesçai silencieusement. Nous n’étions pas en territoire conquis. Les clans ennemis ne tarderaient pas à se réveiller et la forêt serait bientôt investie par leurs alliés. Nous devions nous en aller.
— Tu as raison. Et puis, je pense que mon père, comme le vôtre, attend avec impatience les résultats de notre tour de surveillance.
Roxanne hocha également la tête en signe d’approbation. Nous partîmes donc tous les trois, avant de prendre chacun une direction différente, pour ne pas attirer l’attention.
Sur le trajet retour, alors que la brume disparaissait, tout comme les nuages d’orage, j’eus l’impression que l’on m’observait. Je me retournai plusieurs fois, le cœur battant à tout rompre. Personne. La forêt était silencieuse. Seul le vent brisait la tranquillité des lieux. Pourtant, je sentais la présence de quelqu’un ou de quelque chose près de moi, j’en étais persuadée.
Je rejoignis l’endroit où j’avais laissé ma voiture, à une dizaine de mètres du bord de la falaise. Toujours seule en apparence, j’entrai dans mon véhicule et mis le contact. Avant de prendre la route en direction de la ville, je jetai un coup d’œil inquiet dans les rétroviseurs. Je secouai la tête. Quelle idiote ! J’étais bel et bien seule.
100
Résumé :

Lorsque les eaux noires recrachent le corps de la fille de Joséfa, personne ne peut imaginer la descente aux enfers qui attend les habitants de la Baie des Naufragés.
L'assassin restant introuvable, à l'abri des petits secrets et des grands vices, une mécanique de malheur va alors tout balayer sur son passage…
Les révélations d'un corbeau, la détresse d'une mère et le cynisme d'un flic alimenteront l'engrenage de la rumeur, de la suspicion et de la haine.
Joséfa réussira-t-elle à survivre à la vérité ?

Mon avis :

Tout d’abord, je tiens à remercier Joël des éditions Taurnada pour sa confiance et pour m’avoir fait découvrir en avant-première ce nouveau roman.
J’avais déjà lu et fort apprécié le précédent roman "La peine du bourreau" de Estelle Tharreau, avec son huis-clos oppressant, son ambiance si particulière ; pour les plus curieux, ma chronique : ici

Dans ce roman dramatique aux allures de thriller, tout débute avec l’horrible découverte du corps de Suzie, jeune ado de 17 ans, soudainement recrachée en dessous aguichants par « Les eaux noires » de la Baie des Naufragés.
Sa mère Joséfa, déjà éprouvée par une vie précaire avec son emploi de nuit en tant que serveuse dans une station service, va voir son existence à jamais dévastée  par l’effroyable perte de sa seule raison de vivre.
Sans y être préparé, le ton est donné. Cette histoire sombre et macabre nous percute et nous glace le sang. Les questions se bousculent, taraudent notre esprit en ébullition
Que s'est t'il passé ce fameux soir de novembre, alors que la jeune Suzie était une fois de plus livrée à elle-même ?
Comment dans cette bourgade si tranquille et bienveillante, quelqu’un a-t-il pu faire une chose aussi sordide ?
Et surtout, qui, s’en est pris à cette jeune fille innocente et d’apparence sans histoires ?
À peine les premières pages avalées, nous voici plongés, happés, enferrés au cœur d’un presque huis clos, tétanisant, oppressant, insoutenable.
Tel un bigbang émotionnel, cette mort atroce va déclencher au sein de cette ville côtière devenue malsaine le poison des règlement de comptes. Sous couvert de trouver le coupable, soupçons, mensonges et délations vont se  propager, gangrenant peu à peu les relations.
pourquoi ? À quelles fins précises ?
Par peur de représailles ? Par égoïsme ou lâcheté ? À moins que ce ne soit intentionnel afin de cacher et préserver d’inavouables secrets ?
Dans ce climat de façade, où règnent les faux-semblants, l’enquête s’avère compliquée. Les rumeurs les plus folles vont être lancées, et certaines personnes n’hésiteront pas à jeter le discrédit sur tout un chacun, s’acharner sans vergogne, détruire des réputations.
Commence alors pour Jo une descente aux enfers qu’aucune mère ne devrait devoir vivre. Elle va se retrouver au centre des regards et devenir la bête noire d'Yprat.
Le récit raconté va nous plonger au cœur de son cheminement de pensées, dans sa soif de comprendre, dans son obsession de trouver le coupable.
Mais devant l’absence flagrante de pistes, l’enquête piétine et manque de s’embourber. Les quelques habitants de la Baie des Naufragés sont peu loquaces et peinent à coopérer, même s’il semble certain qu’ils soient les derniers à avoir vu la jeune Suzy vivante.
C’est alors que l’arrivée de Thomas Casano, un flic cynique et désabusé, va tout reprendre à sa manière… pour le meilleur ou pour le pire ?
L’entrée en scène inattendue d’un corbeau malfaisant va également rajouter une tension supplémentaire. Avec ces révélations dévastatrices, des secrets vont être déballés sur la place publique et les masques vont tomber. Au risque d'accuser des innocents, et de laisser filer le véritable coupable, les habitants ne vont avoir de cesse de se monter  les uns contre les autres, exacerbant un peu plus les tensions d’une population déjà écartelée.
Alors, qui détient la vérité ?
C’est ce que souhaite de toutes ces forces Jo : découvrir à tout prix qui, et pourquoi lui a-t-on enlevé son enfant, la chair de sa chair ?
Cette mère brisée, cette veuve qui a tout donné pour élever seule sa fille depuis la mort de son mari, va alors partir en quête de réponses. Sauf qu’aucun de ces gens, pourtant côtoyés depuis longtemps, ne vont bouger le petit doigt pour l’aider. Personne ne lui tendra la main, bien au contraire. Certains n’hésiteront pas à la traiter de mère irresponsable, et de salir l’image de sa fille en la gratifiant de prostituée.
Comment ne pas s’écrouler devant ces propos ignobles ?
Comment ne pas se sentir coupable ? Comment ne pas se détester pour n’avoir rien vu, rien compris ?
Comment se reconstruire et se battre quand toute la communauté se dresse tel un serpent haineux et plein de fiel ?
Entre désir de justice, rage de tout donner pour comprendre, Jo ne s’économisera pas pour atteindre son but, au risque de tutoyer les frontières de la folie.
Jusqu'où ira-t-elle pour venger et retrouver l'assassin de sa fille ?
À vous de le découvrir, en vous plongeant dans cet ouvrage à l’atmosphère étouffante et délétère qu’il est impossible de lâcher.
Grâce à de subtils petits cailloux posés ça et là, une écriture aussi percutante et ciselée que dans ses précédents romans, l’auteure réussit à tisser une  intrigue savamment orchestrée, d'où l’on ressort essorés et à bout de souffle. Tel le flux et le reflux, un panel d’émotions nous étreint et nous submerge, autant par la compassion ressentie pour cette mère déchirée, que pour d’autres qu’on ne peut que détester.
Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé ce thriller, autant par la minutie apportée aux personnages, que par la  qualité de l’intrigue et la manière dont elle a été menée.
Alors, si vous aimez les romans atypiques, ceux qui vous secouent, vous émeuvent tout en vous faisant réfléchir sur la condition humaine…. foncez, ce livre est fait pour vous ; vous ne serez pas déçus :pouceenhaut:

Ma note :

:etoile: :etoile: :etoile: :etoile:  :demietoile:



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